Curiosités de musée : Anne de Clèves par Holbein

            Le musée du Louvre est en possession d’un magnifique portrait de Mme Henry VIII d’Angleterre (version 4.0), Anne de Clèves (1515-1557), réalisé par Hans Holbein le Jeune (1497-1543) par un heureux hasard historique.

En effet, la notice officielle de cette œuvre nous apprend qu’en 1642 le quatorzième comte d’Arundel, Thomas Howard (1585-1646), l’emporta aux Pays-Bas. Howard faisait partie de l’escorte diplomatique qui accompagna la princesse Mary Stuart (1631-1660) quand elle rejoignit son mari, Guillaume II d’Orange Nassau (1626-1650).

 

Ce n’est pas le sujet, mais arrêtons-nous un instant sur ce mariage, célébré à Whitehall le 2 mai 1641.

Mary (Marie Henriette) était la fille aînée du roi Charles Ier (1600-1649), qui fut décapité à la suite de la guerre civile qui déchira l’Angleterre, et d’Henriette de France (1609-1669), qui était fille d’Henri IV (1553-1610) et de Marie de Médicis (1575-1642).

Mary avait onze ans quand elle fut mariée ; son époux en avait quinze.

Le couple eut un seul enfant posthume, Guillaume III (1650-1702) – Willem van Oranje-Nassau en version originale, qui vint au monde le 14 novembre alors que son père fut brusquement emporté par la variole le 6 novembre.

Après l’épisode « Oliver Cromwell » et la restauration de la monarchie en Angleterre, Guillaume III fut parfois en conflit avec son oncle Charles II (1630-1685) et avec Louis XVI (1638-1715), mais il tenta une approche diplomatique du côté de son oncle, Charles II, en parvenant à lui faire accepter qu’il épousât la fille aînée du frère cadet de Charles, le futur (et bref) James II (ou Jacques II, en français) d’Angleterre (1633-1701), Mary Stuart (1662-1694). Si James II devint roi à la mort de son frère, le fait qu’il soit catholique posait un énorme problème aux parlementaires anglais et il fut déposé lors de la Glorieuse Révolution qui vit Guillaume travailler avec le Parlement anglais afin de faire nommer son épouse reine – et lui roi et non pas prince consort (ce que les parlementaires firent volontiers puisqu’ils ne souhaitaient pas voir un homme devoir obéir à sa royale épouse). William III et Mary II furent tous deux souverains d’Angleterre, d’Écosse, d’Irlande et de France[1].

 

Si le fils de la princesse dont le mariage avait fait passer une partie de la collection de Thomas Howard d’Arundel sur le continent revint dans la patrie de sa mère, en revanche, le Holbein resta en Europe.

Thomas Howard sentant venir la guerre civile préféra rester bien loin du danger. À la mort du comte, à Padoue, la toile passa dans les possessions de sa veuve, Alethea Talbot, épouse Howard d’Arundel (1585-1654). Ce ne fut pas le quinzième comte, Henry (1608-1652) qui en hérita, puisqu’il mourut avant elle, mais son frère cadet, William (1614-1680) ; Henry ayant eut sept enfants, dont six fils, le titre de comte d’Arundel était presque assuré de rester parmi ces héritiers-là (même si seuls les trois premiers fils survécurent). William entra en possession du Holbein et il le vendit aux enchères à la fin 1662 à Utrecht où il fut acheté par Everhard Jabach (1618-1695), marchand originaire de Cologne établi à Paris.

Le père de Jabach avait ouvert une banque à Anvers, banque qui avait fait prospérer la fortune familiale. Jabach vint s’installer en France en 1638 et devint un sujet du roi de France neuf ans plus tard.

Tout étant très lié dans cette histoire, Jabach, qui était un grand collectionneur comme Howard d’Arundel, servit d’intermédiaire au cardinal Mazarin (1602-1661) grâce à un marchand français à son service à Londres qui acheta certaines œuvres de la collection du défunt roi Charles Ier (les rois de France et d’Espagne et l’Empereur étaient en compétition afin d’en acheter les meilleures pièces). Incidemment, ce que Mazarin acheta fut donné à la France à sa mort et rejoignit les collections royales.

En parlant de collections royales, Jabach vendit une partie de ses collections à Louis XIV – une première fois en 1661 et 1662, puis ensuite en 1671. Le Holbein fit partie de cette seconde vente.

Grâce à ces ventes, la France possède aujourd’hui une collection de milliers de dessins et de nombreuses toiles splendides (comme le St Jean Baptiste de Léonard de Vinci ou un autre Holbein, le Portrait d’Érasme écrivant).

En 1793, les collections royales firent partie du tout nouveau musée du Louvre dès son ouverture, où le portrait de Clèves était désigné comme étant celui de « Jeanne de Clèves ».

Après sa récente restauration, ce superbe portrait fut d’abord installé en salle 811 avant d’aller en salle 809.

 

            Si Henry VIII (1491-1547) n’avait pas été aussi capricieux, imbu de lui-même et macho (oui… oui, c’était plutôt normal pour un souverain de cette époque et pour un catholique – merci Saint Paul ! – qui considérait que la femme était inférieure), il n’aurait pas eu autant de belles-mères.

D’ailleurs, si son frère aîné, Arthur Tudor (1486-1502), n’était pas mort prématurément d’on ne sait quelle maladie, Henry aurait peut-être été marié à une princesse étrangère afin de conclure quelque paix ou alliance. Arthur, après d’âpres négociations car son père, Henry VII (1457-1509), souhaitait s’allier au royaume d’Espagne, mais en récupérant un maximum d’avantages pour lui, sa cassette et son royaume, fut promis à l’infante Catherine d’Aragon (1485-1536) – Catalina en castillan ; le mariage eut lieu le 14 novembre 1501.

Catherine et Arthur contractèrent la même maladie au château de Ludlow, mais seule Catherine se remit. Officiellement, elle était veuve.

Henry VII n’avait vraiment pas envie de renvoyer Catherine en Espagne – surtout parce qu’il aurait dû rendre la dot. La reine d’Angleterre, Élisabeth d’York (1466-1503), voulut donner un autre fils au royaume, mais elle donna naissance à une fille, Catherine (2 février 1503-10 février 1503) et mourut un jour après sa fille des suites de l’accouchement.

Henry fut réellement atterré par la mort de son épouse, mais il envisagea quand même brièvement d’épouser lui-même Catherine d’Aragon afin de garder l’infante et sa dot en Angleterre. Finalement, il fut envisagé que Catherine soit promise au second fils du roi, Henry.

Catherine étant légalement la veuve du frère d’Henry, il fallu l’intervention du pape Jules II  (1443-1513 [Giuliano della Rovere]) afin d’autoriser le mariage après que Catherine assura qu’elle était toujours vierge et que son union avec Arthur n’avait pas été consommée (elle maintint cette version jusqu’à sa mort et malgré le procès qu’Henry lui fit).

Henry VII tenta de manipuler Catherine, mais l’infante ne céda pas et à la mort du roi, Henry VIII devint roi et épousa Catherine (le mariage eut lieu le 11 juin 1509 et le double couronnement douze jours plus tard).

Catherine fut enceinte sept fois entre 1509 et 1518 ; elle fit deux fausses couches et quatre enfants ne survécurent pas, mais le 18 février 1516, Mary Tudor vit le jour (la future Mary Ière épousa le roi d’Espagne Felipe II (1527-1598) en 1554).

Le problème d’Henry VIII, même si la princesse Mary était une enfant douée qui devint une jolie jeune fille, était qu’il voulait un fils – un fils légitime, parce qu’il n’était pas question de légitimer un enfant illégitime. Ça, il en avait (comme Henry Fitzroy (1519-1536), par exemple) – la fidélité n’était pas pratiquée par Henry.

C’est à ce moment de l’Histoire que les métamorphoses commencées à la mort d’Arthur s’accélérèrent : Henry fit déclarer son mariage avec Catherine illégal et leur fille illégitime et, pour ne pas avoir toute la chrétienté à dos, il créa l’Église d’Angleterre, habile mélange de protestantisme et de catholicisme, dont le souverain était le chef suprême.

Catherine, qui fut une excellente reine et une meilleure stratège que son époux, fut envoyée loin de la cour et Henry se remaria.

En 1533, Anne Boleyn (1500 ?-1536) devint reine d’Angleterre et elle donna naissance à la princesse Elisabeth (1533-1603) qui sera la future Elisabeth Ière à la mort de sa demi-sœur en 1558.

La reine Anne fut une personne fascinante et compliquée, mais ce qui est certain, c’est qu’Henry perdit patience (après la naissance d’Elisabeth, Anne fit au moins sept fausses couches). Après la mort de Catherine d’Aragon, Anne voulut se rapprocher de Mary, mais n’y parvint pas. Anne perdit un fœtus mâle le jour de l’enterrement de Catherine (il faut dire qu’on lui avait aussi annoncé que son époux avait été blessé lors d’un tournoi) et Henry commença à dire que Dieu désapprouvait son mariage. Dans la foulée, une dame de compagnie de Catherine et d’Anne, Jane Seymour (1508 ?-1537), fut installée dans des appartements plus beaux que ceux de la reine et ses proches furent promus et protégés par Henry.

Le conseiller et ministre d’Henry, Thomas Cromwell (1485-1540), chercha des serviteurs prêts à accuser la reine et le 2 mai 1536, Anne fut arrêtée pour adultère, inceste (on l’accusa d’avoir couché avec son frère) et haute trahison.

Le 15 mai, elle se défendit brillamment, mais son sort était déjà décidé : mort par décapitation ou sur le bûcher. Henry choisit la décapitation. Anne, résignée, demanda à être exécutée à l’épée (les exécutions à la hache étaient souvent de vraies boucheries) et Henry eut la décence de faire venir un expert de France.

Anne, dans ses derniers instants, fut d’une immense dignité.

Dès le lendemain de l’exécution d’Anne, le roi veuf se fiança à Jane Seymour et l’épousa le 26 mai ; le 4 juin, elle était déclarée reine, mais ne fut pas couronnée (Henry attendit peut-être qu’elle se montre digne d’être reine en lui donnant un fils légitime, mais surtout, la peste sévissait à Londres et il était trop dangereux d’y aller, même pour un couronnement).

Le 12 octobre 1537, elle donna naissance à Edward (1537-1553), futur Edward VI (protestant convaincu, il tenta d’empêcher sa demi-sœur Mary, qui était restée catholique de pouvoir jamais lui succéder sur le trône, mais il souhaitait aussi bloquer Elisabeth ; faisant fi des lois, il désigna Jane Grey (1537-1554) comme son héritière car elle descendait d’Henry VII).

Deux semaines après l’accouchement, Jane fut emportée par une fièvre puerpérale.

Henry avait aimé cette épouse docile, belle et qui lui avait donné un prince. Il porta le deuil pendant plusieurs mois et ne se remaria qu’à cause du traité de Tolède du 12 janvier 1539 entre François de France et Charles Quint qui avait notamment pour but d’isoler Henry VIII. Il souhaitait aussi avoir un autre fils (il était roi uniquement parce que son aîné était mort). Puisqu’il était désormais protestant, il fallait trouver une princesse qui lui apporterait des alliés ou des fonds (ou les deux) et qui ne serait pas catholique.

 

            Revoici donc Thomas Cromwell et Hans Holbein, peintre de la cour d’Angleterre, dans notre histoire et voici notre charmante héritière du duché de Jülich, Kleve et Berg, Anna von der Mark, seconde fille du duc Johann III von Kleve (1490-1539) et de Maria von Jülich-Berg [Marie de Juliers-Berg] (1491-1543).

Cromwell pensait qu’Anne ou sa cadette Amalia (1517-1586) étaient de bonne candidates pour devenir reines. Holbein fut donc envoyé auprès des princesses et fit leurs portraits. Nous avons celui d’Anna au Louvre, mais celui d’Amalia a disparu – une recherche sur Internet vous donnera en résultat un dessin qui, certes, ressemble quelque peu au portrait que nous avons d’Anna, mais il est impossible d’affirmer qu’il s’agit bien du dessin préparatoire au portrait d’Amalia. Certaines pages indiquent que le portrait d'Amalia se trouve au Victoria & Albert museum, mais il s'agit d'une miniature du portrait d'Anna.

Holbein connaissait les humeurs du roi. Certains pensent qu’Holbein fit un portrait trop flatteur d’Anna, mais c’est oublier que s’il avait peint une beauté alors que la vraie princesse ressemblait à « une jument des Flandres » (cette description de la dame, attribuée à Henry VIII, est largement postérieure à notre histoire) et qu’il ait donc trompé le roi, Holbein aurait été torturé par le meilleur bourreau afin de le garder en vie le plus longtemps possible avant de le jeter en pâture au pire apprenti bourreau du pays afin que sa mort soit la plus violente et douloureuse possible. Or… Holbein resta le peintre de la cour et mourut de sa belle mort et donc ce vélin collé sur bois (aujourd’hui sur toile, ce qui doit aider à la préservation de cette petite merveille) de 65 cm sur 48 cm est un fidèle portrait d’Anna von Kleve.

À 23 ans, Anna était plutôt grande et avait des formes généreuses (donc éloignée des beautés anglaises qui étaient en général plutôt relativement croisées avec des planches à pain).

La restauration du portrait permet de remarquer un léger grain de beauté au coin de la lèvre gauche.

Brodé sur sa coiffe, on peut lire en majuscule « ABON FINE », pour « a bon fine », une sorte de porte bonheur traditionnel dans sa région natale et non pas sa devise comme certains l’on cru jusqu’à il y a peu.

Si toutes les perles de sa coiffe et sa robe étaient de vraies perles, elles étaient autant de témoignages de la fortune d’Anna car, à l’époque, toutes les perles étaient naturelles et étaient très rares et extrêmement chères (les perles de cultures produites en quantité le furent au Japon et seulement au début du XXème siècle).

Les bijoux d’Anna sont sans doute des bijoux de famille pour la plupart ; celui qu’elle porte sur l’oreille gauche semble fait d’or, de perles et de pierres précieuses et on peut admirer le talent d’Holbein qui parvint à représenter les minuscules figures d’une femme et d’un homme presque au centre du bijou (aiguisez vos cristallins ou sortez une loupe).

Après avoir vu les deux portraits, Henry confirma le 4 octobre 1539 qu’il épouserait Anna.

Anna et sa suite se mirent donc en route pour la cour d’Angleterre.

Ce fut au château de Rochester le 1er janvier 1540 qu’eut lieu l’incident, semble-t-il.

Henry, comme François de France, était fasciné par la chevalerie, qui n’existait plus. Il aimait les tournois – ce fut d’ailleurs lors du tournoi de 1536 (celui qui provoqua la fausse couche d’Anne Boleyn) qu’il fut blessé à la jambe et que cette blessure suppura jusqu’à la fin de sa vie. Ce fut peut-être aussi cet accident qui changea terriblement son comportement. Henry aimait aussi la littérature courtoise où l’on raconte que des âmes sœurs se reconnaitront et tomberont immédiatement amoureuses.

Ce fut dans cet esprit courtois qu’Henry (48 ans, obèse, malade) débarqua à Rochester, sans être annoncé, en habit de voyage. Il entra dans la pièce où se trouvait Anna et cette dernière aurait ignoré ce gros monsieur auquel elle n’avait pas été présentée. Il faut aussi se souvenir qu’à l’époque en Angleterre il était d’usage d’embrasser les femmes sur la bouche afin de les saluer (l’osculum latin n’était pas très loin ; il se pratique toujours chez les slaves, mais aussi chez certains États-Uniens qui, même entre amis, se saluent ainsi en marque d’affection). Si Henry, en tenue de voyage, a salué Anna ainsi, on peut comprendre que cette jolie jeune noble germanique l’ait poliment ignoré. Henry sortit de la pièce, passa un manteau qui révélait son rang et retourna dans la pièce où il fut mieux accueilli, mais rien d’extraordinaire ne se passa entre Anna et Henry – c’est ce que nous raconta un familier d’Henry, Charles Wriothesley (1508-1562).

Ne pas avoir compris ce qu’Henry comptait faire et ne pas fait prévenir Anna allait coûter très cher à Cromwell. Peut-être n’eut-il pas le temps de la faire prévenir ?

Henry demanda à Cromwell de trouver un moyen d’échapper au contrat de mariage, mais Cromwell avait prévu tous les cas de figure et le mariage eut bien lieu le 6 janvier 1540.

Si Henry rejoignit bien la couche de sa femme, apparemment il ne s’y passa rien

Le fait que les époux ne parlent pas la même langue n’a pas dû aider leurs relations.

Pendant longtemps (et parfois même encore maintenant), certains ont affirmé qu’Anna était laide et que c’est pour cette raison qu’Henry voulut divorcer d’elle. Vous allez voir que cette hypothèse ne tient pas debout.

 

Henry avait remarqué une dame d’honneur de la reine Anna, Catherine Howard (1525 ?-1542). Quelques parents d’Howard étaient aussi liés au Boleyn et ils virent dans cette trop jeune fille un moyen de sauver leur honneur et leur réputation.

Le 24 juin 1540, Anna fut bannie de la cour et envoyée à Richmond Palace. Le 9 juillet, le mariage fut déclaré illégal et annulé par le Parlement le 12 juillet.

Dès le 27 juillet 1540, Henry épousa Catherine Howard… et Thomas Cromwell fut exécuté ce jour-là. Les représailles du roi pour l’avoir fait épouser une femme qui n’était pas immédiatement tombée sous son charme furent terribles.

Comme Holbein ne fut pas puni, la conclusion logique est que le portrait était fidèle à la dame, mais que la vraie femme déplut au roi.

 

Anna étant docile, elle reçut une pension et de nombreuses propriétés (dont sa prison, Richmond Palace et la maison d’Anne Boleyn). Henry commença à l’appeler sa « sœur » et elle fut première dame du royaume après la reine et les princesses royales.

Anna se construisit une vie tranquille à la cour d’Angleterre. Elle devint la sujette de son ancienne dame de cour jusqu’à ce que cette dernière ne connaisse le même sort qu’Anne Boleyn (l’accusation d’adultère fut plutôt curieuse et elle n’avoua jamais).

Anna fut aussi proche de la dernière reine, Catherine Parr (1512-1548). Parr fut mariée deux fois avant d’épouser Henry et il n’attendit pas la mort du second époux avant de commencer à lui offrir quelques cadeaux après l’exécution de Catherine Howard). Parr n’était pas enthousiaste à l’idée d’être la sixième reine, mais elle ne pouvait pas vraiment refuser. Parr fut aimante envers le prince Edward et elle parvint à réconcilier son époux avec ses deux filles.

Anna von Kleve s’entendit à merveille avec les enfants royaux, mais elle ignora la nouvelle reine.

Anna fut présente au couronnement de Mary en 1553.

En juillet 1557, Anna fit rédiger ses dernières volontés (la comtesse d’Arundel y fut mentionnée) et elle rendit l’âme le 16 du mois. Le 3 août, la reine Mary la fit enterrer à l’abbaye de Westminster et elle est l’unique Mme Henry VIII à y être.

 

L’œuvre d’Holbein avait bien souffert. Elle ressemblait à ça il y a peu :


Maintenant, allez admirer les détails de cette petite merveille (nous avons emprunté les photos de la notice du Louvre car, si nous avons pu prendre des photos des mains et des épaules d’Anna von Kleve, nous ne sommes pas assez grande pour prendre une photo de son visage avec la même luminosité) :

 


 

Louvre, aile Richelieu, salle 809… Allez, zou !



[1] : Une curieuse revendication, conséquence de la Guerre de Cent Ans, qui ne prit fin qu’avec l’avènement au trône d’Elisabeth II en 1953 quand elle renonça à réclamer ce royaume.

Exposition : « Caillebotte, Peindre les hommes » au musée d'Orsay

           Chers Lecteurs,

voici encore des nouvelles d’une exposition extraordinaire : les œuvres prêtées par des musées étrangers et de chanceux collectionneurs privés méritent largement l’attente devant presque chaque toile ou dessin (on est en concurrence avec tout Paris et la moitié de la planète, mais c’est logique puisqu’il y a plusieurs milliers de visiteurs chaque jours).

            Même si vous connaissez Gustave Caillebotte (1848-1894), voir son travail face à face, suivre ses coups de pinceaux, admirer sa palette et accompagner son regard dans d’intéressantes perspectives et un vrai bonheur. Aucune image ne peut vous rendre la vie qui émane de son travail.

             Si vous le pouvez, allez profiter de cette exposition.

Le musée nous livre une bande-annonce et cette explication :

Exposition « Caillebotte, Peindre les hommes » 

Du 8 octobre 2024 - 19 janvier 2025 au musée d'Orsay 

L'exposition présentée au musée d'Orsay à l'automne 2024 prend pour sujet la prédilection de Gustave Caillebotte (1848-1894) pour les figures masculines et les portraits d’hommes, et ambitionne d’interroger la modernité si radicale des chefs-d’œuvre de l’artiste au prisme du nouveau regard que l’histoire de l’art porte sur les masculinités du XIXe siècle.

 

            Vous pourrez notamment voir ces merveilles :

 

Le Pont de l'Europe (1876)

Rue de Paris. Temps de pluie (1877)

Le Pont de l'Europe (1876-1877)

Exposition : « Harriet Backer, La musique des couleurs » et autres vidéos sur elle

Chers Lecteurs,

nous allons vous parler d’une exposition très intéressante au musée d’Orsay qui va se terminer le 12 janvier 2025.

Non seulement cette exposition retrace la carrière d’une femme peintre, ce qui nous change un peu (d’autant plus qu’il y a eu des artistes femmes, mais leur travail a souvent été dénigré, sous-estimé ou ignoré), mais aussi, elle nous présente une artiste norvégienne, Harriet Backer (1845-1932).

Sur Internet, nous avons trouvé la bande-annonce de cette exposition :

« Méconnue hors des frontières de son pays, la peintre norvégienne Harriet Backer a pourtant été la peintre femme la plus renommée dans son pays à la fin du XIXe siècle. Célèbre pour son usage de coloris riches et lumineux, elle a réalisé une synthèse très personnelle des scènes d’intérieur et de la pratique du plein-air. Elle puisait aussi bien son inspiration dans le courant réaliste que dans les innovations de l’impressionnisme à travers une touche libre et un très grand intérêt porté aux variations de la lumière. Elle est aussi connue pour ses portraits sensibles du monde rural et son intérêt pour les intérieurs d’églises. »

 

Nous vous avons aussi trouvé une animation sur elle :

« Dans le cadre de sa série « Petites histoires de grandes artistes », l’association AWARE a produit, avec le soutien du musée d'Orsay, une nouvelle vidéo consacrée à la peintre norvégienne Harriet Backer (1845-1932), mise à l’honneur jusqu’au 12 janvier 2025 au musée d'Orsay grâce à la première rétrospective de son œuvre organisée en France : « Harriet Backer. La musique des couleurs ». 

Archives of Women Artists Research and Exhibitions est une association dédiée à la recherche et la valorisation des artistes femmes dans l’histoire de l’art. 

Découvrez toute la série des « Petites histoires de grandes artistes » sur le site de AWARE »

  

Un entretien avec les commissaires de l'exposition est aussi disponible :

 

Si vous avez l'occasion d'aller au musée d'Orsay, vous pourrez admirer ce genre de trésors :

Au musée de Cluny (1883) qu'elle peignit quand elle résidait à Paris

À la lumière de la lampe (1890)
 
Femme cousant à la lueur de la lampe (1890)

ou encore :

Bibliothèque de Thorvald Boeck (1902)

Si vous avez la possibilité de visiter cette exposition avant que ces merveilles ne repartent chez leurs heureux propriétaires et leurs musées respectifs, il y aura sans doute beaucoup d'autres visiteurs, mais les toiles de Backer (et celles de ses amies du même cercle artistique présentes en début d'exposition) sont à aller voir en vrai (en bonus, les compositions de la sœur de Backer sont jouées dans une des salles et ces œuvres sont, elles aussi, bien agréables à découvrir.

Recettes et romans

            Évidemment, Noël arrive, mais nous envisageons de partager certaines de nos lectures plus souvent. Enfin… nous espérons y arriver.

Nous avons fait un marathon des musées ce mois-ci et nous avons croisé quelques publications intéressantes (la personne qui a en premier placé les boutiques des musées à la sortie est un danger public).

Au Louvre et au musée de Cluny, nous avons respectivement trouvé :

Le Cahier de recettes de Catherine de Médicis: et autres dames illustres du château de Chenonceau

Une promenade gourmande dans l’imaginaire du château de Chenonceau, l’un des plus beaux joyaux du Val de Loire. Des recettes célébrant le patrimoine culinaire de la région et les goûts des dames illustres qui habitèrent le château : Catherine de Médicis, en premier lieu, souveraine dont le nom évoque les fastes de la Renaissance, et à qui l’on aime associer nombre de mets, de la confiture aux gelées, en passant par les artichauts ou les macarons. Mais aussi Diane de Poitiers, Louise de Lorraine ou encore Madame Dupin, dont l’hospitalité à Chenonceau laissa à Jean-Jacques Rousseau de délicieux souvenirs gustatifs.
Un cahier réversible : au recto 40 recettes délicieuses et facile à réaliser : beignets d’artichauts, risotto vert, poule au pot, crème glacée à la dragée... Au verso des pages vierges pour noter ses propres recettes.

Une iconographie très riche, composée de gravures anciennes et de magnifiques photographies du château de Chenonceau.

L’Authentique Cuisine du Moyen Âge

La cuisinière du chantier médiéval de Guédelon présente l’art culinaire du Moyen Age, les ingrédients et produits utilisés, les modes de cuisson connus et les préférences des différentes classes sociales. Elle propose plus de 80 recettes pour préparer des pains, des plats de viande, des tourtes, des soupes, des rissoles, etc.

Au musée Guimet, nous avons croisé de charmantes et fascinantes histoires :

Le Restaurant des recettes oubliées

Caché dans les ruelles de Kyoto se trouve le petit restaurant des Kamogawa d’où s’élèvent d’exquises odeurs de riz cuit, de nabe et de légumes sautés. En plus de savoureux repas faits maison, Nagare et sa fille Koishi proposent une expérience qui sort de l’ordinaire : reproduire un plat que leurs clients ont en mémoire, mais dont la recette est depuis longtemps oubliée. Nabeyaki udon, sushis au maquereau, tonkatsu ou spaghettis à la napolitaine... pour chaque nouveau plat, la famille Kamogawa enquête et propose à ses convives de déguster une nouvelle fois les délicieux mets qui ont marqué leur vie. Et grâce à un soupçon de magie, ces saveurs perdues enfin retrouvées permettent de rêver à de nouveaux départs.

Le chat qui voulait sauver les livres

Rintarô Natsuki, lycéen flegmatique, est sur le point de fermer la librairie héritée de son grand-père quand il reçoit une visite inattendue. Un pelage tigré, une queue touffue, deux yeux verts perçants : pas de doute, c’est bien un chat – un chat qui parle ! Et ce félin exprime une requête plutôt inhabituelle : il demande – ou plutôt exige – l’aide de l’adolescent pour aller sauver des livres. Le monde serait en effet peuplé de livres solitaires, non lus et mal aimés que le chat et Rintarô doivent libérer de leurs propriétaires négligents.

Une enquête du vénérable juge Ti

En un temps d’âpres luttes pour le pouvoir, dans la Chine du IXe siècle, un messager impérial vient demander au célèbre juge Ti d’enquêter sur un meurtre dont est soupçonnée la poétesse-courtisane Xuanji. Alors que la belle et talentueuse jeune femme croupit dans une geôle en attente de la sentence, l’enquête du juge le mènera à des secrets qu’il est préférable d’ignorer.

L’Été de la Sorcière

On passe lentement un col et au bout de la route, dans la forêt, c’est là. La maison de la grand-mère de Mai, une vieille dame d’origine anglaise menant une vie solide et calme au milieu des érables et des bambous. Mai qui ne veut plus retourner en classe, oppressée par l’angoisse, a été envoyée auprès d’elle pour se reposer. Cette grand-mère un peu sorcière va lui transmettre les secrets des plantes qui guérissent et les gestes bien ordonnés qui permettent de conjurer les émotions qui nous étreignent. Cueillir des fraises des bois et en faire une confiture d’un rouge cramoisi, presque noir. Prendre soin des plantes du potager et aussi des fleurs sauvages simplement parce que leur existence resplendit. Écouter sa voix intérieure.

Neige et corbeaux

En 1910 une épidémie de peste, la dernière de la planète, frappe Harbin, dans la région la plus au nord de la Chine. C’est une ville nouvelle et dans le désordre des ruelles enneigées se côtoient Russes, Japonais et Chinois, tout un monde cosmopolite et truculent. Avant que l’épidémie ne réduise tous les bonheurs en miettes.
En s’appuyant sur un formidable travail de documentation et de recherche, Chi Zijian a entrepris de dessiner une carte de la ville puis installé sur cette carte les scènes de son roman, les pavillons avec jardin, les églises, l’entrepôt de céréales, l’auberge des Trois Kangs, les maisons closes, la distillerie, l’écurie où dort le cocher de fiacre, les deux ormes et leur nuée de corbeaux, la pharmacie, le magasin de bonbons… C’est ainsi que le vieil Harbin a repris vie, avec les multiples histoires de ses habitants enchevêtrées les unes aux autres, dans une épopée vibrante d’énergie et de volonté de survivre.


 

Petit marathon de conférences sur des expositions au musée du Louvre

Chers Lecteurs,

le musée du Louvre a mis en ligne un certain nombre de conférences sur leurs expositions actuelles et comme certaines de ces expositions parisiennes vont bientôt fermer leurs portes, nous avons pensé que ces présentations pourraient vous aider à mieux comprendre certaines des œuvres  - et si vous n’avez pas la possibilité de venir les voir, ces vidéos vous en donneront un aperçu.

            L’exposition sur les chefs-d’œuvre de la collection Torlonia a été prolongé jusqu’au 6 janvier et ces merveilles dont nous vous avions brièvement parlé en août dernier vous bientôt repartir en Italie.

D’ailleurs, cette exposition connaît un tel succès qu’elle n’est plus accessible qu’avec une réservation, mais des nocturnes sont prévues en fin d’année et début janvier.

            Voici ce qu’écrit le musée au sujet de cette présentation :

Conférence présentée par Cécile Giroire et Martin Szewczyk (musée du Louvre), en direct de l'Auditorium Michel Laclotte, le 27 juin 2024 à 19h. 

Chefs-d’œuvre de la collection Torlonia 26 juin  2024 – 6 janvier 2025. 

 La plus grande collection privée de sculpture antique romaine conservée à ce jour – celle rassemblée par les princes Torlonia durant tout le XIXe siècle à Rome – se dévoile au public pour la première fois depuis le milieu du XXe siècle dans une série d’expositions-évènements. Et c’est au Louvre que les marbres Torlonia s’installent pour leur premier séjour hors d’Italie, dans l’écrin restauré qu’offrent les appartements d’été d’Anne d’Autriche, siège des collections permanentes de sculpture antique depuis la fin du XVIIIe siècle et la naissance du musée du Louvre. Les collections nationales françaises se prêtent volontiers à un dialogue fécond avec les marbres Torlonia, qui interroge l’origine des musées et le goût pour l’Antique, élément fondateur de la culture occidentale. 

Cette exposition met en lumière des chefs-d’œuvre de la sculpture antique et invite à la contemplation de fleurons incontestés de l’art romain, mais également à une plongée aux racines de l’histoire des musées, dans l’Europe des Lumières et du XIXe siècle. 

Commissariat général : Cécile Giroire, directrice du département des Antiquités grecques, étrusques et romaines. Commissariat scientifique : Martin Szewczyk, conservateur au département des Antiquités grecques, étrusques et romaines, musée du Louvre. Commissaires associés : Carlo Gasparri, Universita Federico II di Napoli, Accademia dei Lincei et Salvatore Settis, Scuola Normale Superiore di Pisa, Accademia dei Lincei et membre de l'Institut, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Sous la supervision de la Surintendance Spéciale de Rome.

 

            Ensuite, vous devriez monter au premier étage, à la Chapelle afin d’aller admirer (vous avez jusqu’au 3 février 2025), la toile de Watteau, Pierrot, dit le Gilles, qui a été superbement restaurée.

            Le musée nous dit :

Conférence présentée par Guillaume Faroult (musée du Louvre), en direct de l'Auditorium Michel Laclotte, le 21 novembre 2024 à 19h. 

Revoir Watteau. Un comédien sans réplique. "Pierrot", dit le "Gilles" 

16 octobre 2024 – 3 février 2025 

« Le tableau énigmatique du Louvre par excellence ». C’est ainsi que le peintre et écrivain Bernard Dufour a qualifié le Pierrot, longtemps dénommé le Gilles, d’Antoine Watteau (1684-1721). Au-delà de la figure familière et iconique de cet étrange personnage tout de blanc vêtu, c’est bien d’une œuvre d’une absolue singularité dont il s’agit. Tout, de son histoire à sa composition, en passant par son iconographie et son format, intrigue et interroge. Les origines de la toile demeurent totalement inconnues et sa première mention certaine ne date que de 1826. L’interprétation du tableau, inspirée par l’univers du théâtre et notamment par Pierrot, le personnage comique le plus célèbre à l’époque, demeure elle aussi complexe. 

  

           Redescendez ensuite au rez-de-chaussée afin d’explorer les deux salles juste au dessus du Hall Napoléon où vous pourrez découvrir ou redécouvrir Guillon Lethière. Certaines œuvres de collections privées méritent d’être admirées.

            Afin d’en savoir plus sur le sujet, regardez cette conférence :

Présentation de l'exposition "Guillon Lethière, né à la Guadeloupe" du 4 Décembre 2024. 

13 novembre 2024 – 17 février 2025

Par Marie-Pierre Salé, musée du Louvre Guillaume Guillon Lethière a été, écrit Charles Blanc dans son Histoire des peintres de toutes les écoles (1865), «une des grandes autorités de son temps». Né à Sainte-Anne, à la Guadeloupe, en 1760, fils illégitime d’une esclave d’origine africaine et d’un colon blanc procureur du roi, Guillon Lethière eut un destin exceptionnel, et occupa les postes parmi les plus prestigieux du monde des arts. Il maintint tout au long de sa vie des liens étroits avec des personnalités et des artistes venus des Caraïbes, ainsi avec la famille Dumas – le général, lui aussi fils d’une esclave, et le jeune écrivain Alexandre Dumas. Comme nombre de ses contemporains il dut, pour obtenir des commandes, s’adapter à la rapide succession des régimes et aux retournements politiques, depuis la période révolutionnaire jusqu’à l’aube de la monarchie de Juillet. 

Présentée à Paris après l’étape au Clark Art Institute de Williamstown (États-Unis), l’exposition permettra de suivre ce parcours romanesque et singulier, mais aussi révélateur des possibilités offertes par une époque de mutations et de bouleversements. Elle sera l’occasion de redécouvrir son œuvre, largement consacré aux sujets antiques et littéraires, et son tableau le plus célèbre, Le Serment des ancêtres, offert à la jeune république d’Haïti, dans lequel il exprime ses convictions en faveur de la liberté des peuples et de l’égalité des êtres humains. 

Commissaires de l'exposition : Esther Bell, Deputy Director et R. et M. Berman Lipp Chief Curator, et Olivier Meslay, Hardymon Director, assistés de Sophie Kerwin, curatorial assistant, Clark Art Institute, et Marie-Pierre Salé, musée du Louvre.

  

            Juste en dessous de l’exposition Guillon Lethière, celle sur les Figures du fou vous attend (jusqu’au 3 février seulement).

             Afin de vous aider à mieux comprendre la richesse des pièces exposées, vous pouvez regarder cette conférence :

Conférence présentée par Elisabeth Antoine-König et Pierre-Yves Le Pogam (musée du Louvre), en direct de l'Auditorium Michel Laclotte, le 21 octobre 2024 à 19h. 

Figures du fou. Du Moyen Âge aux Romantiques 

16 octobre 2024 – 3 février 2025 

Les fous sont partout. Mais les fous d’hier sont-ils ceux d’aujourd’hui ? Le musée du Louvre consacre cet automne une exposition inédite à ces multiples figures du fou, qui foisonnent dans l’univers visuel du 13e au 16e siècle. Manuscrits enluminés, livres imprimés et gravures, tapisseries, peintures, sculptures, objets précieux ou du quotidien : entre Moyen Âge et Renaissance, le fou envahit littéralement tout l’espace artistique et s’impose comme une figure fascinante, trouble et subversive dans une époque de ruptures, pas si éloignée de la nôtre. 

  

           Bonne visite (virtuelle ou au musée) !

 

« Mais... non, Gustave ! » ou de quelques erreurs historiques de Crauk

            Nous avons parfois mentionné notre travail d’édition de l’ouvrage de Gustave Crauk, un de nos lointains cousins, Soixante ans dans les ateliers des artistes – Dubosc, modèle. Pour Crauk, Charles Alix Dubosc (Rouen, 21 fructidor an V [7 septembre 1797] – Paris, 15 janvier 1877), qui posa pour de très nombreuses générations d’artistes, ne fut qu’un prétexte afin d’écrire une œuvre sur les arts de la fin de la royauté à la mort de Dubosc en 1877.

Il est certes vrai qu’un livre ne parlant que de la vie de Dubosc n’aurait sans doute pas été aussi intéressant que le travail que Crauk nous a laissé, mais ses talents de biographe laissaient largement à désirer et il reste de nombreux mystères sur la vie de Dubosc – et pourtant, ce travail est un magnifique témoignage de la vie des modèles alors que la plupart d’entre eux furent tout simplement oubliés.

Crauk avait parfois une orthographe approximative pour certains patronymes (à tel point qu’il nous fut parfois impossible de parvenir à retrouver de qui Crauk parlait, ce qui fut particulièrement frustrant). Il avait aussi parfois tendance à rapporter de simples ragots dont certains étaient sexistes : c’est notamment à cause de lui que nous travaillons à une nouvelle biographie de Constance Mayer La Martinière).

            Nous allons vous parler de la vie de Crauk (terrible en orthographe, amateur de rumeurs et de sensationnel, mais extraordinaire et infatigable artiste) avant de partager avec vous deux des ses erreurs.

 

Adolphe Désiré, dit Gustave, (Valenciennes, 16 juillet 1827 – Meudon, 16 novembre 1905) fut le second fils des Crauk et leur cinquième enfant.

Il suivit la voie tracée par son frère aîné, Charles Alexandre (Douchy-lès-Mines, 27 janvier 1819 – Paris, 30 mai 1905), qui fut peintre, mais il se tourna vers la sculpture et suivit l’enseignement de James Pradier (1790-1852).

Quand il naquit, la famille Crauk résidait dans une demeure, bâtie au siècle précédent, au 4, rue des Maillets[1]. Gustave pesait onze livres à la naissance, avaient des yeux bleu-foncés dont il conserva la teinte et avait une petite bosse au milieu du front, ce qui fit dire à l’ancien grognard, le père Hainque, qui était le vieux voisin des Crauk, que c’était un très bon présage pour cet enfant.

Ce qui fut réellement une bénédiction pour ce bébé fut la proximité d’Hainque, car il sauva Gustave d’une fluxion de poitrine en lui administrant littéralement un remède de cheval grâce à des ventouses scarifiées dont il garda toujours les cicatrices. Hainque réussit là où le père de Crauk, médecin militaire, et la totalité de ses collègues échouaient. Le sauveur de Gustave resta dans sa vie jusqu’à ce que la fâcheuse habitude d’Hainque de jurer finit par faire interdire à Gustave de lui rendre visite afin que l’enfant ne jure pas comme un… grognard.

Gustave fut très vite mobile, ce qui compliqua la vie de la maisonnée et particulièrement celle de sa bonne, Victoire. C’était elle qui l’emmenait à la « petite école », mais elle arrivait bien souvent avec la coiffure défaite à cause du turbulent Gustave.

Très observateur, il sentait à quelle heure son père devait se lever afin de se rendre au travail et si la chambre de ses parents, voisine de la sienne, était toujours silencieuse au moment où il aurait dû les entendre se lever, Gustave servait de réveil matin en frappant au mur et en disant « Papa-pital ».

Au printemps 1833, si les souvenirs de Gustave étaient exacts, la famille décida de déménager à cause de nouveaux voisins et ils partirent pour le centre de Valenciennes dans la rue de Paris.

Gustave fut envoyé à l’École des Frères où il fut relativement sérieux et n’eut que de bons souvenirs.

Après avoir été le réveil de la famille, quand il fut un peu plus grand, Gustave fut chargé de préparer la jument de son père, Mimiss, en la brossant et en lui cirant les sabots avant de s’occuper des chaussures de la famille. Ce fut malheureusement lors d’une séance de cirage que des ouvriers sur le toit firent tomber une planche qui heurta l’enfant. Gustave continua sa tâche alors qu’il avait une fracture et saignait. Il est à espérer que le bon docteur Crauk était plus doué avec ses malades à l’hôpital, car Gustave, qui conserva toujours une trace de l’accident, fut à peine examiné et fut laissé debout. Fort heureusement, il n’eut qu’un peu de fièvre et un creux sur le crâne, mais la situation aurait pu être beaucoup plus sérieuse[2]. Quand le temps était à la pluie, sa mère (ou la bonne) lui avait appris à s’occuper à l’intérieur en tricotant des petits bas ; cette activité fort utile fut également un excellent entraînement à la dextérité pour notre futur sculpteur.

Gustave eut droit à un petit privilège à partir de ses sept ans : il fut invité par un cousin de son père, le curé Albert Crauk, à venir passer ses étés à la cure à Estrun. En septembre 1833, Justine Crauk escorta son fils jusqu’à Estrun afin de lui faire voir le chemin qu’il aurait à faire seul l’été suivant ; l’enfant avait à parcourir quatre lieues et demie (soit environ vingt-trois kilomètres, distance qu’un adulte peut couvrir en presque cinq heures). Les mois que Gustave passa à la cure furent des moments privilégiés pour cet enfant calme qui devait lutter pour sa place dans sa fratrie quand il résidait dans la maison familiale.

La bonne, Catherine, s’occupa fort bien de l’invité de la cure. Le chien, Pyram, devint un compagnon de jeux et Gustave sympathisa avec les enfants du village. Il s’entendait fort bien avec Albert et le privilège fut étendu à Pâques.

À son retour d’Estrun en octobre 1835, Gustave rejoignit les cours de dessin d’Antoine Potier (1796-1865) à l’Académie des Beaux-Arts de Valenciennes; ce fut le point de départ de sa formation artistique. Dès les premiers cours, il fut très appliqué et son intérêt pour le dessin fit que Potier se prit d’affection pour son jeune élève. Gustave suivait toujours l’enseignement des Frères, mais c’était les heures qu’il passait à l’Académie qui illuminaient sa vie ; dès qu’il rentrait chez lui, il s’exerçait à copier tous les dessins qu’il pouvait trouver. Rapidement, il commença également à utiliser de la terre et de la cire afin de créer de petites figurines (il tenta de les cacher dans une armoire lorsqu’il se rendait à Estrun, mais ses cadets les trouvèrent et les détruisirent ; dès qu’il découvrit cette perte à son retour, il se remit au travail). L’imagination de Gustave fut aussi stimulée à partir de 1835 ou 1836 quand il commença à suivre son père au théâtre de la ville où Charles était médecin ; là, il vit toutes sortes de spectacles.

Il arrivait aussi à Gustave d’aller aider Christophe Lemaire, qui avait épousé sa tante maternelle. Son oncle était marchand papetier, libraire, relieur et empailleur ; n’ayant pas d’enfant, il offrit à Gustave de lui laisser son affaire s’il venait travailler avec lui. Les parents de Gustave étaient favorables à ce projet, mais le travail d’empailleur n’attirait pas Gustave et les cours de l’Académie l’attiraient plus. Ses parents acceptèrent son choix, mais son oncle lui en tint un peu rigueur.

Son entrée au collège en 1838 resta à jamais un mauvais souvenir pour Gustave qui continua néanmoins à travailler à l’Académie. Il se mit également à lire beaucoup, ce qui continua de nourrir son imagination. Potier, hautement conscient du potentiel de son jeune élève, ne cessa de le recommander aux inspecteurs de l’Académie ; à partir de 1840, Gustave commença à obtenir des récompenses pour son travail.

En 1841, Gustave passa quelques semaines à Paris avec son frère aîné. Ce séjour aurait dû lui être plus profitable, mais il arriva en pleine canicule et fut laissé livré à lui-même. Si ce séjour-là fut un échec, Gustave était toujours aussi travailleur et le marquis Auguste de Montaigu[3] (1812-1904) devint son mécène en 1844 et il finit même par l’héberger à Paris en 1846, ce qui lui permit d’entrer à l’École des Beaux-Arts.

Gustave rejoignit l’atelier de James Pradier et se trouva un petit atelier rue de Vaugirard (le marquis de Montaigu finança cette entreprise et lui trouva autant de commandes qu’il le put ; Gustave le remercia en sculptant son buste en 1893. Cette œuvre se trouve aujourd’hui au Musée des Beaux-Arts de Valenciennes après avoir été conservée au Musée Crauk).

Premier prix de Rome en 1851 avec Les Grecs et les Troyens se disputant le corps de Patrocle, tous s’accordait à dire qu’il était très travailleur – ce qui fut sans doute l’une des raisons pour lesquelles Charles-Alix Dubosc lui accorda sa confiance, lui qui ne supportait pas les fainéants. La municipalité de Valenciennes lui accorda une subvention de mille francs afin de l’aider à financer son voyage à Rome où il resta trois ans.

À son retour, il commença à participer au Salon ce qui le fit remarquer et quelques bonnes critiques lui apportèrent plus de travail.

Le 15 novembre 1861 à Meudon, Gustave épousa Marguerite Alphonsine Adrienne Gondoin (Paris, 22 décembre 1843 – Meudon, 1er janvier 1929), ce qui le fit entrer dans une célèbre et prestigieuse famille d’architectes et de peintres ; il reçut de nombreuses commandes de l’État et fut régulièrement sollicité par des particuliers. Marguerite Crauk fut une alliée précieuse et elle défendit son héritage après la mort de son mari en protégeant le Musée Crauk[4] à Valenciennes et en assurant la publication du Carnet d’un sculpteur sur lequel il travaillait avant sa mort.

Sans être religieux à outrance, Gustave Crauk admettait volontiers qu’il se tournait vers le Très-Haut lorsqu’un malheur lui arrivait. Curieusement, le premier objet qu’il parvint à s’approprier étant enfant fut un vieux crucifix en buis (il le retrouva à l’âge adulte et le conserva précieusement) et l’œuvre qu’il acheva la dernière fois qu’il se rendit à son atelier le 5 novembre 1905, onze jours avant sa mort, fut un buste du Christ dont il était très fier.

Le 16 novembre, à 16h30, Adolphe Désiré, dit Gustave, Crauk s’éteignit dans sa demeure de Meudon au 7, rue de l’Arrivée. Marguerite Crauk confia le lendemain, à 14h, la pénible tâche de la déclaration du décès à la mairie de Meudon à l’entrepreneur des pompes funèbres, George Wormser, de Clamart et à Pierre Machard, qui était le petit neveu de Marguerite. La sœur aînée de Marguerite, Marie, épousa vers 1855 Miguel Aleo, qui était un propriétaire cubain et un artiste photographe. Leur fille, Ernestine Louise Marie, était née en Espagne le 28 juillet 1854 et elle épousa Jules Louis Machard à Meudon le 2 octobre 1875 (Gustave avait réalisé le cénotaphe de Jules Machard en 1900) ; leur seul fils et second de leurs trois enfants, Ernest Pierre Henri Miguel, naquit à Meudon le 19 septembre 1877 et il devint peintre et photographe.

Le 18 novembre, un service religieux eut lieu en l’église Saint-Martin de Meudon. Un faire-part fut envoyé, mais après le service car Crauk avait demandé qu’aucune invitation ne fût envoyée.

 

 

 

            Au Chapitre V de Soixante ans dans les ateliers des artistes – Dubosc, modèle (pp. 113-114 de notre édition), Crauk écrivait :

« Le duc de Luynes, ce superbe protecteur des arts, fait faire une importante restauration de son château de Dampierre ; l’architecte Duban est chargé de l’exécuter ; autour de lui se groupent les premiers peintres et sculpteurs ; M. Ingres commence les fresques des Trois Âges, qui ne devaient pas être achevées. Vingt récits contradictoires ont été faits sur la brouille survenue entre le duc de Luynes et M. Ingres, pendant que ce dernier exécutait les fresques à Dampierre ; il en ressort que ces regrettables démêlés eurent pour point de départ le manque de tact de la première madame Ingres ; cette excellente femme, compagne courageuse des années difficiles, conservait de ce temps d’épreuves des habitudes de parcimonie excessive et tatillonne, elle s’aliéna les gens du duc, de là des froissements, la rupture, et ce souvenir pénible qu’un grand artiste et qu’un tel grand seigneur aient pu se méconnaître. La fresque de l’Âge d’or seule fut en partie terminée, les autres panneaux sont restés à peine ébauchés et voilés par des draperies. »

Selon Crauk, c’est Mme Ingres qui était à blâmer quand les choses tournèrent au vinaigre entre son époux, Jean Auguste Dominique Ingres (Montauban, 29 août 1780 – Paris, 14 janvier 1867) et Honoré Théodoric Paul Joseph d’Albert, duc de Luynes (Paris, 15 décembre 1802 – Rome, 15 décembre 1867), qui était l’héritier d’une famille extraordinaire et qui reçut une excellente éducation et se passionna pour l’antiquité et l’archéologie (à tel point qu’il parvint même à reproduire des techniques antiques).

            Et bien… non.

Curieusement, il semblerait plutôt que la pauvre Madeleine Chapelle (1782-1849), épouse Ingres, n’ait fait que décéder à Dampierre, ajoutant aux troubles de son mari.

Ce dernier et le duc sont les seuls à blâmer pour cet échec : Ingres n’avançait pas, alors qu’il avait insisté pour faire des fresques alors qu’il aurait été plus simple de peindre des toiles  (les murs où devaient se trouver les œuvres avaient même été replâtrés) et le duc perdit un jour patience, faisant placer les outils d’Ingres dans la cour du château – d’autant plus qu’il n’appréciait guère les excès de nudité dans la première fresque.

De plus, c’était Ingres lui-même qui se plaignait de n’être pas assez payé.

Crauk fut donc parfaitement injuste en rejetant la faute sur Mme Ingres.

 

Une autre erreur monumentale de Crauk se trouve au Chapitre VII (pp. 174-175 de notre édition). Il nous disait :

« L’année 1852 amène de nouveaux deuils dans les arts ; Pradier meurt subitement, encore jeune pour la production. Cette nouvelle vient, à Rome, surprendre douloureusement les pensionnaires de l’Académie de France.

Le 2 juin, Pradier était allé avec sa plus jeune fille, Thérèse, et deux ou trois de ses élèves, à la campagne, par une de ces belles journées qui devancent l’été ; on devait dîner chez un riche habitant de Bougival ; le grand sculpteur était l’attrait promis à de nombreux invités ; on avait obtenu, sans le connaître personnellement, par l’un de ses élèves, l’honneur de sa présence. Avant d’entrer, Pradier veut faire une promenade, la fraîcheur transparente de ce beau paysage l’attire… Tout à coup, il tombe frappé par une attaque d’apoplexie[5] ; ses élèves le transportent mourant chez son hôte ; mais le cynique personnage refuse de le recevoir, il ne veut pas d’un agonisant dans sa maison… il attend des convives. On obtient, à grand’peine, qu’il laisse étendre Pradier dans une pièce basse, à l’écart. Le médecin est appelé. Le soir, c’est l’agonie sans connaissance ; une enfant, des amis en larmes, tandis que s’achève, à quelques pas de là, un dîner joyeux, dont le bruit parvient jusqu’à la chambre funèbre. Les élèves de Pradier n’ont pas oublié le nom de cet homme. — Le matin, la mort était venue, et le triste cortège reprenait le chemin de Paris. »  

Au moment des faits, Crauk était à Rome et ce qu’il rapporte est faux.

En 1897, une lettre de Paul Marin (1823-1898) à Francis Pradier (James Louis Francis était né à Genève le 11 février 1869 et il est mort à Paris le 29 décembre 1901), petit-fils du sculpteur, apporte quelques explications quant au déroulement de cette funeste journée. Le Genevois Marin, ami de James Pradier accompagnait le maître.

Jean-Jacques, dit James, Pradier (Genève, 23 mai 1790 – Paris, 4 juin 1852). Il arriva à Paris en 1807 afin de travailler avec son frère graveur, Charles-Simon Pradier (1786-1847), et afin de suivre les cours de sculpture à l’École des Beaux-Arts dès 1808. Après avoir reçu le prix de Rome, il résida en Italie de 1814 à 1818 et commença à participer au Salon dès son retour en 1819. Il apprit également auprès d’Ingres et se révéla différent de ses contemporains en utilisant une touche d’érotisme, voire de romantisme, dans son néo-classicisme qui choqua parfois. Il fut aussi l’un des rares artistes de l’époque à terminer lui-même ses œuvres. Il devint professeur à l’École des Beaux-Arts en 1828, remplaçant son maître. Durant sa longue carrière, il sut plaire à tous les régimes politiques qu’il traversa.

Étaient aussi du voyage l’élève Noémi Constant, l’ancien élève Eugène Guillaume, Thérèse Pradier (Jeanne Marie Thérèse était née à Paris le 3 juillet 1839 ; elle y est morte le 20 février 1915), plus jeune enfant du maître, et Adeline Chômat, gouvernante de Thérèse et secrétaire de Pradier, prirent le train à la gare Saint-Lazare et arrivèrent à Bougival vers 13h30.

D’après les éléments que nous avons pu trouver dans diverses archives, Françoise Marie Adeline Chômat, fille de Jean Chômat (un enseignant originaire de Bellegarde qui mourut à Genève en 1832) et de Marie Aimée Mondon, fut engagée par Pradier en 1845 afin de s’occuper de sa fille cadette. Entre les mentions d’Adeline dans la correspondance de Pradier et les données dans les archives municipales de Paris (l’acte de naissance [n°1299] de son fils, Jean Joseph Claudius Marcadé, à Paris II, le 2 août 1861), nous avons pu déduire qu’elle était née entre 1821 et 1824,  ce qui nous a aidé à la retrouver dans les registres à Saint-Étienne (comme mentionné dans son acte de décès) où elle est née le 24 février 1822 [Acte n°199].

Elle prit une telle importance dans la vie de Pradier que certains, dont Flaubert, étaient persuadés qu’elle était sa maîtresse.

Elle fut responsable de l’inventaire des biens de Pradier après son décès et il lui légua dix mille francs.

Le 24 septembre 1859, dans le IIIème arrondissement de Paris, elle épousa un négociant en draps, Jean Théodore Marcadé. L’acte de mariage de leur fils à la mairie du VIIème arrondissement de Paris le 23 juin 1885 [n° 386] nous apprend que les époux Marcadé n’étaient plus de ce monde. Jean n’est pas mort à Paris, mais le décès d’Adeline le 13 septembre 1867, à 4h du matin, est enregistré dans le IIème arrondissement.

Pradier, sa fille et sa gouvernante et ses élèves étaient invités par Eugène Forcade (1820-1869), qui était financier et publiciste ; il collaborait à la Revue des Deux-Mondes. Forcade résidait au 150, rue de Mesmes à Rueil et il n’était pas prêt à recevoir ses invités, alors ils décidèrent d’aller admirer la machine hydraulique de Marly, système de pompage qui assure l’alimentation en eau des jardins du château de Marly et du parc de Versailles, à quelques kilomètres de là.

Pradier et Chômat étaient restés près de chez Forcade, où Pradier fut amené après une attaque d’apoplexie.

Ce fut là que ses amis et disciples le trouvèrent vers 15h (donc Forcade n’avait pas refusé d’ouvrir sa porte au mourant et il l’avait fait étendre sur un lit). Le décès, survenu à 22h30, fut déclaré le lendemain à la mairie de Rueil par Eugène Guillaume.

 

            Certes Crauk n’avait pas un correcteur d’orthographe et tout Internet à sa disposition, mais il était parfois tout disposé à nous raconter des balivernes sans jamais rien vérifier.

 

Qui aurait un TARDIS à nous prêter ? Ce serait pour rendre une visite amicale à un très lointain cousin…



[1] : Quand Marguerite Crauk écrivit sur son mari, la numérotation de cette demeure allait du 9 au 11.

[2] : Certes, nous réagissons presque deux siècles plus tard à une époque où IRM et chirurgie font des miracles, mais le docteur Charles Crauk aurait peut-être pu faire plus pour son fils de six ans. Il est vrai que Charles a peut-être réagi en médecin militaire et le sort médical des enfants était peu enviable jusqu’à une époque très récente.

[3] : Il n’était pas encore marquis à ce moment-là, car son père ne mourut qu’en 1846.

[4] : Ce musée avait ouvert ses portes en 1902. Il survécut à la Grande Guerre, mais pas aux intempéries ; le bâtiment ne protégeait plus les œuvres qui furent transférées au Musée des Beaux-Arts de la ville.

[5]  : Ce terme, aujourd’hui historique, pouvait désigner une hémorragie cérébrale ou un accident vasculaire cérébral (AVC).