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"Happy July 2nd!" ou pourquoi il faut parfois se méfier des dates historiques

Si vous êtes lecteurs de passage, voici ce qui est arrivé : au début de l’année, l’algorithme de YouTube m’a recommandé une vidéo de Max Miller, sans doute parce que j’avais déjà croisé son travail l’année dernière et que j’ai une tendance à regarder des vidéos de cuisine et des vidéos sur l’Histoire.

Max Miller apprécie les sections historiques de The Great British Bake Off[1] (le concept a été vendu dans le monde entier ; en France, vous connaissez cette émission sous le titre Le meilleur pâtissier)  - quand l’émission était encore sur la BBC et que Mel et Sue la présentaient.

Du coup, M. Miller a commencé à s’intéresser aux recettes de cuisine historiques et à l’Histoire de la cuisine. Il avait à peine lancé sa chaine sur YouTube quand les événements de 2020 nous ont tous assignés à résidence à l’échelle mondiale. Aujourd’hui, sa chaine est un succès planétaire, il a publié un livre de recettes et il en prépare un second.

Son succès s’explique par la qualité de son travail et sa passion pour l’Histoire qu’il communique à chaque vidéo.

Le présent article est rédigé dans le seul but de vous faire connaître son travail et si vous aimez la cuisine et l’Histoire, vous allez adorer chacune de ses vidéos. Chaque semaine (il poste une nouvelle vidéo chaque mardi), il nous présente une recette dans son contexte historique.

Afin de vous le présenter, nous aurions pu choisir « Debunking the Myths of Leonardo da Vinci – Armored Turnips [Brisons les mythes sur Léonard de Vinci - Navets blindés » où il démontre qu’il faut toujours remonter à la source d’une information, sinon le risque est de répéter une erreur ou un mensonge – bref, qu’il faut toujours faire ses devoirs/recherches].

La tentation de vous le présenter avec une vidéo qui nous explique que John Adams (Quincy [Massachusetts] 30 octobre 1735 – 4 juillet 1826) détestait le 4 juillet, non pas parce qu’il était contre une fête nationale pour les colonies britanniques aux Amériques fraîchement indépendantes, mais parce qu’il considérait que cette fête aurait dû avoir lieu le 2 juillet. Allez voir « A Dish for the First 4th of July… and Why It Should Be on the 2nd [Un Plat pour le premier 4 juillet… et pourquoi ce devrait être pour le 2 juillet]

  

et faites quelques découvertes. Même si votre anglais est un peu rouillé, les sous-titres de José Mendoza, qui est le mari de M. Miller, sont absolument impeccables et vous pouvez les faire traduire par votre navigateur, donc, pas d’excuses.

Le jour de la fête nationale américaine restera le 4 juillet, mais nous postons cet article le 2 juillet – pour John Adams.

Bonne(s) vidéo(s) !

Et bonne soupe de tortue !



[1] : La majuscule est de trop si l’on suit les règles de la Modern Language Association, mais je ne vais pas me lancer dans une leçon de grammaire.

Quand l'art réinvente l'Histoire

Bien évidemment, nous n'allons pas exiger des artistes qu'ils mettent au placard leur imagination.

Les peintures de batailles sont-elles strictement fidèles à l'Histoire ? Non. Elles sont peintes bien après les faits (voire quelques siècles), elles sont une représentation idéalisée créée à la demande du vainqueur - ou d'un admirateur.

Les statues de Sainte Jeanne d'Arc sont-elles réalistes ? Non, car aucune représentation d'elle ne nous est parvenue.

La liste pourrait être plus longue que tous les catalogues de musées du monde et là n'est pas le propos.

Un phénomène curieux peut être engendré par les artistes : en imaginant une scène bien particulière d'une façon qui n'a pas grand chose à voir avec l'Histoire, il arrive que les créations de certains artistes pénètrent plus profondément l'imaginaire humain que les faits.

Des exemples ? Mais bien sûr.

Prenons Le Serment des Horaces de Jacques-Louis David (Paris, 30 août 1748 – Bruxelles, 29 décembre 1825) :


 

L'affrontement des Horaces et des Curiaces est effectivement rapporté par Tite-Live, mais cette scène sort tout droit de l'imagination de David. Cette représentation marqua tant les esprits que le geste des fils devint par la suite la représentation standard d'un salut « romain ». Pourtant, dans les écrits des auteurs latin, il n'est nullement fait mention d'un tel geste. On pourrait même se demander si certaines statues, plus ou moins anciennes, n'auraient pas inspiré David.

Un autre exemple d’œuvre d'art modifiant l'Histoire grâce à un succès culturel se trouve chez Jean-Léon Gérôme (Vesoul, 11 mai 1824 – Paris, 10 janvier 1904) avec sa toile Pollice verso (1872) :

 


Cette œuvre est à l’origine de l’idée que les Romains tournaient le pouce vers le bas afin de condamner un gladiateur à mort. Le pouce visible (pollex infestus) signifiait la mort, mais caché dans le poing fermé (pollex compressus) signifiait que le gladiateur devait être épargné. La très efficace image créée par Gérôme fut reprise par les premiers réalisateurs de péplum. L'image fut très forte dans l'imaginaire populaire ; personne ne chercha à savoir si c'était bien la pratique des Romains et le public a fait le reste.

L'influence de l'art sur la perception de l'Histoire est absolument fascinante.