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Le génie de Jules Eugène Lenepveu

Jules Eugène Lenepveu Boussaroque de Lafont, dit Jules Eugène Lenepveu (Angers, 12 décembre 1819 – Paris, 16 octobre 1898) était un artiste rare.

Ce peintre commença sa formation dans sa ville natale avant de rejoindre l’atelier de Picot à Paris. Il commença à participer au Salon en 1843, mais ce ne fut qu’en 1847 qu’il obtint le premier prix de Rome. Sa carrière fut très intéressante et il fut notamment directeur de l’Académie de France à Rome de 1873 à 1878.

 

Malgré toutes ses activités, pourquoi vous dire qu’il était rare nous demanderez-vous ? Tout simplement pour son travail sur le plafond de la grande salle de l’Opéra de Paris (il acheva sa fresque en 1872 ; l’inauguration eut lieu en 1875).

Il intitula cette œuvre Les Muses et les Heures du jour et de la nuit et sur trois plaques de cuivre en éventail qui furent boulonnées au plafond, il représenta les Muses, des dieux et des déesses, la musique, le chant et tout un ensemble d’allégories en relation avec l’Opéra.

Jusqu’ici, rien qu’une œuvre normale afin de décorer un plafond d’opéra.

Ce qui rend Lenepveu extraordinaire est qu’il se fit chimiste afin d’assurer la conservation de son chef-d’œuvre : il prit en considération les problèmes d’interaction entre les plaques de cuivre visées au plafond sur lesquelles il travaillait et les lampes à gaz alors utilisées pour éclairer la salle et il évita sciemment le plomb dans ses pigments afin de prévenir toute dégradation de son œuvre. La plupart des artistes n’auraient même pas pris la peine de faire ce travail d’anticipation à la conservation (peu le font aujourd’hui, encore moins ce souciaient de ce genre de détails au XIXe siècle).

Si vous voulez admirer le plafond de Lenepveu, il vous faudra aller au Musée d’Orsay où se trouve l’esquisse de cette œuvre :

 


Quid du plafond de l’Opéra Garnier vous demandez-vous ? Cette peinture n’a-t-elle quand même pas survécu aux outrages du temps malgré les précautions de Lenepveu ? Oh, la peinture est toujours là. En parfait état. Aussi belle qu’en 1872.

En revanche, M. Malraux (1901-1976) est passé par là et en 1964, il fit tendre sur les plaques de Lenepveu une toile réalisée par son ami Marc Chagall (1887-1985). Le problème est que le travail de Chagall détone complètement au cœur de ce temple du Second Empire.

Un jour, peut-être, une ou un Ministre de la Culture osera envoyer le Chagall dans le musée qui lui est consacré et rendre à Lenepveu la place que Garnier lui avait donné. Une historienne a bien le droit de rêver.