Le présent article va être assez court : il s’agit d’une réaction à un graffiti aperçu hier soir en rentrant et le sujet historique est relativement hors de nos principales périodes de recherches.
Le texte qui nous a fait bondir (nous étions dans un bus qui emprunte la rue François Miron) ? Le voici : « Ici c’est Paris ».
Cette déclaration est géographiquement correcte, mais l’emplacement du graffiti est ce qui nous chiffonne, car il se trouve sur la façade du pub écossais appelé The Auld Alliance.
« The Auld Alliance ? Quelle est donc cette petite chose ? » me direz-vous (si vous n’êtes pas un de mes étudiants, puisque, même si le Moyen Âge n’est pas ma spécialité, je mentionne cette alliance franco-écossaise au moins une fois par an quand je parle de la Burns Night – qui constitue à elle seule tout un autre sujet).
Malgré que certain ministre (ou son supérieur) en ait, puisqu’au début du XXIe siècle il fut déclaré que l’Auld Alliance n’était plus car l’Écosse fait pour l’instant partie de la couronne britannique, l’alliance franco-écossaise du 23 octobre 1295 entre Philippe le Bel et John Balliol (confirmée par le parlement écossais le 26 février 1296 et renouvelée, entre autres, par François Ier et Mary Stuart le 15 décembre 1543) n’a jamais été abrogée officiellement.
Cette alliance est une promesse d’aide en cas d’attaque par les Anglais. Il s’agissait surtout d’aide militaire, mais un Écossais pouvait venir se réfugier en France et un Français pouvait demander asile en Écosse.
Cette alliance fut renouvelée à travers les siècles et le général de Gaulle considérait qu’elle était encore valide lors de la Seconde guerre mondiale.
Certains politiques considèrent peut-être que cette alliance a disparu, mais les Écossais n’ont pas oublié. Certes, il existe aujourd’hui un « Auld Alliance Day » (depuis 2017, grâce au rugby), mais surtout les Écossais se souviennent que la France est leur alliée contre l’Angleterre ; nous avons demandé à des amis Écossais s’ils considèrent que l’alliance existe toujours et la réponse fut un ‘Yes!’ catégorique.
Donc, revenons au graffiti vu hier… Son auteur, si fier de son pays, aurait peut-être pu choisir un autre support que la devanture d’un pub écossais et, à moins que seul le vert foncé de la peinture du pub n’ait parlé à celui qui a utilisé une bombe de peinture blanche ou que le personnel du pub n’ait fait quelque fâcheuse déclaration qui nous aurait échappée, le coupable aurait pu faire quelque recherche avant de s’en prendre à nos alliés.
À nos alliés écossais en général : ‘Sorry about the plonker![1]’
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