« Nouvelles » du Titanic

Même en ayant fait un maximum de recherches sur le Titanic quand nous avons travaillé le sujet il y a quelques mois, certaines choses nous avaient échappées.

Nous allons donc faire quelques corrections et ajouts (notamment grâce à Oceanliner Designs sur Youtube) à nos articles précédents.

 

1 – Les hélices du Titanic

Les photos des hélices de l’Olympic lors de sa construction (deux hélices tripales et une quadripale centrale) sont en général présentées comme étant le modèle qui fut monté sur le Titanic. Cependant, c’est oublier que les ingénieurs de l’époque faisaient changer les hélices des navires et que le nombre de pales avait des effets différents : plus de vitesse (moins de pales) ou moins de vibrations (plus de pales).

On sait aujourd’hui que trois tripales furent installées sur le Titanic (deux hélices tripales de 7 m de diamètres et de l’hélice tripale centrale de 5 m de diamètre). En effet, en 2008, on retrouva le carnet d’un ingénieur du chantier qui indique que l’hélice centrale n’était pas quadripale.

L’hélice quadripale de l’Olympic fut d’ailleurs brièvement remplacée par une tripale, mais ses performances durent être décevante car une quadripale fut de nouveau installée.

Tous les films sur le Titanic (antérieurs à la découverte du carnet de l’ingénieur) montrent deux tripales et une quadripale centrale, ce qui fait que cette image est imprimée dans l’imaginaire collectif et certains prétendirent que l’ingénieur avait mal pris ses notes.

Il est regrettable que la poupe du navire soit enfoncée dans les sédiments marins et qu’il nous soit impossible d’avoir une confirmation visuelle, mais comment douter des données de l’ingénieur du chantier (d’autant plus qu’un essai de tripale centrale fut fait sur l’Olympic après le naufrage du Titanic) ?

 

Les premières hélices de l’Olympic (Photo Welch)


L’Olympic avec une hélice centrale tripale

 

 

            2 – La réponse de Phillips à son collègue du Californian :

 

 

            À 22h55, Cyril Evans (1892-1959), opérateur radio du Californian (un cargo qui avait quelques rares cabines pour des passagers qui ne pouvaient pas se permettre un billet sur un vrai transatlantique) contacta donc « Jack » Phillips (1887-15 avril 1912). Evans oublia de commencer son message d’alerte avec le préfixe qui indiquait qu’il s’agissait d’un message important et Phillips lui indiqua qu’il était trop occupé pour lui répondre. Il était en fin de service, avait passé une bonne partie de la journée de la veille à réparer la radio au lieu de dormir (contrairement aux instructions de leur employeur, la compagnie Marconi, qui recommandait de ne pas tenter de réparer un appareil défectueux et d’attendre d’être au port), ce qui sauva probablement tous les rescapés dans les canots, et il croulait sous des messages personnels de passagers qui s’étaient accumulés sur son bureau.

Phillips employa les codes linguistiques des employés Marconi, qui étaient très osés pour l’époque, mais ils étaient de jeunes hommes qui plaisantaient entre eux ; on a longtemps pensé qu’il avait envoyé son collègue aux pelotes alors qu’il lui disait simplement qu’il avait trop de pain sur la planche pour papoter.  Evans ne le recontacta pas et alla se coucher puisqu’il était le seul opérateur à bord.

C’est grâce à l’autobiographie d’un des officiers du Carpathia que l’on sait comment les opérateurs radio se parlaient entre eux.

Phillips n’a pas dit à Evans « Boucle-la. Boucle-la. Je bosse. », mais plutôt quelque chose du genre « Désolé, vieux, je croule sous les messages de mes passagers et j’ai pas l’temps d’te parler ».

Bref, sur cette anecdote, nous n’avons plus les références des opérateurs Marconi ce qui fait commettre une grave injustice envers Phillips sans qui aucun SOS n’aurait pu être envoyé – heureusement que ce brave jeune homme ne suivit pas ses ordres à la lettre ou nous aurions sans doute un « mystère du Titanic » avec la totalité des âmes à bord perdues en mer.



Jack Phillips et Harold Bride

 

            3 -  Les Hurd (et autres journaleux) :

À l’arrivée du Carpathia à New York, certains gratte-papiers s’approchèrent du navire à bord de petits bateaux et tentèrent soit de contacter les passagers qui étaient sur le pont, soit de monter à bord (l’un d’entre eux y parvint et fut gardé sur la passerelle jusqu’à l’arrivée au port sur ordre du capitaine Rostron, qui dû menacer les autres assaillants de faire feu s’ils tentaient d’aborder). Malheureusement, un des passagers d’origine du Carpathia était un journaliste ; Carlos Fayette Hurd (1876-1950) travaillait pour le St. Louis Post-Dispatch et il était à bord avec son épouse, Katherine, née Cordell (1879-1928). Rostron et son équipage connaissaient le métier de Hurd et ils retirèrent le papier à lettres de leur cabine et essayèrent de surveiller le couple afin de s’assurer qu’ils ne prenaient pas de notes. Les Hurd savaient que leur position étaient exceptionnelle et malgré les précautions de l’équipage, ils s’étaient procuré de quoi écrire auprès de passagers trop confiants et étaient parvenus à interroger quelques survivants ; les notes du travail de Carlos restèrent cachée dans le corset et le jupon de Katherine. L’éditeur du New York World, Charles Chapin, loua une barque et alla récupérer l’article de Hurd que ce dernier avait réussi à emballer de telle façon que Chapin aurait pu récupérer son travail même s’il était tombé à l’eau – mais Chapin rattrapa le précieux paquet dont le contenu fut immédiatement publié, ce qui valut un bonus à Hurd.

4 – Marconi rendit visite à Bride :

Les membres du personnel du Titanic furent les derniers à quitter le Carpathia – à l’exception de Bride qui resta à bord afin de continuer à aider son collègue radio car le navire était assailli de messages. Bride, qui était devenu opérateur radio parce qu’il admirait Guglielmo Marconi (1874-1937), eut la surprise d’avoir la visite de ce dernier à bord le soir même de leur arrivée. Marconi était accompagné de Jim Spears du New York Times qui proposa à Bride une somme conséquente en échange d’une interview ; Bride écouta le conseil de Marconi et accepta l’offre et son histoire fit la une le lendemain. Bride termina son travail et fut évacué par deux hommes qui le portèrent car ses pieds étaient encore bandés et il ne pouvait marcher seul.

Un sujet n’est jamais exploré à 100%. Il y a toujours quelque chose de nouveau à découvrir, remarquer ou comprendre enfin.

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