La fête des pîtres (14-15 juin 2025)

    C'est l'anniversaire de la Monnaie de Paris.

    Comme chaque année, leurs portes vont être ouvertes gratuitement ; le musée, les expositions et des animations diverses et variées vous y attendent. 

Nous vous recommandons le concert des élèves du conservatoire du VIème arrondissement si vous êtes libre le 15.

Informations et billetterie sont sur cette page

Bonne(s) réservation(s) et bonne fête des pîtres !

Exposition : Mamlouks - 1250-1517 au Louvre (jusqu'au 28 juillet 2025)

            Cette exposition est une première mondiale. En effet, la dernière exposition consacrée aux Mamelouks remonte au début des années 1980 et ne fut présentée qu'aux États-Unis ; de plus, elle présentait une mise en scène par matériaux (on expose par thème aujourd'hui). 

Comptez deux heures pour tout admirer sans courir ; c'est une exposition très riche et qui présente des pièces magnifiques :

Bassin, bol, brûle-parfum en cuivre incrusté d'or, d'argent et de pâte noire (en arrière-plan, une projection sur la totalité des trois murs - les images défilent, donnant l'impression d'être dans un ascenseur, donc profitez du banc mis à disposition afin d'admirer cette présentation de quelques minutes)

Céramiques et pièces en verre :
 


et le célèbre baptistère de Saint-Louis :


Donc, si vous le pouvez, direction Hall Napoléon au Louvre… 

Pour vous donner une idée du sujet, voici sa bande-annonce :

 

 


Clef de la Kaaba au nom du sultan Faraj (1399-1412), Égypte, vers 1399-1412.

Alliage ferreux coulé, damasquinure d’or et d’argent, Paris, musée du Louvre, département des Arts de l’Islam

Voici ce que nous dit le musée (il y a un splendide dossier pédagogique à télécharger sur cette page) :

Mamlouks

1250-1517

Pour la première fois en Europe, le musée du Louvre présente une exposition majeure sur le sultanat mamlouk (1250-1517), qui vise à aborder dans toute son ampleur et sa richesse cet âge d’or du Proche-Orient islamique, en l’inscrivant dans une perspective transrégionale.

Esclaves militaires d’origine majoritairement turque puis caucasienne, les Mamlouks ont construit leur légende sur leur puissance guerrière. De 1250 à 1517, le sultanat mamlouk a vaincu les derniers bastions des croisés, combattu et repoussé la menace des Mongols, survécu aux invasions de Tamerlan et maintenu à distance ses menaçants voisins turkmènes et ottomans avant de succomber à l’expansionnisme de ces derniers. Il embrasse un vaste territoire qui comprend l’Égypte, le Bilad al-Sham (Syrie, Liban, Israël/Palestine, Jordanie), une partie de l’est de l’Anatolie et le Hedjaz en Arabie où sont situées La Mecque et Médine.

Mais l’histoire du sultanat mamlouk ne saurait se limiter à ses conquêtes et faits d’armes. Sa culture tout aussi complexe et protéiforme que sa société participe d’une époque médiévale méconnue et singulièrement mouvante. Un monde où se croisent sultans, émirs, riches élites civiles activement engagés dans le mécénat. Une société plurielle où les femmes comme les minorités chrétiennes et juives ont une place. Un autre « empire du Milieu » où convergent l’Europe, l’Afrique et l’Asie et au sein duquel les personnes et les idées circulent au même titre que les marchandises et les répertoires artistiques.

Conçue autour de cinq sections (les Mamlouks, leur société, leurs cultures, leurs connexions avec le monde et leur art), l’exposition présente près de 260 œuvres dont un tiers provient des collections du Louvre et du musée des Arts Décoratifs, à côté de prêts nationaux et internationaux prestigieux. Textiles, objets d’art, manuscrits, peintures, ivoires, décors de pierre et de boiserie dévoilent un monde artistique, littéraire, religieux et scientifique foisonnant. Le sultanat est alors le cœur culturel du monde arabe et l’héritier de hautes traditions. La culture visuelle mamlouke marquera durablement l’histoire de l’architecture et des arts.

L’exposition, à travers une scénographie spectaculaire, des espaces immersifs et des dispositifs variés, invite les visiteurs à faire une expérience vivante du monde des Mamlouks. Le parcours proposera aussi des rencontres avec des personnages historiques représentatifs de la société mamlouke, racontant des histoires singulières au sein de la grande Histoire.

Voici une occasion inédite de découvrir cet empire glorieux et pourtant méconnu, à travers des chefs-d’œuvre venus du monde entier, offrant un autre regard sur l’Égypte et le Proche-Orient médiévaux, alors au centre des échanges entre l’Asie, l’Afrique et l’Europe.

 

             Si vous souhaitez « faire vos devoirs » avant d'aller visiter cette exposition, cette conférence vous expliquera sur quelles pièces vous attarder :

Exposition : Bronzes royaux d’Angkor, un art du divin au musée Guimet (jusqu'au 8 septembre 2025)

            Cet été va nous proposer quelques expositions qui présentent des pièces extraordinaires.

            Au musée Guimet, vous pouvez visiter l’exposition « Bronzes royaux d’Angkor, un art du divin » (jusqu’au 8 septembre). 

Sans ressembler à la station Châtelet aux heures de pointes, vous ne serez pas seul à visiter cette exposition. Le nombre de pièces prêtées par le musée national du Cambodge est époustouflant et vous pourrez en admirer la plus grande partie dans l'espace d'exposition du sous-sol ; le grand Vishnou, lui, vous attend juste à l'entrée :

(Nous avons pris d'autres photos de lui, mais l'intrus à l'arrière-plan nous a semblé amusant)

Le musée Guimet a préparé une fiche sur ce bronze :

 
et si le travail d'archeovision vous intéresse, vous pouvez visiter cette page.
 

Le site du musée nous livre une fascinante présentation (avec vidéo en mode bande-annonce et podcast de présentation en plusieurs épisodes) :

« Mondialement célébré pour ses monuments de pierre, l’art khmer a aussi produit une importante statuaire de bronze dont la connaissance a fait l’objet d’avancées spectaculaires à la faveur de fouilles récentes.

C’est au bronze que le musée Guimet consacre l’exposition Bronzes royaux d’Angkor, un art du divin. Clou de cette exposition : la statue du Vishnou couché du Mébon occidental - un sanctuaire du 11e siècle à l’ouest d’Angkor - retrouvée en 1936, qui mesurait à l’origine plus de cinq mètres de longueur. Ce trésor national du Cambodge sera exposé pour la première fois avec ses fragments longtemps séparés, après avoir bénéficié en 2024 d’une campagne d’analyses scientifiques et de restauration en France, avec le mécénat d’ALIPH (Alliance internationale pour la protection du patrimoine). Il sera accompagné de plus de 200 œuvres, incluant 126 prêts exceptionnels du musée national du Cambodge, dont la présence permet de dresser un parcours chronologique de l’art du bronze au Cambodge, du 9e siècle à nos jours, à travers un voyage conduisant le visiteur dans les sites majeurs du patrimoine khmer.

Angkor, capitale de l’Empire khmer qui domina une partie de l’Asie du Sud-Est continentale pendant plus de cinq siècles, a conservé de sa gloire passée des vestiges monumentaux d’une ampleur et d’une beauté incomparables. Mais si l’architecture des temples de l’Empire khmer (9e -14e/15e siècles) et les statues de pierre qui y étaient abritées ont maintes fois été célébrées, qui se souvient que ces sanctuaires bouddhiques et brahmaniques conservaient jadis toute une population de divinités et d’objets de culte fondus en métal précieux : or, argent, bronze doré ?

© Musée national du Cambodge, Phnom Penh / photo Thierry Ollivier pour le musée Guimet

Personnage féminin agenouillé, support de miroir (?), art khmer, époque angkorienne, première moitié du 12e siècle, Prasat Bayon, Angkor Thom, province de Siem Reap, Cambodge, bronze

Subtil et noble alliage mêlant notamment le cuivre, l’étain et le plomb, le bronze a donné naissance au Cambodge à des chefs-d’œuvre de statuaire témoignant de la fidélité des souverains khmers à l’hindouisme comme au bouddhisme. Apanage du roi – dont le savoir-faire était précieusement préservé dans des ateliers à proximité du Palais royal - la métallurgie était une technique sacrée, que l’on soit à Angkor (9e - 14e/15e siècles), à Oudong (17e - 19e siècles) ou à Phnom Penh (19e - 20e siècles).

Pour la première fois, cette exposition-événement envisage le rôle particulier du souverain, commanditaire des grandes fontes d’objets de bronze, de l’époque angkorienne à la période moderne, où, dans une continuité étonnante, art et pouvoir sont restés associés dans ce domaine plus que dans tout autre.

© Musée national du Cambodge, Phnom Penh / photo Thierry Ollivier pour le musée Guimet

Gardien de porte (dvarapala), art khmer, époque angkorienne, fin 12e – 13e siècle, provenance exacte inconnue, Cambodge ou pays voisins (?), bronze doré.

Les prêts exceptionnels du musée national du Cambodge, consentis par le Gouvernement royal dans le cadre spécifique de la coopération établie entre le ministère de la Culture et des Beaux-Arts du Cambodge, le C2RMF (Centre de recherche et de restauration des musées de France), l’EFEO (École française d’Extrême-Orient) et le musée Guimet, réunissent pour la première fois dans le cadre de cette exposition exceptionnelle des chefs- d’œuvre (statuaire, objets d’art ou éléments de décor architectural) ainsi que des photographies, moulages et documents graphiques permettant de replacer ces œuvres d’art dans leur contexte culturel, comme dans une perspective archéologique et historique.

Commissariat :

Pierre Baptiste, directeur de la conservation et des collections du musée Guimet, conservateur général de la section Asie du Sud-Est

Brice Vincent, maître de conférences à l’Ecole française d’Extrême-Orient (EFEO)

David Bourgarit, ingénieur de recherche, Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF)

Thierry Zéphir, ingénieur de recherche en charge des collections Monde himalayen du musée Guimet

Préparez votre visite et plongez dans les coulisses de "Bronzes royaux d’Angkor" grâce à un podcast inédit conçu en collaboration avec Studio Nova. En 4 épisodes, les commissaires de l’exposition vous font découvrir la genèse d’un projet d’envergure, né d’une coopération culturelle internationale. »

Exposition : Artemisia Gentileschi au musée Jacquemart André (jusqu'au 3 août 2025)

            Certains aspects de la vie d’Artemisia Gentileschi (Rome, 8 juillet 1593 – Naples, 1656 ?) pourraient faire partie de notre série sur les « horreurs de l’Histoire ».

En effet, cette artiste géniale, puisqu’elle était femme et n’avait pas droit d’être formée en atelier comme les hommes, fut violée le 6 mai 1611 par le monstre que son père lui avait donné pour mentor, Agostino Tassi, de son vrai nom Buonamici, (1580 ? – 1644). Le père de Gentileschi finit par porter plainte pour viol et le procès, dont la quasi-totalité de la transcription nous est parvenue, dura de mars à novembre 1612 et les témoins furent tous torturés à divers degrés. Tassi fut condamné à cinq ans d’exil des États pontificaux le 28 novembre 1612 et... le monstre resta tranquillement à Rome quand même.

Gentileschi fut marié à un peintre conciliant et, aujourd’hui, on la compare souvent à d’autres peintres, comme si elle n’avait pas le droit d'être extraordinaire et géniale en n’étant pas inspiré par un homme.

Son art est puissant et féministe avant l’heure.

Yaël et Siséra (1620)

             Une quarantaine de ses œuvres vous attendent au musée Jacquemart André jusqu’au 3 août. Si vous réservez un billet, arrivez juste à l'heure autrement vous aurez à faire la queue (côté droit de la porte d'entrée). Si vous n'avez pas de billet... prenez un livre avec vous parce que vous ne serez pas tout seul du côté gauche de la porte d'entrée.

L'exposition est très intéressante et elle est l'occasion d'admirer quelques toiles qui se trouvent dans des collections particulières. Il est à noter que les propriétaires actuels de Suzanne et les vieillards ne souhaitent pas qu'elle soit photographiée.

            Le musée présente ainsi l’exposition :

Artemisia

Héroïne de l'art

Du 19 mars au 3 août 2025, le musée Jacquemart-André met à l’honneur Artemisia Gentileschi, figure majeure de l'art baroque et du mouvement caravagesque. À travers des chefs-d’œuvre incontournables et des peintures rarement exposées à Paris, venez découvrir cette grande artiste italienne du XVIIe siècle.

5 éléments marquants sur Artemisia

1) Artemisia Gentileschi est formée à Rome par son père, l’artiste toscan Orazio Gentileschi, disciple direct et ami du Caravage ;

2) Elle fait rapidement preuve d’un talent exceptionnel pour la peinture et réalise à seulement 17 ans Suzanne et les vieillards, une huile sur toile de grande dimension ;

3) En 1611, elle est violée par le peintre italien Agostino Tassi. Un procès s’ouvre ensuite et condamne Tassi à l’exil, sans que la peine ne soit jamais appliquée (il reste à Rome sous la protection du pape). Au cours du jugement, Artemisia est torturée pour prouver la véracité de son témoignage ;

4) À l’issue du procès, elle part s’installer à Florence et peint pour de grandes cours royales ou seigneuriales européennes, comme la famille Médicis ;

5) Artemisia est l’une des premières femmes admises à l’Académie du dessin de Florence. Elle est soutenue par plusieurs mécènes et commanditaires, et réalise le plafond de la Casa Buonarroti, en hommage à Michel-Ange.

Artemisia Gentileschi est l’une des rares femmes peintres de l’histoire à avoir connu le succès de son vivant, ce qui lui a permis de vivre de sa peinture et d’être indépendante.

Une approche picturale inspirée du Caravage

Ayant quitté sa ville natale, Artemisia va très vite affirmer un style pictural singulier.  Comme Caravage, elle peint directement d’après modèle vivant, sans croquis préparatoire. Elle est ainsi capable de capter des contrastes lumineux intenses et saisissants, comme dans les œuvres majeures que sont Danaé et David et Goliath.

Sa maîtrise du clair-obscur et ses cadrages dramatiques lui permettent de saisir de façon unique la psychologie de ses personnages (comme en témoignent ses portraits et l’œuvre Judith et sa servante de la Galerie des Offices). Par des jeux d’oppositions chromatiques et un naturalisme cru, elle crée des compositions puissantes et dynamiques.

La force subversive de son pinceau dépasse parfois celle du Caravage, comme en témoignent le réalisme sanglant et la force dramatique de la toile Judith décapitant Holopherne. Habile dans l’art du portrait, Artemisia y prête ses traits à Judith, et ceux de Tassi à Holopherne, comme pour conjurer l’injustice dont elle a été victime.

Un regard unique sur les figures féminines dans l'art du XVIIe siècle

Louée par ses contemporains pour sa maîtrise technique, Artemisia apporte une puissance nouvelle au nu féminin dans la peinture baroque. Éros et Thanatos s’entremêlent dans un héroïsme sensuel et parfois morbide, comme avec sa représentation de Cléopâtre (1630-1635). 

Puisant son inspiration dans des thèmes bibliques et mythologiques, Artemisia met en avant des héroïnes capables de triompher de la domination masculine par l’intelligence ou la ruse (Yaël et Siséra ou Esther et Assuérus).

Pourquoi visiter l'exposition en 2025 ?

  • Un événement inédit : près de 40 œuvres réunies, dont certaines rarement exposées ;
     
  • Une immersion dans l'art du XVIIe siècle avec des toiles aux dimensions monumentales ;
     
  • La découverte d’une femme artiste ayant marqué l'histoire de l'art.
Cette exposition à Paris en 2025 est une occasion unique de découvrir Artemisia Gentileschi, une peintre italienne incontournable du XVIIe siècle, dont les chefs-d'œuvre n’ont pas fini de nous fasciner…

Exposition : Christian Krohg (1852-1925) - Le Peuple du nord au musée d'Orsay (jusqu'au 27 juillet 2025)

            Vous avez aimé l’exposition Caillebotte ? Vous allez adorer Krohg. Après Harriet Backer, Christian Krohg est un autre invité du nord et si vous ne le connaissez pas, courrez au musée d’Orsay afin d’admirer ses œuvres.

L’œuvre qui a été choisie pour l’affiche (photo ci-dessus), La Barre sous le vent ! [Hardt le] (1882), est magnifique et – franchement, aucune photo ne peut rendre justice aux coups de pinceaux de Krohg qui sont impressionnants. Il y a un peu moins de visiteurs que pour Caillebotte (pour l’instant ?), mais certaines œuvres présentent quand même des bouchons, mais l’attente vaut le coup afin de pouvoir admirer comment l’artiste mêlait couleurs et variait la taille de ses pinceaux afin d’obtenir des effets différents.

Si nous avions eu à choisir une toile pour annoncer cette exposition, nous aurions été tentée de choisir Femme coupant du pain (1879) :


Notre photo ne rend absolument pas justice à cette œuvre dont la lumière semble vraiment venir d’une fenêtre qui serait située quelque part derrière nous.

En plus de son coup de patte et de la qualité de son travail, Krohg avait une compassion qui alimentait ses créations et il devrait être beaucoup plus connu dans le monde entier.

Le musée d’Orsay nous dit :

Christian Krohg (1852-1925)

Le peuple du nord

L'exposition que le musée d'Orsay consacre à l'artiste norvégien Christian Krohg est la toute première rétrospective de l’artiste en dehors de la Scandinavie, venant à la suite de plusieurs expositions à Oslo et Lillehammer en 2012, puis à Copenhague en 2014. En mettant en lumière les œuvres naturalistes et engagées de Krohg, le musée offre une nouvelle perspective sur l’art norvégien de la fin du XIXe et du début du XXe siècle.

À travers un panorama approfondi du parcours artistique de Krohg, l’exposition s’attache à révéler sa modernité picturale et son engagement humaniste. Bohème et fervent défenseur des causes politiques et sociales de son époque, Krohg, également écrivain et journaliste, dépeint avec une profonde empathie la condition du peuple scandinave, le monde du travail, la misère, ainsi que les injustices subies par les femmes.

Le parcours de l’exposition met en valeur ses liens picturaux avec les artistes français que Krohg découvre lors de ses séjours parisiens – notamment Gustave Courbet, Edouard Manet et les impressionnistes. Dans sa série des marins, poursuivie tout au long de sa vie, comme dans ses scènes de genre ou dans ses portraits, Krohg cherche à donner à ses œuvres un sentiment d’immédiateté en utilisant des compositions déséquilibrées, des cadrages audacieux et des postures dynamiques. Son credo, « tout est une question de cadrage », est le fondement d’une recherche artistique d’une grande modernité. Membre de la bohème provocatrice de Kristiania – l’ancien nom d’Oslo –, Krohg fait polémique et scandale auprès de la bourgeoisie et des élites artistiques. Le visiteur découvrira dans l’exposition les portraits que l’artiste réalise des membres de ce milieu bohème et libertaire, ces jeunes artistes, écrivains et intellectuels qui se réunissent dans les cafés de la capitale et contestent avec vigueur la structure sociale dominante.

 

Un Zola norvégien ?

En 1886, Krohg publie son roman Albertine, histoire d’une ouvrière violée devenue prostituée, roman que la police saisit rapidement au motif qu’il porte atteinte aux bonnes mœurs. Malgré les controverses, Krohg défend sa liberté d’expression contre la censure. Il réalise alors son tableau le plus important, la grande toile Albertine tirée de son roman, poussant la provocation jusqu’à engager des prostituées comme modèles. Peu d’œuvres d’art norvégiennes ont suscité un débat aussi intense, par la mise en lumière d’une facette particulièrement sombre de la société norvégienne. D’autres grandes compositions naturalistes et engagées, telle que La Lutte pour la survie, témoignent de l’attention que porte l’artiste aux membres les plus vulnérables de la société. Enfin, qu’il s’agisse du quotidien simple des habitants de Skagen au Danemark ou de celui de sa propre famille, ses toiles dévoilent l’intérêt de l’artiste pour la sphère intime. Ses œuvres, qui mettent en exergue le soin que peuvent s’apporter les membres d’une famille, se caractérisent par une grande douceur et témoignent de sa profonde humanité. En plaçant l’empathie au cœur de son travail, il parvient à capter l’attention du spectateur pour accomplir son idéal : « œuvrer au progrès humain. »

            Que vous connaissiez déjà son travail ou pas, allez visiter cette exposition, vous ne serez pas déçus.

Exposition : L'expérience de la nature au Louvre (jusqu'au 30 juin 2025)

             Il est bien temps que nous vous parlions de cette exposition puisqu’elle fermera ses portes le 30 juin 2025.

Quand nous l’avons visitée, elle n’était pas très clairement indiquée. En fait, il faut rentrer du côté « Aile Richelieu » et l’exposition se trouve à quelques mètres sur la gauche (là où les trésors de Notre-Dame avaient été exposés).

Il n’y a que quelques salles, mais elles nous présentent des œuvres très intéressantes.

À gauche, dans la première salle (rentrez et retournez-vous), un Lièvre entouré de plantes, peint vers 1584[1] nous accueille.


Cette œuvre d’Hans Hoffmann (Nuremberg ? 1545/1550 – Prague, 1591/1592)[2] est une aquarelle et gouache sur parchemin monté sur bois – et le lièvre n’a vraiment pas l’air rassuré.

L’œuvre qui a servie pour l’affiche de l’exposition, Le Printemps (1589) de Joris Hoefnagel (Anvers, 1542 – Vienne, 1600), est très petite :

Notre photo est floue (encore !) donc nous empruntons celle du Louvre 

Les détails sont très intéressants.

Il y a des dessins, des tableaux réalisés avec des minéraux, des coupes diverses et variées en différents gemmes plus ou moins précieux… Il y a un Giuseppe Arcimboldo (Milan, 1526-1593) qui représente Rodolphe II en Vertumne :


Il y a aussi un autoportrait du maître :


Cette exposition est une très agréable surprise.

 

Le site du Louvre nous dit :

L’Expérience de la nature

Les arts à Prague à la cour de Rodolphe II

Grand protecteur des arts et des sciences, l’empereur Rodolphe II (1552-1612) était l’un des souverains européens dont l’enthousiasme pour l’étude de la nature était le plus vif. Il appela à sa cour des savants et des artistes venus de toute l’Europe, qui travaillèrent à proximité les uns des autres dans l’enceinte du château, faisant de Prague un véritable laboratoire, un lieu d’expérimentation, dans un climat propice de tolérance intellectuelle et religieuse.

La première partie de l’exposition présentera cette convergence des regards scientifiques et artistiques sur la nature, particulièrement sensible à la cour de Prague. Elle se caractérisait d’abord par une nouvelle approche, directe, scrutatrice. Les artistes participèrent activement aux premiers balbutiements de l’empirisme, non seulement par la confection d’instruments de mesure scientifiques aussi esthétiques qu’innovants, mais encore par leurs dessins de plantes et d’animaux, contribution majeure à l’entreprise d’inventaire du vivant qui animait alors les sciences naturelles. Comme les savants, ils s’intéressèrent également aux forces cachées à l’œuvre dans la nature, qu’ils évoquèrent par le truchement de l’allégorie. Tous partageaient une même culture humaniste, essentiellement livresque et héritée de l’Antiquité, mais le système cohérent décrit dans ces ouvrages ne résista pas à l’observation attentive d’une nature changeante et capricieuse.

La seconde partie de l’exposition montrera comment cette curiosité visuelle, commune aux scientifiques et aux artistes, contribua au renouvellement de la création artistique à Prague. À la faveur de nouvelles pratiques comme celle du dessin en plein air, l’expérience directe de la nature encouragea le choix de nouveaux matériaux et de nouveaux motifs, jusque-là jugés indignes d’être utilisés ou représentés, ainsi que le goût pour de nouvelles formes artistiques qui imitent la singularité des formes naturelles, leur instabilité inhérente au processus de croissance du vivant.


[1] : La fiche qui accompagne cette toile nous dit « vers 1583-1585 ». Puisque la date est incertaine, pourquoi ne pas opter pour l’année du milieu ? Ou alors, ce devrait être « entre 1583 et 1585 ». Non ?

[2] : Légèrement frustrantes ces informations.

Exposition : Est-ce un Delacroix ? L’art de la copie au musée Delacroix (jusqu'au 23 juin 2025)

            Au 6, rue de Furstemberg (dans un des coins de la place, en fait) se trouve le musée Delacroix où vous pouvez visiter jusqu’au 23 juin l’exposition « Est-ce un Delacroix ? L’art de la copie ».

Le site du musée nous dit :

« Comment percer les secrets du processus créatif d’Eugène Delacroix ?

Le musée Delacroix présente un nouvel accrochage permettant d’explorer les étapes de la création et de s’interroger sur le statut d’un tableau, d’un original, d’une copie ou d’une reproduction.

Le parcours propose aux visiteurs de (re)découvrir la collection du musée dans l’appartement et dans l’atelier de l’artiste sous un nouvel angle grâce à la présentation d’œuvres rarement exposées.

Dans la chambre, des œuvres réunies autour du titre « Delacroix ? Les apparences sont parfois trompeuses » posent les premières questions : est-il toujours aisé de déterminer qui est l’auteur d’une œuvre ? Un tableau peint par Delacroix pour le compte de Géricault est-il véritablement un Delacroix ? Qui est l’auteur d’une copie ou d’une gravure de reproduction ?

Au salon, « D’après Delacroix » réunit des copies d’auteurs comme Fantin-Latour, Chassériau ou Bouguereau d’après des œuvres de Delacroix, autour de Médée, Femmes d’Alger dans leur appartement et La Mort de Sardanapale. Il s’agit non seulement de réévaluer l’intérêt de la copie dans l’apprentissage des artistes au 19e siècle (comme l’écrivait Delacroix dans son journal : « COPIES, COPIER. Ç’a été l’éducation de presque tous les grands maîtres. ») mais aussi de mettre en valeur les liens entre les artistes.

En miroir, dans la salle-à-manger le visiteur peut se pencher sur Delacroix non plus copié mais copiste, d’après Rubens et Goya, qu’il admirait particulièrement, mais aussi des objets. Ses « copies » sont souvent des réinterprétations qui nous apprennent beaucoup sur ses centres d’intérêt.

Enfin, l’accrochage de l’atelier de Delacroix cherche à replacer les œuvres dans le processus de leur création et de leur diffusion au milieu du 19e siècle : croquis, études d’après des modèles, esquisses préparatoires, tableaux achevés destinés au Salon ou bien aux marchands ou aux amateurs. »

            Cette exposition est l’occasion de visiter la maison de Delacroix, devenue maison d’artiste et lieu de mémoire après sa mort grâce à ses admirateurs, puis musée à partir de 1932.

L’organisation habituelle des collections a été bousculée pour mettre en scène le sujet de la copie par Delacroix et de la copie de Delacroix.

            Si le jardin ne changera pas beaucoup (il est quand même un peu en travaux ces jours-ci), retourner au musée après l’exposition afin de voir comment tout sera réorganisé pourra être une bonne idée afin d’admirer les collections et de profiter du calme.



            Pour avoir testé plusieurs chemins, nous vous recommandons de passer directement par la station de métro St-Germain-des-Près, c’est le plus près.

            Eugène Delacroix (1798-1863) s’installa dans cette maison en 1857. Dans son journal, il écrivit le 28 décembre de cette année-là : « Mon logement est décidément charmant, j’ai eu un peu de mélancolie après dîner, de me retrouver transplanté. Je me suis peu à peu réconcilié et me suis couché enchanté. Réveillé le lendemain en voyant le soleil le plus gracieux sur les maisons qui sont en face de ma fenêtre. La vue de mon petit jardin et l’aspect riant de mon atelier me causent toujours un sentiment de plaisir. »