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Quand l'art réinvente l'Histoire

Bien évidemment, nous n'allons pas exiger des artistes qu'ils mettent au placard leur imagination.

Les peintures de batailles sont-elles strictement fidèles à l'Histoire ? Non. Elles sont peintes bien après les faits (voire quelques siècles), elles sont une représentation idéalisée créée à la demande du vainqueur - ou d'un admirateur.

Les statues de Sainte Jeanne d'Arc sont-elles réalistes ? Non, car aucune représentation d'elle ne nous est parvenue.

La liste pourrait être plus longue que tous les catalogues de musées du monde et là n'est pas le propos.

Un phénomène curieux peut être engendré par les artistes : en imaginant une scène bien particulière d'une façon qui n'a pas grand chose à voir avec l'Histoire, il arrive que les créations de certains artistes pénètrent plus profondément l'imaginaire humain que les faits.

Des exemples ? Mais bien sûr.

Prenons Le Serment des Horaces de Jacques-Louis David (Paris, 30 août 1748 – Bruxelles, 29 décembre 1825) :


 

L'affrontement des Horaces et des Curiaces est effectivement rapporté par Tite-Live, mais cette scène sort tout droit de l'imagination de David. Cette représentation marqua tant les esprits que le geste des fils devint par la suite la représentation standard d'un salut « romain ». Pourtant, dans les écrits des auteurs latin, il n'est nullement fait mention d'un tel geste. On pourrait même se demander si certaines statues, plus ou moins anciennes, n'auraient pas inspiré David.

Un autre exemple d’œuvre d'art modifiant l'Histoire grâce à un succès culturel se trouve chez Jean-Léon Gérôme (Vesoul, 11 mai 1824 – Paris, 10 janvier 1904) avec sa toile Pollice verso (1872) :

 


Cette œuvre est à l’origine de l’idée que les Romains tournaient le pouce vers le bas afin de condamner un gladiateur à mort. Le pouce visible (pollex infestus) signifiait la mort, mais caché dans le poing fermé (pollex compressus) signifiait que le gladiateur devait être épargné. La très efficace image créée par Gérôme fut reprise par les premiers réalisateurs de péplum. L'image fut très forte dans l'imaginaire populaire ; personne ne chercha à savoir si c'était bien la pratique des Romains et le public a fait le reste.

L'influence de l'art sur la perception de l'Histoire est absolument fascinante.