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Louis François Bettenfeld (1855-1930)

            En écrivant, ici ou dans le cadre de nos recherches, nous essayons toujours de vous donner, chers lecteurs, un maximum d’informations sur les personnes que nous mentionnons. Il nous arrive parfois de ne pas trouver d’information (nous cherchons toujours où et quand Rose Maireau est morte, par exemple), mais il arrive aussi que nous plongions en généalogie afin d’élucider quelques mystères.

En cherchant des informations complémentaires sur la villa Kérylos (cet article ne saurait tarder), nous avons trouvé plusieurs mentions de l’ébéniste qui fut chargé de fabriquer le mobilier de la villa : « Louis-François Bettenfeld ».

Grace à l’excellent article de Françoise Reynier, « Archéologie, architecture et ébénisterie : les meubles de la villa Kérylos à Beaulieu-sur-Mer », dans In Situ (que vous pouvez lire ici), nous pouvons lire les informations suivantes : « Cet artisan peu connu est certainement Louis-François Bettenfeld, fils de l’ébéniste François Bettenfeld et d’Agnès Keller, né le 5 juin 1855 à Paris. Selon le Bottin de commerce, il était installé dans le Faubourg Saint-Antoine depuis 1891 et, en 1905, avait trois adresses voisines dans le même quartier. En 1920, il travaillait encore, avec ses fils. La mention ébéniste disparaît avant 1925, date à laquelle la recherche s’est limitée. » (Note de fin de chapitre n°3).

 

            La consultation en ligne aux Archives de Paris des tables décennales sur les XIe , XIIe (nous avions fait le pari qu’il était resté dans son quartier et le faubourg Saint-Antoine couvre une partie de ces deux quartiers) et du XIIIe (quand un adulte de ce faubourg meurt à l’hôpital, c’est plus souvent dans le XIIIe que dans le XXe – expérience familiale) nous a fait découvrir que Louis Bettenfeld nous a quitté (page 8 en bas, à droite) le 30 avril 1930, dans le XIe, chez lui, au 108, avenue Ledru-Rollin. L’employé des pompes funèbres de la maison Roblot du 9, place Voltaire (« Léon Blum », aujourd’hui, mais tout le monde appelle cette place « Voltaire », même ceux qui ne sont pas du quartier – c’est profondément injuste pour M. Blum, mais c’est l’habitude depuis… toujours) déclara, non pas qu’il était ébéniste, mais industriel. Nous apprenons aussi que son épouse, Marie Léontine Chenu, qui était pourtant plus jeune que lui, était déjà morte.

 

            Avant de nous tourner vers Marie Chenu, voyons ce que les actes reconstitués peuvent nous apprendre au sujet de Louis François (sans tiret ; il avait tout simplement deux prénoms – prénoms qu’il a peut-être utilisés tous les deux sur certains registres) Bettenfeld.

Les heureux parents de Louis – le premier d’une fratrie de sept garçons – étaient l’ébéniste François Bettenfeld (1826-1908) et la casquettière Anièce (corrigé par quelques officiers d’état civil en « Agnès » et d’ailleurs, elle se faisait appeler « Louise ») Keller (1828-1894), originaires de Lorraine.

Les archives antérieures à 1860 ayant été victimes des incendies de la Commune, Louis dut reconstituer son acte de naissance, non pas afin de constituer son dossier afin de pouvoir se marier en 1881, mais le 1er août 1872 tout simplement pour la reconstitution officielle des actes d’état civil selon la loi du 12 février 1872. En 1872, Louis habitait au 49, rue de Charonne.

Il était né au 54, rue Traversière, le 5 juin 1855. Selon le nouveau découpage de Paris, il était né dans le XIIe, mais cela correspondait à l’ancien VIIIe. Il fut baptisé à Sainte-Marguerite, rue Saint-Bernard, le 12 août.

 

            Le mariage de Louis et Marie est très intéressant : les bans furent publiés les dimanche 2 et 9 janvier 1881 et il n’y eut aucune opposition, mais il y a deux feuillets qui mentionnent leur mariage. À la page 13, la cérémonie qui aurait dû se dérouler le mercredi 19 est rayée, mais à la page 18 en date du jeudi 20, le mariage eut bien lieu en présence des quatre parents (d’autant plus que Marie était mineure).

Louis avait vingt-six ans, son père cinquante-cinq et ils étaient tous deux ébénistes, « Louise » Agnès avait cinquante ans et était « sans profession » (quand les officiers d’état civil ont commencé à écrire « ménagère », c’était toujours injuste et en dessous de la vérité, mais c’était un peu moins frustrant que de donner l’impression qu’une mère de sept enfants, femme d’artisan ne faisait rien dans la vie). Les Bettenfeld habitaient tous ensemble au 4, impasse Mortagne (entre le 39 et le 41 de la rue de Charonne).

Marie était née dans le XIe, le 29 septembre 1860 ; sa mère, Julie Célestine Viarmé (1825-1917), avait cinquante-cinq ans et son père, Nicolas Chenu (1817-1889), ébéniste lui aussi, avait soixante-trois ans. Les Chenu habitaient au 22, passage de la Bonne graine.

Le 10 janvier, Me Cherrier, notaire à Paris, avait enregistré le contrat de mariage des futurs époux.

Louis Viarmé, oncle de Marie qui avait déclaré sa naissance, était le premier témoin.

 

            Louis et Marie eurent deux fils : Marcel Nicolas et Robert Eugène.

Marcel vit le jour dans le XIe le 1er octobre 1882. Il fut sculpteur sur bois, puis architecte décorateur.

Selon son dossier militaire, il était blond aux yeux noir, avait un visage ovale et un menton rond et il mesurait 1,62 m. S’il fit son service militaire dans les Services auxiliaires, il se retrouva dans l’Infanterie en 1914 et se retrouva même à Verdun. Il fut nommé caporal le 21 mars 1916, sergent 23 septembre 16, et adjudant le 30 janvier 17. Il fut officier de réserve après guerre (lieutenant en 29), affecté à Dakar (Afrique-Occidentale française) en 25.

Dès 1901, il se rendit en Amérique du Sud ; il fut au Brésil en 14 et 25 selon l’armée, qui ignorait que le 8 décembre 1917, il épousa, en tant qu’ingénieur industriel, Carmen Silveira Saraiva au Brésil, où il émigra définitivement en 1941. Le couple eut une fille. Marcel mourut à Sao Paulo le 4 mars 1961.

Robert vit le jour à Fontenay-sous-Bois, le 26 août 1885.

Il était étudiant en 1906, lorsqu’il fit son service militaire dans l’infanterie au 31e régiment et il fut rappelé sous les drapeaux au début de la Grande Guerre dès le 1er août 1914 ; l’armée n’est pas certaine du jour où il est réellement mort (pendant la « campagne contre l’Allemagne » entre le 4 août et le 12 septembre), aussi fut-il décidé qu’il était « mort pour la France » le 6 septembre 1914. Il reçut une médaille militaire à titre posthume le 14 octobre 1920 selon l’annonce au Journal officiel. Son dossier militaire nous apprend qu’il était châtain aux yeux marron, avait un visage ovale et un menton rond et qu’il mesurait 1,49 m.

Marie était déjà morte (page 5, acte 2979) au début de la guerre : le 16 septembre 1913 au 108, avenue Ledru-Rollin. Le service eut lieu à Sainte-Marguerite, paroisse de la famille, et elle fut enterrée au cimetière de Vincennes.