Victor Hugo, Paquette et sa fille

            Format légèrement différent cette semaine : nous allons partager avec vous quelques citations de Notre-Dame de Paris. 1482 de Victor Hugo (1802-1885) qui parut en 1831 (la sortie initiale aurait dû avoir lieu en 1830, mais quelques événements en France (et quelques documents momentanément égarés) ralentirent Hugo dans son écriture – qui avait déjà pris du retard).

 

Victor Hugo en 1829

 

            Alors…

 

« Si l’on résume ce que nous avons indiqué jusqu’ici très sommairement en négligeant mille preuves et aussi mille objections de détail, on est amené à ceci: que l’architecture a été jusqu’au quinzième siècle le registre principal de l’humanité; que dans cet intervalle il n’est pas apparu dans le monde une pensée un peu compliquée qui ne se soit faite édifice; que toute idée populaire comme toute loi religieuse a eu ses monuments; que le genre humain enfin n’a rien pensé d’important qu’il ne l’ait écrit en pierre. Et pourquoi? C’est que toute pensée, soit religieuse, soit philosophique, est intéressée à se perpétuer, c’est que l’idée qui a remué une génération veut en remuer d’autres, et laisser trace. Or quelle immortalité précaire que celle du manuscrit! Qu’un édifice est un livre bien autrement solide, durable et résistant! Pour détruire la parole écrite, il suffit d’une torche et d’un turc. Pour démolir la parole construite, il faut une révolution sociale, une révolution terrestre. Les barbares ont passé sur le Colisée, le déluge peut-être sur les Pyramides. »

Livre V, chapitre II

 

{Donc, pour un autodafé, prenez l’idiot de service qui obéira aux ordres sans réfléchir et pour vous en prendre à l’âme même de l’Humanité, détruisez la pierre – Applicable à toutes les époques… encore aujourd’hui.}

 

« Le lecteur n’est pas sans avoir feuilleté l’œuvre admirable de Rembrandt, ce Shakespeare de la peinture. »

Livre VII, chapitre IV

 

{Donc Hugo ne doutait pas un seul instant du génie de Shakespeare (nous avons un article sur le sujet). D’ailleurs, pour faire référence à notre article, les tragiques élucubrations de Delia Salter Bacon (1811-1859) ne furent publiées qu’en 1857. Bref, le prochain négationniste shakespearien que nous croiserons aura le plaisir de prendre en pleine face notre exemplaire du roman d’Hugo (ceci est une annonce amicale)}

 

« La malheureuse s’était jetée sur ce soulier, sa consolation et son désespoir depuis tant d’années, et ses entrailles se déchiraient en sanglots comme le premier jour. Car pour une mère qui a perdu son enfant c’est toujours le premier jour. Cette douleur-là ne vieillit pas. Les habits de deuil ont beau s’user et blanchir, le cœur reste noir. »

Livre VIII, chapitre V

 

{Il est extraordinaire de lire la compassion d’Hugo. Il avait vingt-neuf ans quand son roman fut publié, mais il comprenait parfaitement la douleur et la perpétuité de certains deuils.}

 

« — Maître Olivier, les princes qui règnent aux grandes seigneuries, comme rois et empereurs, ne doivent pas laisser engendrer la somptuosité en leurs maisons; car de là ce feu court par la province. »

Livre X, chapitre V

 

{Intéressant concept – aujourd’hui ignoré par les rois, les empereurs et tout un panthéon d’arrivistes.}

 

« Peu à peu les premières fumées de la peur s’étaient pourtant dissipées; au bruit sans cesse grandissant, et à plusieurs autres signes de réalité, elle s’était sentie investie, non de spectres, mais d’êtres humains. Alors sa frayeur, sans s’accroître, s’était transformée. Elle avait songé à la possibilité d’une mutinerie populaire pour l’arracher de son asile. L’idée de reperdre encore une fois la vie, l’espérance, Phœbus, qu’elle entrevoyait toujours dans son avenir, le profond néant de sa faiblesse, toute fuite fermée, aucun appui, son abandon, son isolement, ces pensées et mille autres l’avaient accablée. Elle était tombée à genoux, la tête sur son lit, les mains jointes sur sa tête, pleine d’anxiété et de frémissement, et, quoique égyptienne, idolâtre et païenne, elle s’était mise à demander avec sanglots grâce au bon Dieu chrétien et à prier Notre-Dame, son hôtesse. Car, ne crût-on à rien, il y a des moments dans la vie où l’on est toujours de la religion du temple qu’on a sous la main. »

Livre XI, chapitre I

 

{En cas de danger, on peut être tenté d’essayer bien des choses.}

 

            Ce qui est aussi fascinant avec cette histoire que nous a raconté Hugo, c’est la façon dont les artistes s’en sont emparés. Bien avant que nous ne nous plaignions des adaptations cinématographiques qui sont infidèles au roman dont elles sont tirées, il y avait parfois les peintres et les graveurs qui s’accordaient quelques libertés avec la trame – mais pas toujours… ou pas complètement.

Dans La Esmeralda défendue par la Sachette, qui date des environs de la publication du roman, nous avons une aquarelle de Louis Boulanger (1806-1867) qui nous livre une des scènes finales de l’histoire. La femme représentée pourrait tout à fait être la mère de la jeune fille qui se cache derrière elle, mais pour une femme recluse dans un caveau de pierre sans âtre et au pain et à l’eau (principalement) depuis quinze ans, elle a l’air de bien se porter (et Hugo nous raconte que ses cheveux sont gris).


 

En 1891, Henri Coëylas (1845-1923) nous livre une toile magnifique : La Sachette suppliant qu'on épargne la vie de la Esmeralda. La mère a bien l’air d’avoir passé quinze ans dans une prison volontaire et son expression est remarquable. La Esmeralda est touchante à souhait, blottie dans les bras de sa mère. C’est la tenue de la jeune fille qui est troublante ; certes, une robe d’Égyptienne est plus colorée et exotique que la tenue blanche de novice qui avait été apportée à la Esmeralda après son sauvetage, mais la robe blanche aurait insisté sur l’innocence de cette tragique jeune femme. Notre peintre a dû préférer un choix de couleurs plus vives et une palette plus intéressante pour lui.


 

En revanche, la lithographie de 1834 de Nicolas-Eustache Maurin (1799-1850) nous montre une scène plutôt fidèle au livre : la Esmeralda porte une robe blanche, la Sachette a les cheveux gris, mais si vous regardez les tours de Notre-Dame, vous verrez la chute de Frollo, or cela n’arrive qu’au moment où le bourreau est en train de pendre la malheureuse. L’artiste n’a pas dû pouvoir s’empêcher d’ajouter ce détail à son œuvre.


 

            L’inspiration (et ses méandres) des artistes suivants qui ont été touchés par cette histoire est remarquable. Comme chaque lecteur qui visualise l’histoire qu’il lit et qui en a une vision unique, chaque artiste porte en lui la graine d’idée plantée dans son imaginaire par un de ses collègues. Le processus de métamorphose est extraordinaire à observer et/ou à savourer.

Les arts sont des graines de soleil qui voyagent, changent et nous apportent, rêves, humanité, larmes et sourires.

Des nouvelles de Clio (bulletin #1)

            Il n’est pas certain que nous puissions publier un bulletin de nouvelles chaque semaine (d’autant plus qu’il n’est pas certain que les nouvelles historiques soient au rendez-vous), mais vous serez peut-être intéressés par certains des articles que nous lisons (ou certains documentaires que nous regardons).

Il y aura des informations en plusieurs langues.

 

Pour cette semaine :

 

* Il est désormais possible de visiter le musée de Cluny virtuellement.

 

* La réouverture des jardins du musée de Cluny a eu lieu le 10 juillet.

 

* Si vous souhaitez voir une toile des jardins du musée de Cluny en 1882, visitez cette page.

 

* La couronne de Constantin IX, Zoë et Théodora a été retrouvée dans un champ (article en anglais).

 

* Au sud de Santorin, à Akrotiri, une fresque représentant des singes a déclenché de vifs échanges entre plusieurs équipes de primatologues, archéologues et chercheurs : jusqu’à présent, le consensus était que la fresque représente des singes d’Afrique, mais une nouvelle équipe émet l’hypothèse qu’il pourrait s’agir de langurs (ou entelles) du sous-continent indien, ce qui reculerait de 1 500 ans les échanges sur la route de la soie vers l'Europe. La bataille fait rage (article en anglais).

 

* Des travaux afin d’étendre une ligne de métro dans le nord de la Grèce dans les années 1990 avaient mis à jour une fosse contenant des coquillages et des ustensiles de cuisine datant du néolithique. L’état de conservation de l’énorme quantité de choses mises au jour dans cette fosse (sa datation est estimée entre 5450 et 5250 avant notre ère) fait penser aux archéologues que ce lieu fut utilisé pour un grand banquet, puis les restes enterrés. Plusieurs vidéos viennent ajouter des informations aux données présentées (article en anglais).

 

* Les fouilles d’un navire grec qui a coulé au large de la Sicile (dans les eaux de Santa Maria del Focallo, dans la municipalité d’Ispica) entre le VIe et Ve siècle avant notre ère se poursuivent. Découvert en 2024, le navire vient de livrer aux archéologues marins son mat, ce qui est très rare, des morceaux de corde et divers objets. Ces découvertes vont aider à comprendre la construction des navires à l’époque, mais vont aussi aider à mieux saisir la navigation à l’époque de la Grande Grèce. Une vidéo illustre une partie du travail des archéologues (article en anglais et italien).

 

* Une conséquence extraordinaire de l’invasion normande en Angleterre en 1066 (et dont on ne parle quasiment jamais) est que les hommes anglo-saxons qui refusèrent de se soumettre à Guillaume le Conquérant partirent pour Byzance où ils rejoignirent la garde varangienne. Ce corps d’élite composé de mercenaires protégeait les empereurs byzantins. La hache danoise que les Anglo-Saxons maniaient fort bien constituait un avantage stratégique. Ils fondèrent de petites communautés dans l’empire byzantin et il semble également que quelques Anglo-Saxons aient même servi à Byzance bien avant 1066 (article en anglais).

Bonne lecture !

Une fenêtre sur le Moyen Âge avec la Schola de la Sainte-Chapelle

            Mon dieu[1], que les infolettres peuvent être dangereuses !

Nous plaisantons, bien sûr[2]. Les infolettres nous donnent des nouvelles des musées et autres lieux de culture.

C’est d’ailleurs dans celle du musée de Cluny que nous avons (enfin !) découvert le Centre de musique médiévale de Paris et l’un des ses ensembles qui donna un concert au musée le 14 juin 2025.

La Schola de la Sainte-Chapelle, chœur de jeunes chanteurs créé en 2020 et qui travaille en collaboration avec la Sainte-Chapelle, interprète des morceaux de musique sacrée du Moyen Âge jusqu’au début de la Renaissance.

            L’année dernière, la Schola présentait des musiques sacrées du XIVe siècle. Sur la chaîne YouTube du Centre de musique médiévale, vous pouvez écouter un extrait du CD Splendeurs de l’ars nova (chant grégorien et polyphonies du XIVe siècle), un programme construit autour de la messe dite « de Toulouse », un des premiers exemples de cycle de messe polyphonique (Kyrie, Sanctus, Agnus Dei, Ite missa est), Iste confessor… (plain chant toulousain et polyphonie d’un manuscrit d’Apt transcrite par Brice Ramondenc, membre de la Schola).

 

 

Vous pouvez acheter ce CD dans la boutique du Centre de musique médiévale de Paris  ou au musée de Cluny.

            Cette année, la Schola, sous la direction de l’excellente  Brigitte Lesne, présente Flos de Virga nascitur, chants à Paris et Notre-Dame au temps de Saint Louis comme le disait le site du musée de Cluny, « Redonnant vie aux notations soigneusement copiées par les scribes médiévaux parisiens, la Schola de la Sainte-Chapelle fait résonner des chants dédiés à la Vierge, à saint Nicolas, à saint Guillaume de Bourges et à Saint Louis. Le plain-chant, d’après les manuscrits liturgiques de la cathédrale Notre-Dame, de la Sainte-Chapelle ou bien encore de l’Abbaye Saint-Victor, alterne avec des polyphonies issues du Grand livre de chœur de la cathédrale, le Magnus liber organi, premier grand corpus polyphonique parisien qui a été diffusé dans toute l’Europe.

 

 


Recordare virgo mater (offertoire, missel de la cathédrale Notre-Dame de Paris), monodie, voix de femmes.

O vera, o pia (conduit, manuscrit de Florence), polyphonie, voix d’hommes.

O vera, o pia (conduit, manuscrit de Florence), polyphonie, tutti

Extrait du concert du 6 avril 2025 à Anvers/

             Tous les morceaux du disque sont magnifiques, mais voir la Schola en concert reste une expérience incroyable. Nous avons eu la chance, le 14 juin, d'être extrêmement bien placée (au premier rang et pile au milieu de l'ensemble), ce qui nous a permis de profiter de la voix de chaque interprète - ils sont tout simplement extraordinaires et, en fermant les yeux, on peut imaginer que leurs chants viennent d'une porte temporelle ouverte sur une cathédrale du Moyen Âge.

             Puisque nous avons partagé avec vous de la musique que nous aimons, il est possible que nous ajoutions parfois à notre blog quelques vidéos de certains morceaux qui font partie de notre vie.

             Le point de départ de cet article fut l’infolettre du musée de Cluny… Les infolettres sont donc peut-être dangereuses[3] finalement.



[1] : Bonjour, Apollon !

[2] : Heu…

[3] : Mais non.

Exposition : « Photographier le patrimoine du Liban, 1864-1970 » à l'Institut du monde arabe (jusqu’au 4 janvier 2026)

Au niveau 7 de l’Institut du monde arabe se trouve l'exposition « Photographier le patrimoine du Liban, 1864-1970 ». Tout comme la seconde salle de l'exposition sur Gaza, celle-ci garde le témoignage photographique de l'Histoire du Liban dont certains morceaux ont été sciemment attaqués et détruits.

Le site de l'Institut nous dit :


 

« Le musée de l’IMA renouvelle l’accrochage photographique à l’entrée de son parcours (niveau 7) : parallèlement à l’exposition « Trésors sauvés de Gaza. 5000 ans d'histoire », il propose une riche sélection de photographies anciennes, issues du fonds de la Bibliothèque orientale de l’Université Saint-Joseph à Beyrouth, consacrées aux sites et monuments du Liban – grandement mis en péril par les bombardements de l’armée israélienne – et pour la première fois montrées en France.  

En complément, le musée expose pour la première fois Li Bayrut, un grand bronze de Chaouki Choukini réalisé au lendemain de l’explosion dans le port de Beyrouth.

L’Université Saint-Joseph (USJ) est fondée en 1875 et la Faculté Orientale, au sein de l’université, l’est en 1902. La faculté a donné un cadre institutionnel aux jésuites de Beyrouth qui se sont précocement intéressés à l’archéologie du Liban et des pays limitrophes. Si leur formation théologique et classique les prédisposait à l’étude de l’antiquité gréco-romaine ainsi que des langues et des religions anciennes, ces savants ont aussi été pionniers dans la recherche préhistorique au Liban.

Afin d’illustrer les cours qu’ils donnaient et les articles qu’ils publiaient dans les Mélanges de la Faculté Orientale à partir de 1906, devenus en 1929 les Mélanges de l’USJ, ces savants ont sillonné les sites du Liban, réunissant une vaste documentation de plusieurs dizaines de milliers de clichés, complémentée par des acquisitions d’époque et d’autres plus récentes. Ces clichés sont actuellement en cours de numérisation et d’indexation, avec le soutien de la Fondation Boghossian, de l’Institut national du patrimoine et des archives nationales de France.  

L’exposition consiste en une installation d’images de différents formats. Elle convie les visiteurs à explorer une douzaine de sites – Byblos, Baalbek, Tyr, Saida… - et de régions – le Hermel, la Beqaa, le Chouf, le Metn, le Kesrouan … - à travers des photographies de paysages, de monuments mais également des scènes de la vie sociale et économique. »

Exposition : « Écrire ou calligraphier ? L'alphabet arabe sublimé » à l'Institut du monde arabe (jusqu’au 21 septembre 2025)

Au musée de l’Institut du monde arabe se trouve l'exposition « Écrire ou calligraphier ? L'alphabet arabe sublimé » dont le site de l'Institut nous dit :

 


« À partir des trésors conservés dans les collections du musée de l’IMA, cette exposition met en lumière une richesse et une diversité à nulle autre pareilles : celles de la calligraphie arabe dans toute son expression, des premiers feuillets du Coran à son investissement dans les nouveaux médias. 

 
Dans la langue arabe, le terme khatt désigne simultanément l’écriture et la calligraphie, c’est-à-dire l’art du bel écrit suivant des codes de proportions et d’harmonie. Des premiers feuillets du Coran à la photographie contemporaine, en passant par l’architecture ou les objets du quotidien, la calligraphie se déploie depuis des siècles dans tous les aspects de la vie quotidienne. En sublimant l’alphabet arabe, elle lui confère une spiritualité et une énergie que la seule écriture ne saurait retranscrire.

Chaque génération de calligraphes, depuis les premières normes instaurées au IXe siècle, a promu une innovation faisant évoluer les styles. Depuis les années 1960, de nombreux plasticiens du monde arabe ont exploré le patrimoine de la calligraphie classique, donnant naissance au mouvement de la hurufiyya, s’affranchissant de la littéralité de l’écrit et manipulant le dessin des lettres à la recherche d’un langage visuel panarabe.

Aujourd’hui, les calligraphes investissent les nouveaux médias, rendant poreuse la frontière avec le design et les arts plastiques. Le geste calligraphique laisse également, depuis la fin du siècle dernier, son empreinte sur les murs des villes, devenus les supports du street-art.

 
Baheb - I Love , l’hommage à la calligraphie de Marie Khouri

À découvrir dans le cadre de l’exposition : I Love, œuvre de la sculptrice Marie Khouri. Née en Égypte et élevée au Liban, Marie Khouri est une sculptrice basée à Vancouver dont les œuvres s’enracinent profondément dans un riche tissu d’influences culturelles et historiques. 

Les sculptures de Marie Khouri se situent à l’intersection de l’art et du design. Inspirées par la technique de taille directe de Henry Moore, elles explorent l’interaction entre le langage, la forme et le corps humain, tout en reflétant son lien personnel avec les histoires complexes du Moyen-Orient. Son art devient un pont entre son héritage et sa perspective, véhiculant des thèmes universels d’identité, de mémoire et de dialogue. L’une de ses œuvres les plus célébrées, Let’s Sit and Talk, incarne cette philosophie : sculptée à la main dans une calligraphie arabe, c’est à la fois une œuvre d’art et un agencement fonctionnel de sièges.

Dans le prolongement de ce concept, l’installation I Love développe les thèmes du dialogue culturel et de l’unité. Composée de cinq formes curvilignes blanches sculptées à la main, cette œuvre transforme l’expression arabe Baheb (« J’aime ») en une expérience physique et conceptuelle. Après avoir été montrée à Vancouver puis au Caire, au pied des pyramides, elle poursuit son voyage à Paris, au musée de l’Institut du monde arabe. »

Exposition : « Trésors sauvés de Gaza - 5000 ans d'histoire » à l'Institut du monde arabe (jusqu’au 2 novembre 2025)

Au niveau -1 de l’Institut du monde arabe se trouve l'exposition « Trésors sauvés de Gaza - 5000 ans d'histoire ». 

Vous pourrez y visiter deux salles ; dans la première, se trouvent des pièces miraculées (retrouvées sur un terrain difficile et se trouvant hors de Palestine occupée quand les sites historiques et les musées de Gaza commencèrent à être ciblées dans les bombardements actuels). Elles vont de l'âge du bronze et du fer, comme la petite statuette sur l'affiche de l'exposition ou ces pièces :

 


 à la période musulmane :


en passant par la période assyrienne, perse et hellénistique et la période romaine et byzantine :

(Nous aurions sans doute mis cette statue d'Hécate ou Artémis sur l'affiche)

Dans la seconde salle, il y a quelques courts-métrages qui présentent des reconstitutions d'anciens sites, des photos de la Palestine au début du siècle dernier et des photos des dégâts causés par les bombes. Les pertes pour l'humanité sont déchirantes ; les photos documentent également le traumatisme humain.

 

Au sujet de cette exposition, le site de l'Institut nous dit :  


 

« Gaza recèle quantité de sites archéologiques de toutes les époques aujourd’hui en péril. C’est donc une collection exceptionnelle à plus d’un titre que donne à découvrir l’IMA, constituée de pièces de grande valeur, que les aléas de l'histoire ont sauvées du désastre et qui révèlent la densité de son histoire, trésor inestimable dont cette exposition dit toute la complexité. 

Depuis 2007, le Musée d’art et d’histoire de Genève (MAH) est devenu le musée-refuge d’une collection archéologique de près de 529 œuvres appartenant à l’Autorité nationale palestinienne et qui n’ont jamais pu retourner à Gaza : ces amphores, statuettes, stèles funéraires, lampes à huile, figurines, mosaïque..., datant de l’âge du bronze à l’époque ottomane, forment un ensemble devenu une référence au vu des destructions récentes.

 

LE TÉMOIN D’UNE HISTOIRE COMPLEXE

Avec l’aide du MAH et le soutien de l’Autorité nationale palestinienne, l’IMA expose une sélection de 130 chefs-d’œuvre de cet ensemble, issu des fouilles franco-palestiniennes commencées en 1995, dont la spectaculaire mosaïque d'Abu Baraqeh, et de la collection privée de Jawdat Khoudery, offerte en 2018 à l’Autorité nationale palestinienne et présentée pour la première fois en France. 

Cette exposition témoigne d’un pan de l’histoire inconnu du grand public : celui du prestigieux passé de l’enclave palestinienne, reflet d’une histoire ininterrompue depuis l’âge du bronze. Oasis vantée pour sa gloire et sa douceur de vie, convoitée pour sa position stratégique dans les enjeux égypto-perses, terre de cocagne des commerçants caravaniers, port des richesses de l’Orient, de l’Arabie, de l’Afrique et de la Méditerranée, Gaza recèle quantité de sites archéologiques de toutes les époques aujourd’hui en péril. La densité de son histoire est un trésor inestimable, dont l’exposition témoigne de la complexité.

 

LE PATRIMOINE DANS LA GUERRE

Au 25 mars 2025, l’Unesco observe, en se basant sur des images satellitaires, des dommages sur 94 sites cultuels gaziotes : 12 sites religieux, 61 bâtiments d’intérêt historique et/ ou artistiques, 7 sites archéologiques, 6 monuments et 3 dépôts de biens culturels mobiliers et 1 musée.

Un espace est dédié à la cartographie des bombardements, menée par différents groupes de recherches et accompagnée par un recensement des dernières découvertes archéologiques à Gaza, et par des photographies inédites de la ville du début du XXe siècle issues de la collection de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem. Il abordera les questions relatives au patrimoine en temps de guerre, et particulièrement à Gaza où plus des deux tiers du bâti est détruit. »

Exposition : Les Très Riches Heures du duc de Berry au château de Chantilly (jusqu'au 5 octobre 2025)

Si, dans le parcours de visite du château de Chantilly, dans le Cabinet des livres, vous pouvez visiter une exposition sur Une autre histoire des livres d’heures (jusqu’au 6 octobre 2025) où la grande Histoire des livres d’heures est présentée grâce à l’extraordinaire collection du château, il vous faudra en revanche vous rendre dans la Salle du Jeu de Paume où sont présentées les expositions temporaires.


Les Très Riches Heures du duc de Berry sont consultables sur le site du musée, ce qui permet d’avoir de précieuses informations sur cette œuvre magnifique.

Juin (qui nous montre le palais de la Cité)

En plus des feuillets qui nous sont présentés, vous pourrez croiser le gisant du duc Jean de Berry (si vous vous approchez, vous constaterez avec effroi que quelques décérébrés l'ont vandalisé par quelques stupides gravures), 


mais aussi quelques peintures, des objets et beaucoup de livres (la plupart viennent de la bibliothèque du château, mais certains ouvrages viennent de bibliothèques françaises, britanniques et même américaines). Par exemple, vous pourrez admirer ces pages des Très Belles Heures du duc de Berry :


L’exposition est ainsi annoncée : 

« Les Très Riches Heures du duc de Berry désignent le manuscrit le plus célèbre du monde. Qualifié de « Joconde » des manuscrits, ce recueil d’offices et de prières personnalisé pour le duc de Berry, frère du roi Charles V, témoigne du faste et du raffinement artistique de la fin du Moyen Âge.

Réalisé tout au long du XVe siècle, ce livre exceptionnel compte parmi ses enlumineurs les frères de Limbourg, éminents artistes attachés à la cour de Bourgogne puis de Berry, qui ont révolutionné l’histoire de l’art. Composées de 121 miniatures, les Très Riches Heures captivent par leurs représentations de châteaux historiques, de scènes princières et des travaux des champs rythmés par les saisons qui ont façonné notre imaginaire du Moyen Âge.

À l’occasion de la restauration de ce chef-d’œuvre, montré seulement deux fois au public depuis la fin du XIXe siècle, une exposition d’ampleur internationale, composée de près de 150 pièces provenant du monde entier, permet d’appréhender chaque étape de la création des Très Riches Heures pendant près d’un siècle et de comprendre les raisons de l’engouement que le manuscrit suscite encore.

L’exposition s’attarde notamment sur la figure de Jean de Berry, son fastueux mécénat et son goût des livres. Pour la première fois depuis la mort du prince en 1416, tous ses livres d’heures aujourd’hui connus sont réunis en un seul et même endroit. Manuscrits, sculptures, tableaux ou précieux objets d’art offrent un panorama complet du contexte de création et de diffusion du plus ambitieux des ouvrages du duc.

Grâce à la restauration du manuscrit en cours, son si célèbre calendrier est exposé dérelié. Venez admirer les Très Riches Heures du duc de Berry comme on ne les verra plus jamais !

 

L’histoire d’une découverte progressive

En décembre 1855 réapparaît à Gênes un manuscrit ayant appartenu au duc Jean de Berry (1340-1416). Il est signalé à Henri d’Orléans, duc d’Aumale (1822-1897), qui en perçoit le caractère exceptionnel, l’achète aussitôt et en entame l’étude avec les meilleurs érudits de l’époque.

Les Très Riches Heures sont, selon leur dénomination au début du XVe siècle, un livre de prières insigne, commandé vers 1411 par le duc Jean Ier de Berry, frère du roi Charles V, à trois jeunes artistes talentueux, originaires de Nimègue, les frères Paul, Jean et Herman de Limbourg. Ceux-ci sont les neveux du peintre Jean Malouel (v. 1370-1415) et s’entourent des meilleurs copistes et ornemanistes. Commanditaire et peintres meurent en 1416 laissant le manuscrit inachevé.

Tout au long du XVe siècle, d’autres enlumineurs se succèdent pour compléter le manuscrit, tels Barthélémy d’Eyck vers 1440 pour la famille royale, et Jean Colombe vers 1485 pour Charles Ier de Savoie qui hérite à son tour du livre. Dans ce joyau devenu un « livre-cathédrale » sans perdre son unité, se croisent des influences multiples, flamandes, françaises, italiennes, orientales et antiques, peu à peu mises au jour par les spécialistes.

À partir de son installation à Chantilly et des premières reproductions initiées par le duc d’Aumale, le livre acquiert une célébrité mondiale qui lui confère une valeur d’icône du Moyen Âge. Il façonne encore une image poétique et idéale du Moyen Âge dans l’imaginaire collectif.

 

Les Très Riches Heures comme on ne les a jamais vues

La restauration des Très Riches Heures permet d’exposer les 12 premiers feuillets du manuscrit dérelié. Il s’agit des 6 bifeuillets abritant le calendrier qui se présenteront de manière verticale et seront lisibles recto-verso. Au coeur de l’exposition, des caissons climatiques spéciaux pour chaque bifeuillet seront fabriqués par les restaurateurs pour protéger les pages déreliées.

Cœur du cœur de l’exposition, le manuscrit lui-même, est présenté dans une vitrine particulière. Le livre sera ouvert sur une double page régulièrement changée. Les visiteurs auront aussi la possibilité de se référer à l’ensemble du livre à travers deux feuilletoirs numériques et un fac-similé papier offert au feuilletage.

La restauration, accompagnée par les plus grands experts, a offert l’occasion de mener des analyses jamais réalisées sur l’ouvrage, pour en comprendre chaque étape de création et chaque touche de pinceau. Le récit des découvertes et l’imagerie scientifique des analyses confiées au C2RMF feront l’objet d’une restitution audiovisuelle, dans une salle dédiée.

 

Une bibliothèque princière

Un partenariat exceptionnel avec la Bibliothèque nationale de France permet la présentation d’une grande partie de la riche bibliothèque du duc de Berry, l’une des plus fameuses du Moyen Âge. Une trentaine de manuscrits complète l’ensemble qu’abrite déjà Chantilly pour refléter le faste, le goût et la culture du prince.

 

Les étapes de création des Très Riches Heures

L’exposition met en évidence le rôle majeur des frères Limbourg, concepteurs du livre, et présente les principales personnalités artistiques qui s’y sont exprimées, leurs spécificités et leurs sources d’inspiration. »

 

            Cette exposition nous semble l’occasion d’en apprendre plus sur une œuvre particulièrement marquante et importante dans notre Histoire, notamment dans les informations perdues qu’elle peut nous transmettre.