Affichage des articles dont le libellé est Université-de-Leyde. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Université-de-Leyde. Afficher tous les articles

Codices Vossiani Latini... en direct de chez vous

            L’Université de Leyde vient d’annoncer que plus de trois cents manuscrits latins de la Bibliotheca Vossiana, les Codices Vossiani Latini, sont désormais librement accessibles en ligne.

Il suffit de se rendre sur le site de leurs collections en ligne et de commencer à découvrir et explorer ces merveilles depuis nos bureaux (ou fauteuils au coin du feu). Seul détail qui pourrait vous ralentir : leurs pages sont en néerlandais ou en anglais, mais certains navigateurs proposent déjà une option de traduction automatique (certes imparfaite pour l’instant, mais cela constitue une alternative).

Si vous tâtonnez avec ce genre de catalogue, l’université a mis en ligne un tutoriel :

 

             Nous pouvons consulter ces œuvres grâce à Isaac Vossius. Cet humaniste né à Leyde en 1618 connaissait le grec – détail intéressant, mais pas significatif pour l’époque ; en revanche, il connaissait l’arabe, ce qui est plutôt rare.

Il avait la réputation d’être quelque peu excentrique et on se souvient de lui comme d’un extraordinaire collectionneur de livres. 

De 1641 à 1644, il explora l’Europe, visitant notamment l’Angleterre, la France et l’Italie et se constituant une magnifique bibliothèque privée. En 1644, il se rendit à Amsterdam où il devint le bibliothécaire de la ville ; quatre ans plus tard, il partait pour le Suède afin d’y devenir le bibliothécaire de la cour de la reine Kristina (1626-1689).

À la cour de Suède, Vossius continua à agrandir sa collection par des achats inspirés, grâce à des prises de guerre auxquelles il eut accès et grâce à la bibliothèque de son propre père, Gerardus Vossius (1577-1649) qu’il emporta lui-même en Suède en 1650.

Cependant, Kristina était une curieuse souveraine. Très érudite, elle était dépensière, ce qui faisait gronder ses sujets, et elle refusait de se marier ; la goutte d’eau qui fit déborder le vase de la patience des Suédois fut sa conversion au catholicisme. Elle abdiqua le 16 juin[1] 1654 en faveur de son cousin Karl X Gustav (1622-1660), partit pour Rome où, à l’exception de quelques voyages en France elle passa le reste de sa vie dans l’entourage des papes qui se succédèrent, résidant dans divers palais de la ville, et, alors qu’elle souhaitait être enterrée au Panthéon de Rome, le pape ordonna que la reine embaumée repose dans la crypte papale du Vatican.

Après l’abdication de Kristina, Vossius décida de quitter sa suite. Dans la panique qui résulta du départ de l’ancienne souveraine, les ouvrages imprimés et manuscrits appartenant à Vossius se trouvèrent mélangés à ceux de Kristina ; avant qu’ils ne se séparent, elle l’autorisa à choisir un certain nombre de volumes afin de le dédommager. Une partie de ces livres est ce qui constitue aujourd’hui la Bibliotheca Vossiana.

Vossius se rendit en Angleterre, passa un diplôme de droit à Oxford et, de 1673 à 1688, fut chanoine de Windsor sur nomination de Charles II (1630-1685) ; il quitta sa charge peu avant sa mort.

Pour 33 000 guilders, ses héritiers vendirent sa bibliothèque (sept cent vingt-neuf codex et près de quatre mille livres imprimés) à l’Université de Leyde où les Codices Vossiani sont archivés sous cinq catégories : ouvrages latins, grecs, gréco-latins, germano-romans et scientifiques (médecine, pharmacie, alchimie).

Les Codices Vossiani Latini sont si précieux et rares qu’ils contribuèrent à la réputation de l’Université de Leyde à l’international et ils peuvent aujourd’hui être consultés et appréciés en seulement quelques clics.



[1] : Le 6 juin selon le calendrier julien.