Anna Victoria Solari, dite Mademoiselle Denise (Bordeaux, 10 mars 1870-Paris XIV, 15 août 1894)

Nous avions initialement intitulé cet article « Tragédie chez les Dédé », mais nommer la jeune fille nous a semblé plus important.


            Il est courant aujourd’hui de reprocher aux feuilles de choux et autres journaux à poisson de ne plus faire du journalisme et de se contenter de nous abreuver de brèves copiées-collées chez de grandes agences qui nous servent des pseudos-infos qui se consomment en moins de trois minutes. D’ailleurs, il est accablant de constater que bon nombre de publications actuelles indiquent le temps de lecture d’un article (désolée, mais si ça se lit en deux minutes, voire moins, ce n’est pas un article, c’est une dépêche qui s’ingère rapidement parce que le propriétaire de la publication et ses larbins considèrent que le public, le lecteur, ne doit pas trop réfléchir, trop se poser de questions et surtout ne pas trop protester face aux scandales qui arrivent sur nos écrans l’un derrière l’autre à la vitesse d’un neutrino enthousiaste).

            On pourrait croire que ce manque de respect du lecteur est récent, mais la manipulation (certes, à l’origine soi-disant pour des raisons pratiques) date de plus d’un siècle.

Une petite preuve ? Mais bien sûr.

            En cherchant des informations sur la famille Dédé, nous avions trouvé le récit d’une tragédie qui se déroula au domicile d’Edmond Dédé (1827-1901) et Sylvia Leflet (1835-1911). Leur fils, Eugène (1867-1919), s’était marié le 6 mars 1894 ; il est probable qu’il avait quitté le domicile parental peu de temps après avec sa jeune épouse, Ilka Fuchs (1868-1905).

            Pour des raisons qui resteront probablement inconnues, une jeune femme qui résidait chez les Dédé s’est jetée du cinquième étage et est morte.

Voici ce que rapportent deux journaux champenois par exemple :

 

Suicide d’une artiste [Le Petit Troyen du 18 août 1894]

Suicide d’une actrice [L’Écho de l’arrondissement de Bar-sur-Aube du 19 août 1894]

Une jeune artiste de concert, Mlle Denise, âgée de vingt-deux ans, habitant chez son tuteur, M. Dédé, compositeur de musique, 178, avenue du Maine, s’est précipitée hier matin, vers huit heures, de la fenêtre de sa chambre située au cinquième étage, sur le pavé de la cour.

La malheureuse jeune fille a été immédiatement transportée à 1’hôpital Broussais, où elle est morte deux heures plus tard.

On ignore la cause de ce suicide.

Mlle Denise avait une conduite très régulière. La suicidée, à l’âge de douze ans, avait avalé le contenu d’une fiole de laudanum. Détail à noter, son père s’était donné la mort dans les mêmes circonstances.

 

À l’exception du titre, le texte est exactement le même – parce que le texte venait d’une agence de presse parisienne.

Bien… mettons notre casquette de Sherlock Holmes et penchons-nous sur certains éléments du texte :

1 - « Mlle Denise »

2 – « âgée de vingt-deux ans »

3 – « s’est précipitée hier matin »

4 – « à l’âge de douze ans, avait avalé le contenu d’une fiole de laudanum »

5 – « son père s’était donné la mort dans les mêmes circonstances »

 

L’adresse de résidence de la malheureuse était dans le XIVème arrondissement de Paris, tout comme l’hôpital Broussais (au 96, rue Didot). Trouvons-nous une demoiselle « Denise » dans les tables décennales du quartier ? Non, parce que « Mlle Denise » était son nom d’artiste lyrique (point 1).

Que faire alors ? Prier tous les dieux de l’Olympe et aller consulter tous les actes de décès de la fin du mois d’août 1894 et chercher une jeune fille de vingt-deux ans (points 2 et 3).

Nous nous doutions que la nouvelle était peu fiable et nous avons fini par trouver l’acte de décès de Victoria Solari en date du 16 août à 10h. Elle était « âgée de vingt-quatre ans [pas vingt-deux ans, donc], artiste lyrique, née à Bordeaux (Gironde), domiciliée avenue du Maine, 188 [qui a raison ? L’état civil, ce qui voudrait dire qu’elle était voisine des Dédé au 178 et non colocataire, ou l’agence de presse qui implique les Dédé dans cette tragédie ?], décédée rue Didot, 96, hier matin [elle est donc morte le 15 août] à dix heures [ce qui confirme sa chute à 8h]. Fille de Pélagie, Joséphine Solari, sans autres renseignements et de père non dénommé ».

Donc, direction Bordeaux, où, si un jour on nous prête un TARDIS, nous irons dire deux mots aux officiers d’état civil qui ont commis les tables décennales pour 1863-1872 (c'est un sacré bazar), puisque, si son acte de décès était exact, elle avait dû naître en 1870 – ce qui est le cas.

Son acte de naissance, le n° 344 dans le registre 4E1490, est en date du 11 mars et nous apprend qu’elle est née le 10 mars à 3h, chez sa mère au 11, rue Montesquieu. Pélagie Joséphine Solari avait vingt-trois ans et elle était actrice ; le père est « non nommé ». Pélagie donna à sa fille les prénoms suivants : Anna Victoria.

Point 3 (encore) : les rédacteurs en chef n’ont même pas pris la peine d’indiquer la bonne date. Ils ont bouché un trou dans leurs colonnes avec une histoire parisienne pour faire parler les lecteurs. La rigueur ? Chose inconnue pour ces messieurs.

Points 4 et 5 : avala-t-elle vraiment une fiole de laudanum à douze ans ? Peut-être, mais rien ne le prouve. Le père inconnu s’est-il, lui aussi, suicidé ? Impossible de le savoir. Était-ce une histoire racontée par Pélagie ? Était-ce la triste vérité ? Était-ce une invention de journaleux afin de créer du sensationnel ? Tout est possible et rien n’est vérifiable.

 

Le bilan de cette petite nouvelle publiée n’est pas à l’honneur des journaleux du XIXe siècle : le vrai nom de l’artiste n’y figure pas, la date de son décès (pour ces deux publications) est donc inexacte et mentionner le laudanum et le père suicidaire relève du voyeurisme – aujourd’hui ils écriraient : « Voulez-vous connaître les démons de la chanteuse ? La génétique est-elle à blâmer ? Cliquez ici pour lire la suite ».

Nous avons le Wi-Fi et la 5G – et les mêmes pratiques journalistiques d’il y a plus d’un siècle (et la même curiosité malsaine).

 

             La seule chose qui compte est qu’une jeune femme de vingt-quatre ans, Anna Victoria Solari, artiste lyrique sous le pseudonyme de « Mlle Denise », née à Bordeaux le 10 mars 1870, est morte à Paris le 15 août 1894 – peut-être à la suite d’une chute du 5ème étage, peut-être en se suicidant. 

Dans les registres des pompes funèbres et des cimetières, nous avons découvert que quelqu'un (ou ses collègues) paya 102 francs pour son enterrement le 17 août au cimetière de Bagneux (dans la 30ème division) et la concession fut renouvelée le 29 décembre 1899 et le 10 avril 1906.

 

            En mémoire de Victoria Solari, creusez les informations que des gens qui ne vous veulent pas du bien vous livrent en forme de miettes… et un article qui demande vingt ou trente minutes de lecture est peut-être un peu plus digne d’être lu, mais vérifiez quand même : casquette de Sherlock Holmes, loupe, pelle, pioche et surtout… méfiance (même les biens intentionnés peuvent aller trop vite).

Eugène Dédé, mort à Berck-sur-Mer

Dans l’article précédent, nous vous avons parlé du mystère qui entourait le lieu de décès d’Eugène Dédé, fils du compositeur Edmond Dédé (1827-1901), puisque nous avions trouvé une référence à son décès dans les tables des décès et des successions, mais le cliché est tellement flou que le lieu du décès était quasi illisible.

Le mystère a été résolu grâce à une géniale archiviste des Archives de Paris (qui nous a aussi donné un truc de recherches à utiliser à l'avenir quand Gallica semblera ne pas être en mesure de nous aider).

Bref, grâce à cette magnifique archiviste, nous allons pouvoir vous donner un tableau plus complet de la vie d’Eugène Dédé.

 

Portrait d’Eugène Dédé sur la partition de sa polka pour piano Chiffonnette qui était dédiée à son fils Maurice.

Ce fut à Bordeaux, où Edmond Dédé avait épousé Anne Catherine Antoinette Sylvia Leflet (1835-1911) en 1864, que le couple Dédé accueilli leur fils, Arcade Pierre Baptiste Eugène, le 12 janvier 1867 à 21h.

Edmond enseigna la musique à son fils et, entre 1886 et 1919, Eugène composa deux cent quarante-six morceaux de musique qui sont conservés à la Bibliothèque nationale de France (Gallica en répertorie cinquante-cinq pour son père).

Edmond était aux États-Unis quand Eugène se maria en 1894, mais il fit envoyer par Me Legardeur, notaire à la Nouvelle-Orléans un acte autorisant Eugène à convoler ; l’acte datait du 5 février et Edmond, désigné comme étant « compositeur », résidait au 292, rue Sainte-Anne.

Le mardi 6 mars, à 15h, à la mairie du XIVème arrondissement, « Arcade », qui résidait encore « avec sa mère à Paris, Avenue du Maine, n° 188 », épousa Ilka Fuchs. Edmond était « artiste musicien », sa mère était « couturière » et la jeune mariée était « modiste ». Ilka était en Hongrie, à Pesth le 6 septembre 1868 ; elle résidait au 5, avenue d’Orléans.

Les parents d’Ilka, Maurice Fuchs et Régine Deutsch étaient marchands-pelletiers à « Budapesth » et avaient envoyé leur consentement par acte notarié en date du 23 novembre 1893 rédigé par Me Weinmann.

Le 3 février 1895, dans le XIVème arrondissement, à 7h du matin, Ilka donna naissance à un garçon qu’ils prénommèrent Maurice Sylvain Georges (il mourut le 29 juillet 1959, dans le Xème arrondissement). La famille habitait au 167, avenue du Maine et Ilka ne travaillait plus. Le 12 septembre 1897, à 23h, au 48, rue Liancourt (ce qui était aussi l’adresse des parents d’Eugène), ils accueillirent Charlotte Anna Régina. L’acte de naissance de Charlotte indique que son père est désormais « chef d’orchestre » et plus seulement « artiste musicien ».Malheureusement, la petite Charlotte mourut à Vincennes le 9 juillet 1898 à 23h au 68, rue de Montreuil où ses parents résidaient à ce moment-là (curieusement, Eugène est de nouveau décrit comme « artiste musicien » et Ilka est de nouveau « modiste »).

Le 13 janvier 1905, à 4h, Ilka mourut chez elle au 5, rue d'Alembert. Elle n'avait que trente-quatre ans. Sa mère était morte, mais son père, qui résidait toujours à Budapest, avait soixante-dix-neuf ans et ne travaillait plus.

Le 26 mai 1906, dans le Xème arrondissement, Eugène se remaria avec une veuve (depuis 1904). Marthe Marie Émilie Nouvellon était comptable et résidait à la même adresse qu’Eugène, au 42, boulevard Magenta ; elle était née à Bourges le 24 août 1869 (son père, Alcide Émile était mort, mais sa mère, Angèle Nathalie Leboeuf, était présente et consentante). Cette fois-ci, il y eut un contrat de mariage enregistré le 22 mai par Me Garanger, notaire à Paris.

En été, comme son père avant lui, Eugène partait travailler dans diverses régions de France et c’est en province qu’il mourut.

Dans le Journal de Berck et des environs du 3 août 1919, le journaliste D’Artois écrivait dans la rubrique « Spectacles et concerts – Communiqués des casinos » : « On remarque depuis quelques jours une affluence extraordinaire au Grand Casino. Il y a à cela deux raisons : la première, c’est que la saison bat son plein... et les villégiaturistes sont venus à la mer pour se reposer, se divertir et s’amuser ; la seconde est due à des programmes choisis, variés et – pourquoi ne pas l’écrire ? – merveilleux ! Nous avons donc des spectacles sensationnels qui font la joie des amateurs. Et puis, – c’est un fait reconnu à Berck-Plage – le Grand Casino est le rendez-vous des élégances revenues de l’exil où la guerre les avait envoyées : chic parisien, charme berckois, élégance de tenue masculine et de toilette féminine se côtoient, s’effleurent et se mélangent dans la jolie salle des fêtes où l’on danse toujours fox-trott et tangos. Le jazz-band interdit a été remplacé par un orchestre symphonique ; de virtuoses dont la direction a été confiée à M. Dédé, le compositeur très connu des Concerts Mayol, de l’Eldorado et du Petit Casino. »

Le 26 août 1919, le Dr Georges Richez et le musicien Robert Fauveau, déclarèrent le décès d’Eugène Dédé à la polyclinique Leclercq, au 55, rue de l’Impératrice à Berck-sur-Mer. Il avait cinquante-deux ans et un mois. Dans le le Journal de Berck et des environs du 31 août 1919, il est dit que les nombreux artistes se sont fait un devoir d'organiser une souscription pour ramener le corps à Paris, mais nous n’avons pas encore trouvé de trace d’un enterrement dans l’un des cimetières parisiens.

Nous n’avons pas (encore) trouvé d’autres informations sur Marthe Nouvellon, veuve Dédé.


« Morgiane » ou l'histoire d'un opéra retrouvé

            L’histoire d’aujourd’hui aurait tout à fait pu faire partie de notre série sur « Les Horreurs de l’Histoire ».

-         Pourquoi donc ? vous demandez-vous, chers Lecteurs.

Parce que l’opéra perdu et retrouvé dont nous allons vous parler a été écrit par un citoyen des États-Unis d'Amérique qui a été forcé de quitter son pays à cause des lois « Jim Crow » - lois qu’on nous dit abandonnées depuis le 2 juillet 1964, date à laquelle fut ratifiée la loi sur les droits civils (le Civil Rights Act), mais qui n’est qu’un crépis de plus sur le racisme latent aux États-Unis.

Le point de départ de cette appellation est une chanson raciste de 1832, Jump Jim Crow, qui fit adopter le nom « Jim Crow » aux racistes de tous poils – dès 1838 – en guise de surnom péjoratif pour les noirs états-uniens. Ces derniers étaient principalement esclaves, mais il y en avait quelques-uns d’entre eux qui étaient libres.

Les années passant et l’esclavage disparaissant (enfin… relativement, puisque cette pratique immonde existe toujours), certains États-uniens pensèrent qu’il fallait mettre fin à l’esclavage et la question sembla réglée après la guerre de Sécession (Civil War – guerre civile – en anglais, ce qui est un meilleur terme) ; cette guerre dura de 1861 à 1865 et déchira le pays.

À la suite de cette guerre civile, trois amendements à la Constitution furent votés : le treizième (6 décembre 1865), qui abolissait l’esclavage[1], le quatorzième (1868), qui déclarait que toute personne née, ou naturalisée, sur le sol états-unien était citoyenne des États-Unis[2] et le quinzième (1870), qui donnait le droit de vote à tous les citoyens[3]. 

Donc, sur le papier, les anciens esclaves auraient dû avoir les mêmes droits que les citoyens libres (et généralement blancs). Sur le papier.

C’était compter sans le racisme viscéral de certains États-uniens – encore une fois, principalement dans les états du sud qui s’étaient battus pour garder leurs esclaves, mais pas uniquement.

De nouvelles lois furent donc votées afin de discriminer les nouveaux citoyens et de bien les garder à l’écart des citoyens blancs. C’est comme ça que la société états-unienne devint une société d’apartheid jusqu’en 1964 (officiellement – ou perdure, si vous êtes observateur).

Cette fois-ci, ces nouvelles formes de ségrégations diverses et variées se répandirent sur tout le territoire et eurent des conséquences sur la vie de famille noire qui n’étaient déjà plus esclaves en 1861.

Edmond Dédé
 
            Edmond Dédé est né à la Nouvelle-Orléans, en Louisiane, de parents antillais d’origine haïtienne le 20 novembre 1827. Ce fut son père qui l’initia à la musique et Dédé se forma au violon et devint compositeur (sa toute première composition Mon pauvre cœur, qu’il publia lui-même en 1852, est aujourd’hui le plus ancien morceau qui nous reste d’un compositeur noir de la Nouvelle-Orléans). De 1848 à 1851, il résida au Mexique avant de retourner dans sa ville natale. Bien décidé cependant à aller parfaire sa formation en France, il travailla et fit des économies ; il put s’embarquer en 1857 et arriva à Paris où il étudia au Conservatoire et fut notamment formé par Fromental Halévy[4]. Il voyagea en France, en Belgique et en Angleterre avant d’aller à Bordeaux en 1859 où il occupa le poste de chef assistant du ballet du Grand Théâtre. Les Girondins appréciaient beaucoup son style et il dirigea l’Alcazar de Bordeaux pendant vingt-sept ans.

Dédé devait aussi apprendre la musique à son fils, Arcade Pierre Baptiste Eugène (Bordeaux, 12 janvier 1867 – Paris ?[5], 26 août 1919). Dédé avait épousé une Française, Anne Catherine Antoinette Sylvia Leflet (Toulouse, 7 octobre 1835 - Paris, 6 février 1911) en 1864.

Dès les années 1860, il rejoignit l’Institut d’Afrique qui avait des membres dans le monde entier et avait pour but d’abolir à jamais l’esclavage.

Même si Edmond fut très longtemps basé à Bordeaux, il travailla aussi à Marseille, Alger et Paris.

Les lois Jim Crow rendant la vie (et le travail) impossible aux noirs états-uniens, il ne retourna qu’une seule fois dans sa ville natale. En plus de la situation sociale et politique, le navire sur lequel il voyageait fut pris dans une terrible tempête et il perdit un précieux violon italien – il en parla longuement aux journalistes qui l’interrogèrent, sans doute afin de leur faire réaliser que lui, artiste noir états-unien, avait possédé un objet rare et précieux à la hauteur de son talent.

Ce voyage lui fit manquer le premier mariage d’Eugène.

Dédé et son épouse résidaient dans le XIVème arrondissement de Paris, au 48, rue Liancourt. Le 4 janvier 1901, Edmond rendit l’âme à l’hôpital Necker (151, rue de Sèvres). Un mystère entoure son enterrement, car il ne fut pas mené au cimetière du Montparnasse, comme tant d’autres artistes du quartier, mais à celui de Bagneux – dans la fosse commune. Sally McKee, qui a écrit The Exile's Song: Edmond Dédé and the Unfinished Revolutions of the Atlantic World (Yale University Press, 2017) suggère que la famille, en dépit du succès du père et du fils, ait eu des difficultés financières ou bien qu’Eugène n’ait pu (ou voulu) aider sa mère à payer une concession. Cette dernière théorie semble on ne peut plus plausible si l'on lit l'acte de décès de Mme Dédé : elle résidait au 9, rue Lalande (toujours dans le XIVème), mais elle mourut à l'hôpital Cochin (47, rue du faubourg Saint-Jacques dans le XIVème) et la personne qui déclara son décès la fit enregistrer sous le nom de Sylvie Leflet, veuve Dédée en ne connaissant pas le nom de ses parents. Un acte d'état civil ne donne que quelques indications, mais une sorte de rupture ou un éloignement entre les parents et leur fils n'est pas impossible.

Aujourd’hui, la famille Dédé est retournée au États-Unis et c’est là qu’elle peut assister à la création d’un opéra écrit par Edmond Dédé en 1887 et dont les deux volumes ont été achetés par la Houghton Library d’Harvard en 2007.

Un intéressant article publié par le Folger Institute, extraordinaire institution créée par la famille Folger et principalement dédiée à la gloire de William Shakespeare, nous parle de la redécouverte de cet opéra complet qui n’avait jamais été interprété jusqu’à aujourd’hui.

De plus, Harvard a fait numériser l’œuvre et elle est désormais en accès libre : Acte 1 et 2 et Acte 3 et 4

Première page de Morgiane ou le sultan d'Ispahan

Edmond composa la musique et Louis Brunet les paroles. Le titre actuel est Morgiane ou le sultan d’Ispahan, mais si vous regardez la page de titre ci-dessus, vous remarquerez que « Morgiane » a été ajouté au titre.

L’histoire pourrait sembler banale : Amine vient d’épouser Ali, qui est orphelin. Amine ne connait pas son père biologique et a grandi avec sa mère, Morgiane, et son beau-père, Hagi Hassan, et quand Amine demande à Morgiane qui est son père, cette dernière refuse de répondre. La famille d’Amine est arabe et elle se fait enlever par des Perses dont le sultan, Kourouschah, décide d’épouser Amine. La famille d’Amine complote afin de parvenir à la délivrer et de tuer le cruel sultan, mais ils se font arrêter et le sultan donne le choix à Amine : soit elle devient sa maîtresse, soit elle est exécutée en même temps que sa famille. Amine choisit la mort. Au moment où le sultan annonce la sentence à toute la famille, Morgiane révèle au sultan qu’il est le père d’Amine. Le sultan réalise l’horreur qu’il s’apprêtait à commettre et il accueille sa fille et son gendre – et ils vécurent heureux…

La trame n’a rien de bien original, mais Brunet, qui faisait lui aussi partie de l’Institut d’Afrique, se servit de sa trame afin de dénoncer les discriminations raciales.

            Depuis que cette œuvre a été retrouvée, il a fallu des années afin de travailler la transcription de la musique (Dédé ajouta des corrections qui rendent le déchiffrage plus compliqué et, alors que l’œuvre est complète, certains morceaux ou instruments n’apparaissent pas dans le bon ordre).

Le 23 janvier 2025 à la Nouvelle-Orléans, Morgiane a été présentée en entier au public avec une distribution entièrement composée d’artistes noirs. Si Dédé les regardait du haut d’un nuage, il a dû sourire et être heureux de voir son opéra naître dans sa ville natale.

Il devrait y avoir une captation de la représentation entière, mais si vous souhaitez entendre quelques extraits déjà enregistrés, voici une vidéo :



[1] : Observez de près le système carcéral actuel, où tous les prisonniers (parfois condamnés pour des délits ridicules, voire inventés) sont obligés de travailler dans des usines carcérales et osez dire qu’une forme d’esclavage n’existe pas toujours dans ce pays-là.

[2] : C’est le paragraphe 3 de cet amendement qui, en théorie, interdit à une personne travaillant pour l’État (fédéral) qui aurait tenté de trahir l’État (comme une tentative de coup d’état, en empêchant l’enregistrement officiel du résultat d’une élection… par exemple) de jamais être autorisée à retravailler pour l’État. La façon dont certaines (la plupart) des créatures politiques ignorent les textes qui les dérangent est un splendide exercice de contorsionniste.

[3] : Les femmes ont dû attendre quand même jusqu’en 1920 afin d’avoir le droit de voter. Oh, et des purges sont régulièrement faites sur les listes d’inscrits sur les listes électorales ; par exemple, des observateurs rapportent que, lors de l’élection présidentielle de 2024, près de quatre millions de bulletins de vote envoyés par courrier furent invalidés dans les états clefs et ce sans réelle justification. Pour citer le regretté Pierre Desproges : « Étonnant, non ? ».

[4] Jacques François Fromental Élie Halévy (Paris, 27 mai 1799 – Nice, 17 mars 1862). Prodige musical et premier prix de Rome en 1819, on se souvient surtout de ses opéras, mais il forma de nombreux musiciens (Charles Gounod (1818-1893) et Georges Bizet (1838-1875), notamment).

[5] : Dans les archives de Paris, nous avons trouvé une trace d’Arcade Dédé sur les tables des décès et des successions, mais le cliché est tellement flou qu’il ne nous est pas encore possible de confirmer le lieu de décès de ce musicien. L'enquête se poursuit.

 

Avec beaucoup d'indulgence(s)

            Voici la cathédrale primatiale[1] Notre-Dame de l’Assomption de Rouen :

Façade de la cathédrale prise du Gros-Horloge

Cette petite merveille, délicat exemple d’architecture gothique, commença à être construite sur l’emplacement d’une basilique, puis cathédrale, romane et au XIIe siècle, la cathédrale débuta sa transformation en joyaux gothique.

En 1164, la tour Saint-Romain (celle qui se trouve à gauche sur la photo ci-dessus) était achevée et d’autres transformations en style gothique commencèrent : la façade et de nouvelles travées de la nef. En 1200, à Pâques, un incendie dévasta tout le quartier de la cathédrale où seuls les nouveaux éléments gothiques survécurent.

Avec des travaux jusqu’en 1450, la cathédrale prit peu à peu l’apparence qu’on lui connaît aujourd’hui. Enfin, presque.

La cathédrale en 2022
Dentelles de pierres (toujours en 2022)

             Il fut décidé qu’une seconde tour serait ajoutée à la cathédrale.

La première pierre de la tour de Beurre fut posée le 10 novembre 1485.

L’archevêque Robert de Croismare (1445 ? – 1493) confia le chantier à Guillaume Pontifs (? – 1497) qui était le maître d’œuvre de la cathédrale depuis 1462. À partir de 1496, Jacques Le Roux participa à cette construction si spéciale ; il acheva la tour en 1506.

Certains souhaitaient qu’elle soit achevée par une flèche, mais d’autres avaient l’idée, plus moderne, de la voir terminée par une couronne. La modernité l’emporta.

Au rez-de-chaussée de cette tour, il y a la chapelle Saint-Étienne-la-Grande-Église qui fut d’abord une église paroissiale[2].

La quasi-totalité de la cathédrale est bâtie en pierre de Caumont et pierre de Vernon dont les carrières sont relativement proches de Rouen et qui sont des pierres plutôt blanches, mais la tour de Beurre est en calcaire lutécien qui provient de carrière dans l’Oise et qui est plus… de la couleur du beurre.

            Est-ce que la tour de Beurre a ce nom-là à cause de la couleur de ses pierres qui la font ressembler à une motte de beurre version gothique flamboyant ? C’est la version de certains, mais la couleur des pierres est peut-être un symbole architectural choisi, en clin d’œil peut-être, mais sûrement en rappel de l’origine du financement de cette tour.

En effet, ce fut l’argent récolté par l’Église qui, au nom du pape, vendit au Normands des indulgences, rémissions des peines temporelles attachées à des péchés déjà absous, accordées par l’Église sous certaines conditions.

Que permettaient ces indulgences ? Tout simplement de manger du beurre et de consommer des laitages pendant les quarante jours du Carême qui précède Pâques.

Pour certains, acheter une telle indulgence devait être un simple signe de richesse. Pour d’autres, c’était la possibilité de continuer à manger des laitages tout en étant en accord avec les lois de l’Église. La majeure partie de la construction de cette tour fut financée par l’argent récolté par la vente de ces indulgences si particulières ; la facture totale s’éleva à 24 750 livres tournois[3]. La tour de Beurre est la preuve de l’amour des Normands pour les laitages.

 

Raymond Hood (1881-1934) et John Mead Howells (1868-1959), architectes qui construisirent, de 1923 à 1925, la Tribune Tower à Chicago prirent la tour de Beurre et une tour de l’abbatiale Saint-Ouen de Rouen pour modèles. Un des murs de cet immeuble présente des fragments de divers monuments ; une pierre de la cathédrale de Rouen y est incluse.

 

La gourmandise n’est pas forcément un péché ou même un vilain défaut. Elle peut inspirer les architectes. À plusieurs siècles d’intervalle.



[1] : L’archevêque de Rouen est primat de Normandie.

[2] : C’est dans la tour de Beurre que se trouve le beffroi avec le carillon de la cathédrale depuis 1920. Il y a aujourd’hui cinquante-six cloches, mais il n’y en avait que vingt-neuf au départ et les toutes dernières ont été consacrées en 1959. La cathédrale compte aussi sept grandes cloches, dont deux sont dans la tour de Beurre.

[3] : Presque un million d’euros.

Les horreurs de l'Histoire : un journaliste collabo

            S’il y avait un annuaire des héros et un annuaire des monstres, nous aurions dans l’article d’aujourd’hui trois héros et un monstre.

Nos héros ont en commun le monstre : Alin, dit Alain, Laubreaux (Nouméa, 9 octobre 1889 – Madrid, 15 juillet 1968) a bien des horreurs à son actif.

Il est celui qui a causé la perte du poète Robert Pierre Desnos (Paris XI, 4 juillet 1900 – camp de concentration de Theresienstadt, 8 juin 1945). Desnos s’était impliqué dans l’antifascisme bien avant le début de la Seconde guerre mondiale ; Laubreaux à l’inverse eut très tôt des sympathies fascistes.

Desnos avait un jour giflé Laubreaux et ce dernier lui voua une haine terrible pendant près de vingt ans, allant jusqu’à, selon plusieurs témoignages, demander la déportation de Desnos, ce qui fut fait, après son arrestation du 22 février 1944 par la Gestapo, le 27 avril. Desnos transita par trois camps avant d’arriver à Flöha et quand les Allemands firent évacuer certains camps devant l’avance de leurs ennemis, il se retrouva après une inhumaine marche forcée au camp de Theresienstadt où le typhus l’emporta. Il mourut après le départ des Allemands et ses compagnons d’infortune ne purent rien pour lui ; un étudiant l’avait reconnu et ce fut grâce à cet homme que le corps de Desnos fut rapatrié et enterré au cimetière du Montparnasse. La compagne[1] de Desnos, Youki – surnom donné par le peintre Tsuguharu Fujita (1886-1968) à son  épouse (de 1929 à 1954) Lucie Badoud (Paris XVII, 31 juillet 1903 – Paris XV, 13 octobre 1966) – était parvenue à protéger Desnos alors que Vichy le détestait, mais Laubreaux œuvra afin de faire déporter Desnos.

 

Youki et Desnos

Sous l’occupation, Laubreaux fut également à l’origine de la mort d’Harry Baur (Paris XI, 12 avril 1880 – Paris IX, 8 avril 1943) en insinuant qu’il était juif. Baur envoya une lettre ouverte au journal[2] où Laubreaux publiait sa bile - le démenti de Baur fut quand même publié.

Joseph Goebbels fit faire pression sur Baur en menaçant son épouse (ce qui le fit paraître, à tort, favorable au régime allemand, alors qu’il ne pouvait pas dire non afin de protéger Rebecca Behar, dite Rika Radifé, (1902-1983), sa seconde épouse) et le força à tourner un film pour lui.

Le prétexte fallacieux de la religion de Baur fut repris par un SS qui était en rivalité avec Goebbels et qui poussa le SS-Hauptsturmführer Theodor Dannecker (1913-1945) à faire arrêter Baur en se basant sur la prétendue étude d’un pseudo scientifique qui déclara que Baur avait l’air juif.

Les monstres qui le torturèrent pendant quatre mois à raison de séances de coups de plusieurs heures (dont une qui dura plus de douze heures) admirent qu’ils savaient qu’il n’était pas juif quand ils le libérèrent enfin.

Six mois plus tard, celui qui avait été considéré comme l’un des meilleurs acteurs de son temps rendait l’âme parce qu’un imbécile plein de haine ignorait à quoi ressemblait l’état civil en Alsace.

 Harry Baur, monstre sacré tué par la bêtise humaine

Ces deux pertes terribles (sans compter toutes les mesquineries et autres troubles causés par Laubreaux), auraient pu en compter une troisième : à l’aube de sa carrière, Jean Marais, nom de guerre de  Jean Alfred Villain-Marais (Cherbourg, 11 décembre 1913 – Cannes, 8 novembre 1998) refit, littéralement, le portrait du détestable gratte-papier raciste et intolérant :

Laubreaux et un autre monstre (François Vinneuil (1903-1972), qui signait « Lucien Rebatet ») critiquèrent La Machine à écrire, pièce créée fin avril 41. Laubreaux, en bon critique, publia un papier sur la pièce… sans l’avoir vue au lendemain de la première. En mai, Vinneuil enfonça le clou et Laubreaux en remit une couche. Quand Jean Marais croisa Laubreaux au restaurant qui se trouvait au 80, boulevard des Batignolles le 12 juin, il mit les choses aux poings (apparemment, Jean Marais ne prit pas que la défense de son compagnon et mentor, Jean Cocteau (1889-1963), mais il en profita pour mettre un coup à Laubreaux à chaque nom de victime qu’il mentionnait.

Cocteau parvint à protéger Marais, ce qui tient du miracle à l’époque.

Laubreaux devait vraiment espérer arriver à causer du tort à Jean Marais, car il écrivit une nouvelle critique assassine en mai 44 alors que Jean Marais interprétait Oreste dans Andromaque de Jean Racine ; c’est là qu’il dit de lui « C’est l’Homme au Cocteau entre les dents » (à la page 5 de l’édition du 26 mai 44 de Je suis partout).

Jean Marais ne rejoignit pas la résistance sous l’occupation, mais il s’engagea en septembre 44 et se retrouva à conduire une jeep de ravitaillement dans la 2e DB du général Leclerc (1902-1947). Il fut accompagné par Moulouk, le chien qu’il avait trouvé attaché en forêt de Compiègne en 40, et il baptisa son véhicule « Célimène ». Il quitta l’armée en avril 45 et retourna au théâtre et au cinéma.

Jean Marais

Il est dommage que l’arrestation de Laubreaux par Georges Mandel [Louis Rothchild (1885-1944)] le 3 juin 40 ne soit pas allée plus loin et que le juge Louis Fabre de Périgueux l’ait laissé en liberté le 6 août de la même année et libre de publier sa haine, ce qui fut mentionné en première page de Je suis partout du 7 février 41.

Dès août 44, Laubreaux s’enfuit en Espagne – les idées de Franco (1892-1975) devaient lui convenir – et fut condamné à mort par contumace le 5 mai 47. Il bénéficia de la loi d’amnistie du 5 janvier 51 – mais beaucoup trop de coupables s’en sortirent aussi à très bon compte (ou ne furent même pas inquiétés).

Réjouissons-nous que le poison de Laubreaux n’ait eu raison de Jean Marais et de Jean Cocteau.


[1] : Quand Foujita quitta la France en décembre 31, il laissa son épouse avec l’amant de la dame.

[2] : Nom de Zeus, qu’il fut tentant d’écrire « torchon ».

« Nouvelles » du Titanic

Même en ayant fait un maximum de recherches sur le Titanic quand nous avons travaillé le sujet il y a quelques mois, certaines choses nous avaient échappées.

Nous allons donc faire quelques corrections et ajouts (notamment grâce à Oceanliner Designs sur Youtube) à nos articles précédents.

 

1 – Les hélices du Titanic

Les photos des hélices de l’Olympic lors de sa construction (deux hélices tripales et une quadripale centrale) sont en général présentées comme étant le modèle qui fut monté sur le Titanic. Cependant, c’est oublier que les ingénieurs de l’époque faisaient changer les hélices des navires et que le nombre de pales avait des effets différents : plus de vitesse (moins de pales) ou moins de vibrations (plus de pales).

On sait aujourd’hui que trois tripales furent installées sur le Titanic (deux hélices tripales de 7 m de diamètres et de l’hélice tripale centrale de 5 m de diamètre). En effet, en 2008, on retrouva le carnet d’un ingénieur du chantier qui indique que l’hélice centrale n’était pas quadripale.

L’hélice quadripale de l’Olympic fut d’ailleurs brièvement remplacée par une tripale, mais ses performances durent être décevante car une quadripale fut de nouveau installée.

Tous les films sur le Titanic (antérieurs à la découverte du carnet de l’ingénieur) montrent deux tripales et une quadripale centrale, ce qui fait que cette image est imprimée dans l’imaginaire collectif et certains prétendirent que l’ingénieur avait mal pris ses notes.

Il est regrettable que la poupe du navire soit enfoncée dans les sédiments marins et qu’il nous soit impossible d’avoir une confirmation visuelle, mais comment douter des données de l’ingénieur du chantier (d’autant plus qu’un essai de tripale centrale fut fait sur l’Olympic après le naufrage du Titanic) ?

 

Les premières hélices de l’Olympic (Photo Welch)


L’Olympic avec une hélice centrale tripale

 

 

            2 – La réponse de Phillips à son collègue du Californian :

 

 

            À 22h55, Cyril Evans (1892-1959), opérateur radio du Californian (un cargo qui avait quelques rares cabines pour des passagers qui ne pouvaient pas se permettre un billet sur un vrai transatlantique) contacta donc « Jack » Phillips (1887-15 avril 1912). Evans oublia de commencer son message d’alerte avec le préfixe qui indiquait qu’il s’agissait d’un message important et Phillips lui indiqua qu’il était trop occupé pour lui répondre. Il était en fin de service, avait passé une bonne partie de la journée de la veille à réparer la radio au lieu de dormir (contrairement aux instructions de leur employeur, la compagnie Marconi, qui recommandait de ne pas tenter de réparer un appareil défectueux et d’attendre d’être au port), ce qui sauva probablement tous les rescapés dans les canots, et il croulait sous des messages personnels de passagers qui s’étaient accumulés sur son bureau.

Phillips employa les codes linguistiques des employés Marconi, qui étaient très osés pour l’époque, mais ils étaient de jeunes hommes qui plaisantaient entre eux ; on a longtemps pensé qu’il avait envoyé son collègue aux pelotes alors qu’il lui disait simplement qu’il avait trop de pain sur la planche pour papoter.  Evans ne le recontacta pas et alla se coucher puisqu’il était le seul opérateur à bord.

C’est grâce à l’autobiographie d’un des officiers du Carpathia que l’on sait comment les opérateurs radio se parlaient entre eux.

Phillips n’a pas dit à Evans « Boucle-la. Boucle-la. Je bosse. », mais plutôt quelque chose du genre « Désolé, vieux, je croule sous les messages de mes passagers et j’ai pas l’temps d’te parler ».

Bref, sur cette anecdote, nous n’avons plus les références des opérateurs Marconi ce qui fait commettre une grave injustice envers Phillips sans qui aucun SOS n’aurait pu être envoyé – heureusement que ce brave jeune homme ne suivit pas ses ordres à la lettre ou nous aurions sans doute un « mystère du Titanic » avec la totalité des âmes à bord perdues en mer.



Jack Phillips et Harold Bride

 

            3 -  Les Hurd (et autres journaleux) :

À l’arrivée du Carpathia à New York, certains gratte-papiers s’approchèrent du navire à bord de petits bateaux et tentèrent soit de contacter les passagers qui étaient sur le pont, soit de monter à bord (l’un d’entre eux y parvint et fut gardé sur la passerelle jusqu’à l’arrivée au port sur ordre du capitaine Rostron, qui dû menacer les autres assaillants de faire feu s’ils tentaient d’aborder). Malheureusement, un des passagers d’origine du Carpathia était un journaliste ; Carlos Fayette Hurd (1876-1950) travaillait pour le St. Louis Post-Dispatch et il était à bord avec son épouse, Katherine, née Cordell (1879-1928). Rostron et son équipage connaissaient le métier de Hurd et ils retirèrent le papier à lettres de leur cabine et essayèrent de surveiller le couple afin de s’assurer qu’ils ne prenaient pas de notes. Les Hurd savaient que leur position étaient exceptionnelle et malgré les précautions de l’équipage, ils s’étaient procuré de quoi écrire auprès de passagers trop confiants et étaient parvenus à interroger quelques survivants ; les notes du travail de Carlos restèrent cachée dans le corset et le jupon de Katherine. L’éditeur du New York World, Charles Chapin, loua une barque et alla récupérer l’article de Hurd que ce dernier avait réussi à emballer de telle façon que Chapin aurait pu récupérer son travail même s’il était tombé à l’eau – mais Chapin rattrapa le précieux paquet dont le contenu fut immédiatement publié, ce qui valut un bonus à Hurd.

4 – Marconi rendit visite à Bride :

Les membres du personnel du Titanic furent les derniers à quitter le Carpathia – à l’exception de Bride qui resta à bord afin de continuer à aider son collègue radio car le navire était assailli de messages. Bride, qui était devenu opérateur radio parce qu’il admirait Guglielmo Marconi (1874-1937), eut la surprise d’avoir la visite de ce dernier à bord le soir même de leur arrivée. Marconi était accompagné de Jim Spears du New York Times qui proposa à Bride une somme conséquente en échange d’une interview ; Bride écouta le conseil de Marconi et accepta l’offre et son histoire fit la une le lendemain. Bride termina son travail et fut évacué par deux hommes qui le portèrent car ses pieds étaient encore bandés et il ne pouvait marcher seul.

Un sujet n’est jamais exploré à 100%. Il y a toujours quelque chose de nouveau à découvrir, remarquer ou comprendre enfin.

Retour à Notre-Dame de Paris

            Afin de trouver un plan qui pourrait nous aider à illustrer une visite de Notre-Dame de Paris, nous avons trouvé cette petite merveille qui nous livre d’anciens noms de chapelles dans la cathédrale :


Donc, nous avons revisité la cathédrale par une belle journée ensoleillée.

Nos photos sont-elles toutes bonnes ? Sans flash, l’intérieur de certaines chapelles est bien sombre… mais les vitraux sont intéressants.

Nous avons cherché un plan vierge de la cathédrale afin d’y situer nos photos. Curieusement, ce n’était pas si aisé à trouver et nous avons localisée un plan historique au musée d’Orsay.

Voici donc quelques photos de la cathédrale de nouveau ouverte au public.

 Le parvis / The square


1 - L’extérieur / The exterior :


2 - Le portail Sainte-Anne (porte de sortie) / St-Anne Portal (exit door) :


L'entrée / The entrance


3 – Vue de la nef vers le transept /  View of the nave towards the transept :

4 – Statue de la Vierge à l’Enfant (1722 par Antoine Vassé) / Statue of the Madonna with Child (1722 by Antoine Vassé) :

5 – Vue de la voûte / View of the vault :

L'allée de la Promesse / The Promise alley


6 – Chapelles de l’allée de la Promesse / Chapels of the Promise alley :


 




7 – Depuis l’allée de la Promesse, vue de la nef vers l’allée de la Pentecôte / From the Promise alley, view of the nave towards the Pentecost alley :

 


Transept (nord / North)

 

8 – Rosace sud / South rose window :

 
 

9 – Clef de voûte / Keystone :


10 – Nef vue du transept / Nave from the transept :


 Chœur et chapelles du déambulatoire / Choir and ambulatory chapels

 

11 – Clôture nord du chœur / North Choir Enclosure :

 

 

12 – Croix et Piéta / Cross and Pieta :

13 – Clôture sud du chœur / South Choir Enclosure :




14 – Nouveau reliquaire de la Couronne d’épines / New reliquary of the Crown of Thorns :

 

15 – Chapelles du déambulatoire (nord et est) / Ambulatory Chapels (North and East) :









16 – Chapelles du déambulatoire (sud) / Ambulatory Chapels (South) :





Transept (sud / South)

17 – Rosace nord / North rose window :

18 – Autel et choeur / Altar and choir :

19 – Voûte vers le chœur / Vault towards the choir :

20 – Voûte vers la nef / Vault towards the nave :

21 – Statue de Ste Jeanne d’Arc / Statue of St Joan of Arc

22 – Rosace nord depuis l’allée de la Pentecôte / North rose window from the Pentecost alley :


Allée de la Pentecôte


23 - Chapelles de l'allée de la Pentecôte / Chapels of the Pentecost alley :



25 - Chaire / Pulpit :