Exposition : Arman à la Villa Kérylos

            Si vous passez par Beaulieu-sur-Mer avant le 22 septembre 2024 et que vous appréciez l’art contemporain, la Villa Kérylos (qui fera l’objet de son propre article d’ici quelques semaines) abrite une exposition de l’artiste niçois Arman depuis le 19 mai.

            La villa est magnifique (si vous aimez aussi le classique et en particulier la Grèce) et quand vous prendrez votre billet, on vous proposera un audioguide gratuit ou un descriptif imprimé. Vous ne serez peut-être pas surpris de lire que nous avons opté pour la version papier, ce qui nous permet aujourd’hui de la partager avec vous :

 

            Voici certaines des œuvres :

Philémon et Baucis (1991)

 

Tête de David

            Lors de notre visite, nous avons entendu une visiteuse faire la remarque à une amie que les œuvres d’Arman exposées n’étaient pas dans le style habituel de cet artiste. Leur curiosité vous tentera peut-être.

Exposition : Cabu au musée Masséna

Nous avons l’impression d’avoir grandi avec les dessins de Cabu[1] autour de nous (c’est ce qui arrive quand on a grandi avec RécréA2 !).

Nous nous souvenons de l’horrible moment où la terrible nouvelle nous parvint (nous habitons tout près du lieu de la tragédie).

 

En visitant l’exposition « Vive le sport ! » au musée Masséna à Nice, nous avons regretté qu’il ne soit plus parmi nous afin de se moquer de l’organisation des jeux olympiques 2024 à Paris. Qu’aurait-il pensé des barrières qui encagent les piétons et des QR codes obligatoires pour traverser des ponts, marcher dans la rue, aller au travail ou tout simplement pour rentrer chez soi ? Son coup de patte et sa lucidité nous manquent cruellement.

 
 
 

Jusqu’au 22 septembre 2024, si vous passez par Nice, vous pouvez aller admirer certains de ses dessins ayant le sport pour sujet (et en profiter pour visiter le magnifique musée Masséna – certaines heures de visite relèvent du bain de foule, mais certains créneaux sont particulièrement calmes).

Si vous souhaitez en savoir plus sur Cabu, vous pouvez visiter son site officiel.

Pour l’Histoire, nous vous recommandons de prendre le temps de regarder le documentaire sur le n° 712 de Charlie Hebdo dont Cabu dessina la une (cliquez sur l’image afin d’avoir accès à la vidéo sur Vimeo). Les réalisateurs ont bien raison de dire, qu’après l’attentat, leurs images se transformèrent en document historique.


[1] : Jean Cabut, Châlons-sur-Marne (nommée à présent Châlons-en-Champagne, où il repose), 13 janvier 1938 – Paris, 7 janvier 2015.

 

 

Hue, dada !

            Quand on saute joyeusement la rubrique des sports dans les journaux (sauf la rubrique « sumo » de The Japan Times), on ne regarde pas forcément où sont prévues les épreuves diverses et variées des Jeux Olympiques 2024 - et comme nous en sommes encore à ronchonner parce que nous allons devoir traîner nos bagages dans le métro parce que nos bus habituels ne sont pas autorisés à traverser la Seine, nous n'avions pas regardé la liste des épreuves en banlieue.

            Apparemment, les épreuves équestres qui vont avoir lieu à Versailles seront dans les jardins du château. D’après le site officiel des jeux, le site de compétition devrait ressembler à ça :

 



 

            Du coup, lors de notre visite au château de Versailles, l’installation de l’aire olympique avait commencé (il nous faudra donc aller refaire quelques photos après le démontage des tribunes) :

 



 

            Il y a de nombreux chemins qui mènent à Versailles et vous trouverez les informations pratiques sur cette page https://www.chateauversailles.fr/preparer-ma-visite/informations-pratiques

 

            En raison des restrictions olympiques dans les jardins, il serait peut-être une bonne idée de planifier une partie de vos visites après le 15 septembre 2024 ; en revanche, nous vous conseillons de profiter, si vous le pouvez, des jardins musicaux et grandes eaux musicales. Si nous vous avons parlé de visites au pluriel, c’est parce qu’il nous semble impossible de tout voir en une journée – à moins d’arriver à l’ouverture et d’être marathonien, mais il serait vraiment dommage de ne pas profiter du château, des jardins, du parc et du domaine de Trianon (sans oublier qu’il y a bien d’autres choses à voir en ville).

            Soyez préparés pour des bains de foules dans la plupart des salles  :

 



 

            D'ailleurs la galerie des glaces ressemble aux couloirs de la station Châtelet aux heures de pointe... Soyez préparés psychologiquement. Mais il arrive quand même que certaines zones soient plus relativement plus calmes :

 




            Parfois, aussi, il suffit de bien viser dans certaines salles :

 



 

            N’oubliez pas d’admirer les murs :

 

 

            Les cheminées :

 

 

            Les plafonds :

 

 

            Ensuite, vous avez les jardins :

 


 


            Il y a tant à voir que vous comprendrez pourquoi nous vous disons qu'une unique visite est insuffisante pour tout voir.

Curiosités d'archives : Et (une partie de) la rue Henri de Cessole devint la rue Georges Doublet

Afin de compléter notre biographie de Georges Doublet, nous sommes allée aux Archives municipales de Nice afin de découvrir quand et comment la « rue Georges Doublet » vit le jour.

 

Pour rappel, Georges Doublet était un professeur de lettres classiques au lycée Masséna de Nice. Ce normalien, « agrégé des lettres » et membre de l’École française d’Athènes aurait dû faire sa carrière dans les musées d’Afrique du Nord si un mandarin à peine plus vieux que lui n’avait intrigué afin de le faire renvoyer (le coupable s’appelait René Ducoudray La Blanchère (1853-1896) ; il signait « R. de la Blanchère » et c’est encore souvent ainsi que son nom est mentionné). Doublet rentra en France, au Havre, où il épousa Éliza « Adèle » Hochet (ils auraient dû se marier à Tunis) et le couple partit pour Foix où Doublet eut son premier poste.

Ce fut à Foix, parce qu’il avait de petites classes et assez de temps pour lui, que Doublet commença à visiter les archives – et publier leur contenu. Il conserva cette habitude en arrivant à Nice où il fit le plus gros de sa carrière (nous lui devons des centaines de publications – ouvrages et articles).

Doublet se fit de nombreux amis à Nice et dans toute la région ; à tel point que la liste de ceux qui vinrent à son enterrement le jeudi 30 avril 1936 (le lendemain de sa mort) ressemble au bottin mondain et à l’élite des archives et sociétés savantes de la Côte d’Azur.

Doublet était un paléographe hors pair, un archiviste passionné et un infatigable écrivain.

 

Les anciens amis de Doublet jouèrent un rôle important dans la décision municipale de donner le nom de Doublet à une artère de la ville.

Selon les informations contenues dans le carton « 3 O 15/101 » aux archives municipales de Nice, carton relatif à la rue Georges Doublet et aux délibérations du conseil municipal à ce sujet, certaines société savantes plaidèrent en faveur d’une « rue Georges Doublet » dès 1938.

Le 14 décembre 1938, par exemple, l’Acadèmia Nissarda envoya une lettre à Jean Médecin (1890-1965), maire de Nice, afin de lui demander de donner le nom de Doublet à une rue de Nice. Le général Paul Toulorge (1862-1959) demanda la même chose au nom de la Société des Lettres, Sciences et Arts des Alpes-Maritimes le 17 décembre de la même année. Xavier Emanuel (1890-1975), qui était le chef de cabinet du maire et un proche des Doublet puisque ce fut lui qui déclara le décès de notre historien, envoya le 19 décembre 1938 un courrier à l’adjoint de Jean Médecin afin de lui transmettre les lettres des deux sociétés précédemment mentionnées, de l’informer que le maire était disposé à donner le nom de Doublet à une rue de la ville et de l’informer que la veuve de Doublet lui avait dit souhaiter voir l’avenue Stephen Liegeard, où ils avaient résidé pendant près de six ans, porter le nom de son défunt époux.

 

Les années passèrent.

 

Le conseil municipal de Nice délibéra le 21 avril 1950 au sujet de nouvelles dénominations de noms de rues (pour information, étaient aussi concernée « l’Armée du Rhin » [pour la « place Risso »], « Jean Bouin » [au « Stade du XVème Corps »] et « Maurice Maeterlinck » [pour une partie du « boulevard Carnot »]). L’arrêté ministériel date du 26 juillet et les arrêtés préfectoraux du 7 août.

Le texte des délibérations du 21 avril 1950 était le suivant : « Au cours de sa séance du 23 Mars 1950, la Commission des noms de rues a décidé; à la suite de diverses requêtes adressées à l’Administration Municipale, d’adopter les propositions suivantes : […] donner le nom de Georges DOUBLET, l’éminent historiographe de la Ville et du Comté de Nice à la partie de la rue Henry de Cessole, perpendiculaire au Boulevard de Cessole et de laisser subsister la rue Henry de Cessole pour la partie parallèle audit boulevard[…] ».

À l’époque, les résidents ne furent pas informés personnellement du changement de nom d’une partie de leur rue (les choses sont peut-être un peu mieux organisées aujourd’hui, car la même chose nous est arrivée et nous avons reçu un courrier nous informant du changement… mais pas des modalités afin de modifier nos papiers et références). D’ailleurs, la Société des Papeteries de la Gorge de Domène, au 13 et 15 de la rue Henry de Cessole envoya le 7 juin un courrier à Jean Médecin afin de savoir quel serait le nouveau nom de leur rue car de nouveaux imprimés devaient être faits. Le député-maire, Léon Teisseire (1907-1971), fit envoyer une réponse le 16 juin (en signalant que le nom ne serait officiel qu’après toutes les décisions légales et l’annonce faite au public par voie de presse).

 

Croquis contenu dans le carton « 3 O 15/101 » aux archives municipales de Nice qui illustre le changement de nom.

 

La notice biographique qui accompagnait le dossier est très complète et fut rédigée par l’excellente archiviste-archéologue, Armance Royer[1] (1907-1981).

Le 23 novembre 1950, Nice-Matin publia à nouveau un encart qui expliquait qui était Doublet et pourquoi il méritait d’avoir une rue à son nom à Nice (ce texte fut publié une première fois lorsque la municipalité mit la machine en route).

 

Alors que le maire, d’après le courrier d’Emanuel du 19 décembre 1938, était « d’avis qu’étant donné les services exceptionnels qu’a rendu M. Georges DOUBLET, pendant près de 40 ans à la Ville de Nice, on peut sans inconvénient enfreindre le règlement et donner son nom à une de nos rues », ce ne fut pourtant qu’en 1950 qu’une rue Georges Doublet vit le jour à Nice.

Normalement, officiellement, légalement, ce n’est que dix ans après la mort d’une personne que son nom peut être donné à une artère, mais, comme nous l’a fait remarquer un archiviste, il suffit que le mort soit cher à la population (ou aux politiques au pouvoir – et ce que voulait Jean Médecin, Jean Médecin l’obtenait) pour que la loi soit mise de côté et si personne ne conteste le nouveau nom au tribunal, tout va bien.

En 1936, Doublet, proche de Médecin qui lui avait demandé de mettre de l’ordre dans les archives de Nice, meurt.

En 1938, deux des plus importantes sociétés savantes de la région souhaitent voir une rue Georges Doublet en ville et Jean Médecin est favorable au projet, puis… le projet ne se réalise qu’en 1950.

Un fonctionnaire a-t-il fait appliquer la loi à la lettre ? C’est possible, mais curieux, d’autant plus que le maire était favorable à cette idée.

La guerre a-t-elle mis un frein à ce projet ? C’est une autre possibilité.

Il reste une autre possibilité : Adèle Doublet mourut en 1948 et elle n’était guère appréciée par certains de ces messieurs. En effet, Doublet épousa une femme que certains pensaient en dessous de lui, mais ce n’était pas parce qu’il était le fils d’un juge et qu’il avait hérité une petite fortune de sa mère qui était morte alors qu’il n’avait pas trois ans et qu’Adèle n’était que fruitière ; en fait, Adèle était mal vue par la bonne société parce qu’elle avait divorcé (c’était son mari qui avait demandé le divorce, mais ce fut Adèle qui eut à souffrir de cette décision – et parions que personne ne lui demandait ce qui s’était passé).

Pourtant, si Doublet, fervent catholique qui ne put donc pas se marier à l’église, décida d’épouser Adèle, c’est qu’elle était vraiment extraordinaire.

Espérons que ce fut vraiment la guerre qui empêcha le Niçois de donner le nom de Doublet à une de leurs rues, puisque Médecin était favorable au projet, il serait bien trop triste que la rue Georges Doublet n’ait vu le jour qu’en 1950 parce que sa veuve n’était alors plus parmi nous et que les officiels ne souhaitaient pas a


[1] : Incidemment, Doublet se serait sans doute entendu à merveille avec elle s’il avait vécu plus longtemps. Elle fit un travail extraordinaire aux Archives municipales de Nice. Ils ont travaillé ensemble en 1935 et 1936 pour Nice Historique sur l’article « La piraterie dans les eaux de Nice à la fin du XVe siècle, d’après des documents inédits des Archives municipales (en collaboration avec Mlle A. Royer) ».

Curiosités de musées : Antinoüs... et Hadrien [Musée de la Renaissance]

Une semaine après avoir (re)croisé Antinoüs (vers 111-130) au Louvre, nous l'avons cette fois-ci découvert dans un autre musée de la région parisienne : le musée national de la Renaissance au château d’Écouen - d'ailleurs, nous vous parlerons bientôt plus longuement de ce musée.

Dans la magnifique galerie de Psyché, au premier étage (salle 22), se trouvent notamment de somptueuses tapisseries.

Cette pièce d’apparat des appartements d’Henri II (1519-1559) est magnifique ; le pavement d’origine a été reconstitué en partie et peut être admiré dans la grande salle du Roi (salle 26). Ce fut le céramiste et faïencier rouennais Masséot (le petit Matthieu en dialecte local) Abaquesne (1500 ?-1564) qui réalisa ce pavement en 1542 ; son implication exacte dans les créations de la manufacture de faïence de Rouen est floue et il est  possible qu’il n’ait été que le directeur et coordinateur des céramistes de l’époque.

 

Pavement qui se trouvait à l’origine dans la galerie de Psyché

Cette galerie porte le nom de Psyché, car une série de vitraux, retraçant l’histoire de Psyché et d’Éros s’y trouvait jusqu’au XIXe siècle. En 1830, le duc de Bourbon les légua à son petit-neveu, le duc d’Aumale, qui fit alors aménager une galerie de Psyché… au château de Chantilly où ils se trouvent encore (https://chateaudechantilly.fr/collection/vitraux-de-lhistoire-de-psyche/). En voici un exemple :


Le récit qui inspira ces vitraux nous vient des Métamorphoses (aussi appelées L’Âne d’or) d’Apulée (124 ? – 180 ?). Ce que nous oublions souvent aujourd’hui, c’est que Lucius Apuleius (le « Lucius » est un peu tardif dans les manuscrits, mais quelques indices littéraires peuvent nous laisser penser qu’il s’agit bien de son prénom) est le premier récit à nous parler de la princesse Psyché. Son histoire, d’ailleurs, peut nous faire penser à un étrange mélange des trames de Cendrillon, La Belle et la Bête et La Belle au bois dormant – sans oublier des contes amazighs qui ont été récemment redécouverts (certainement (re)découverts par le reste du monde ; il est fort à parier que les populations autochtones d’Afrique du Nord se transmettaient cet héritage littéraire depuis la nuit des temps et ne l’ont jamais oublié). Étant donné qu’Apuleius était à moitié amazigh, son imaginaire à peut-être été inspiré par cette culture.

Oh ! Incidemment, nous connaissons ses origines mi-amazigh et mi-numide (« Seminumidam et Semigaetulum », [moitié numide et moitié gétule – « amazigh », à l’époque] De Magia – XXIV, 1) parce que son plaidoyer, intitulé De Magia, lorsqu’il dut se défendre de ne pas avoir ensorcelé sa riche épouse, Aemilia Pudentilla,  (la belle-famille d’un fils de la veuve s’offusquait de voir la fortune de cette dernière se détourner d’eux et ils encouragèrent certains de ses enfants et le frère de son premier mari à contester le mariage), nous est parvenu et nous savons donc que la défense d’Apuleius fut excellente – et victorieuse.

En plus des tapisseries gigantesques qui ornent aujourd’hui les murs, l’une des deux cheminées représente Diane et Actéon, l’autre Le Christ et la Samaritaine. Les sculptures sont superbes ; les autres cheminées du château sont, pour la grande majorité, peintes, comme il était de coutume à l’époque. Ce château est un magnifique exemple de la Renaissance, mais le Moyen Âge était tout aussi coloré et le cliché monochrome, sombre et sévère que séries et films nous présentent aujourd’hui est aux antipodes de la réalité (sur le sujet, nous vous recommandons le passionnant ouvrage de l’historienne Justine Breton : Un Moyen Âge en clair-obscur, Rabelais, 2023 et si elle revient faire une autre conférence au musée de Cluny, allez-y !). Voir cette réalité historique est un vrai bonheur.

La galerie de Psyché, quand Henri II y passait devait être une féérie de couleurs.

 



Cette salle en elle-même est déjà un délice, puis, au milieu de la galerie, près d’une fenêtre, vous trouvez un buste d’Antinoüs et, de l’autre côté de la fenêtre, un buste d’Hadrien (76-138).



 


Ces bustes sont en bronze, montés sur piédouche. Nous savons qu’ils étaient au Louvre au département des sculptures du Moyen Âge, de la Renaissance et des temps modernes et qu’ils sont en dépôt à Écouen depuis 1977, donc, dès l’ouverture du musée de la Renaissance.

En revanche, si nous savons qu’ils sont « d’après l’antique » et probablement fondu en France, le reste de leur histoire est un mystère. Même leur date de création est inconnue : leur fiche indique « 1500 / 1900 (XVIe siècle - XIXe siècle) », ce qui est assez vaste et comme ces bustes sont des copies, Royston Lambert ne nous est d’aucun secours.

Qui sait, lors d’une visite aux Archives nationales, peut-être trouverons-nous une piste afin d’élucider le mystère d’Écouen où Antinoüs et son impérial amant ont trouvé refuge dans un écrin ?

 

"Happy July 2nd!" ou pourquoi il faut parfois se méfier des dates historiques

Si vous êtes lecteurs de passage, voici ce qui est arrivé : au début de l’année, l’algorithme de YouTube m’a recommandé une vidéo de Max Miller, sans doute parce que j’avais déjà croisé son travail l’année dernière et que j’ai une tendance à regarder des vidéos de cuisine et des vidéos sur l’Histoire.

Max Miller apprécie les sections historiques de The Great British Bake Off[1] (le concept a été vendu dans le monde entier ; en France, vous connaissez cette émission sous le titre Le meilleur pâtissier)  - quand l’émission était encore sur la BBC et que Mel et Sue la présentaient.

Du coup, M. Miller a commencé à s’intéresser aux recettes de cuisine historiques et à l’Histoire de la cuisine. Il avait à peine lancé sa chaine sur YouTube quand les événements de 2020 nous ont tous assignés à résidence à l’échelle mondiale. Aujourd’hui, sa chaine est un succès planétaire, il a publié un livre de recettes et il en prépare un second.

Son succès s’explique par la qualité de son travail et sa passion pour l’Histoire qu’il communique à chaque vidéo.

Le présent article est rédigé dans le seul but de vous faire connaître son travail et si vous aimez la cuisine et l’Histoire, vous allez adorer chacune de ses vidéos. Chaque semaine (il poste une nouvelle vidéo chaque mardi), il nous présente une recette dans son contexte historique.

Afin de vous le présenter, nous aurions pu choisir « Debunking the Myths of Leonardo da Vinci – Armored Turnips [Brisons les mythes sur Léonard de Vinci - Navets blindés » où il démontre qu’il faut toujours remonter à la source d’une information, sinon le risque est de répéter une erreur ou un mensonge – bref, qu’il faut toujours faire ses devoirs/recherches].

La tentation de vous le présenter avec une vidéo qui nous explique que John Adams (Quincy [Massachusetts] 30 octobre 1735 – 4 juillet 1826) détestait le 4 juillet, non pas parce qu’il était contre une fête nationale pour les colonies britanniques aux Amériques fraîchement indépendantes, mais parce qu’il considérait que cette fête aurait dû avoir lieu le 2 juillet. Allez voir « A Dish for the First 4th of July… and Why It Should Be on the 2nd [Un Plat pour le premier 4 juillet… et pourquoi ce devrait être pour le 2 juillet]

  

et faites quelques découvertes. Même si votre anglais est un peu rouillé, les sous-titres de José Mendoza, qui est le mari de M. Miller, sont absolument impeccables et vous pouvez les faire traduire par votre navigateur, donc, pas d’excuses.

Le jour de la fête nationale américaine restera le 4 juillet, mais nous postons cet article le 2 juillet – pour John Adams.

Bonne(s) vidéo(s) !

Et bonne soupe de tortue !



[1] : La majuscule est de trop si l’on suit les règles de la Modern Language Association, mais je ne vais pas me lancer dans une leçon de grammaire.

Au feu les... soldats ! Vlà... le Louvre qui brûle !

Nous n’allons pas vous parler en détail de la Commune de Paris (18 mars-28 mai1871) – le sujet est bien trop vaste pour un seul article.

Nous n’allons pas non plus vous faire la liste de ce que nous avons perdu à cause des incendies de la Commune ; entre les archives (ce qui complique les recherches historiques et généalogiques), l’Hôtel de Ville, la Bibliothèque impériale et toutes les autres pertes, il nous faudrait écrire tout un livre (et le sujet est très mauvais pour notre pression artérielle).

            Nous allons vous parler d’une plaque commémorative qui se trouve au Louvre, au rez-de-chaussée de l’aile Denon en allant vers la Victoire de Samothrace :


            Mai 1871 fut particulièrement violent, culminant avec la Semaine sanglante (du dimanche 21 au 28).

Les Communards, dont le mouvement avait commencé en mars, souhaitaient l’indépendance des communes de France, une république plus égalitaire et – en avance sur leur temps – la séparation de l’Église et de l’État.

De leur côté, les Versaillais, menés par Adolphe Thiers (1797-1877), luttaient contre eux.

Les autres communes se désolidarisèrent de la cause des Communards, mais Paris poursuivit sa lutte.

Les répressions après la Commune demanderaient, elles aussi, un article beaucoup plus long, voire tout un livre.

 

            Focalisons-nous sur ce qui s’est passé au Louvre.

Déjà, le Louvre de l’époque est bien différent du Louvre d’aujourd’hui : l’organisation intérieure n’était pas la même et près de trois cents œuvres avaient été déplacées l’année précédente à cause de la guerre avec la Prusse (certaines furent envoyées à Brest, d’autres furent cachées à Paris).

Les Communards étaient conscients de la valeur des œuvres qui restaient au Louvre et le musée fut de nouveau ouvert au public le 17 avril.

Il semblerait d’ailleurs que les impardonnables incendies, qui mériteraient une recherche qui serait beaucoup trop longue pour le présent article, ne nous aient pas été rapportés de façon objective après la bataille (quelle surprise !). Les vainqueurs ont présenté les faits de façon à justifier leurs décisions (pendant les combats, puis au moment des reconstructions – ou destructions définitives). Nous avons perdu énormément des choses, mais pas autant que la propagande a voulu nous le faire croire après l’échec de la Commune.

Du côté des incendiaires, les choses étaient également compliquées.

Un poème de Victor Hugo (1802-1885), publié en 1872, semble nuancer les responsabilités et donner une autre perspective à cet épisode (la bibliothèque a effectivement brûlé et le bâtiment a été perdu, mais rien n’est simple dans cette histoire/Histoire) :

 

À qui la faute ?

Tu viens d'incendier la Bibliothèque ?

- Oui.
J'ai mis le feu là.

- Mais c'est un crime inouï !
Crime commis par toi contre toi-même, infâme !
Mais tu viens de tuer le rayon de ton âme !
C'est ton propre flambeau que tu viens de souffler !
Ce que ta rage impie et folle ose brûler,
C'est ton bien, ton trésor, ta dot, ton héritage
Le livre, hostile au maître, est à ton avantage.
Le livre a toujours pris fait et cause pour toi.
Une bibliothèque est un acte de foi
Des générations ténébreuses encore
Qui rendent dans la nuit témoignage à l'aurore.
Quoi! dans ce vénérable amas des vérités,
Dans ces chefs-d’œuvre pleins de foudre et de clartés,
Dans ce tombeau des temps devenu répertoire,
Dans les siècles, dans l'homme antique, dans l'histoire,
Dans le passé, leçon qu'épelle l'avenir,
Dans ce qui commença pour ne jamais finir,
Dans les poètes! quoi, dans ce gouffre des bibles,
Dans le divin monceau des Eschyles terribles,
Des Homères, des Jobs, debout sur l'horizon,
Dans Molière, Voltaire et Kant, dans la raison,
Tu jettes, misérable, une torche enflammée !
De tout l'esprit humain tu fais de la fumée !
As-tu donc oublié que ton libérateur,
C'est le livre ? Le livre est là sur la hauteur;
Il luit; parce qu'il brille et qu'il les illumine,
Il détruit l'échafaud, la guerre, la famine
Il parle, plus d'esclave et plus de paria.
Ouvre un livre. Platon, Milton, Beccaria.
Lis ces prophètes, Dante, ou Shakespeare, ou Corneille
L'âme immense qu'ils ont en eux, en toi s'éveille ;
Ébloui, tu te sens le même homme qu'eux tous ;
Tu deviens en lisant grave, pensif et doux ;
Tu sens dans ton esprit tous ces grands hommes croître,
Ils t'enseignent ainsi que l'aube éclaire un cloître
À mesure qu'il plonge en ton cœur plus avant,
Leur chaud rayon t'apaise et te fait plus vivant ;
Ton âme interrogée est prête à leur répondre ;
Tu te reconnais bon, puis meilleur; tu sens fondre,
Comme la neige au feu, ton orgueil, tes fureurs,
Le mal, les préjugés, les rois, les empereurs !
Car la science en l'homme arrive la première.
Puis vient la liberté. Toute cette lumière,
C'est à toi comprends donc, et c'est toi qui l'éteins !
Les buts rêvés par toi sont par le livre atteints.
Le livre en ta pensée entre, il défait en elle
Les liens que l'erreur à la vérité mêle,
Car toute conscience est un nœud gordien.
Il est ton médecin, ton guide, ton gardien.
Ta haine, il la guérit ; ta démence, il te l'ôte.
Voilà ce que tu perds, hélas, et par ta faute !
Le livre est ta richesse à toi ! c'est le savoir,
Le droit, la vérité, la vertu, le devoir,
Le progrès, la raison dissipant tout délire.
Et tu détruis cela, toi !

- Je ne sais pas lire.

 

            Le 24 mai 1871, donc, le Louvre faillit brûler. Des soldats « Versaillais » avaient été dépêchés sur Paris et c’était le 26e bataillon de chasseurs à pied qui était près du Louvre ce jour-là.

Ce bataillon était sous les ordres du commandant Marie Félicien René Martian de Bernardy de Sigoyer (Valence, 29 août 1824 – Paris, 25 mai 1871) ; il était chef de bataillon au 44e régiment d’infanterie quand il fut nommé, le 26 décembre 1870, commandant du 22e bataillon de marche (l’Historique du 26e bataillon de chasseurs à pied, publié en 1898 par la Librairie militaire de L. Baudoin à Paris, nous apprend qu’il ne put prendre sa fonction qu’à la fin janvier 71 à cause d’une grave blessure reçue au siège de Thionville). Le 22e fut dénommé le 25e avant d’être définitivement appelé « 26e » par décret du 30 janvier 71. Bernardy de Sigoyer commandait environ huit cents hommes. Après la signature de l’armistice, le 2 février, le bataillon est envoyé à Lille (20 février), puis à Roubaix (8 mars) où une grève d’ouvriers menace de dégénérer en émeute. Bernardy de Sigoyer réprima les ouvriers en cinq jours et son bataillon retourna à Lille.

 


Le commandant Martian de Bernardy de Sigoyer

(commande de l’agence de presse Meurisse en 1913,

accompagnée de la dernière lettre du commandant à son épouse)

 

Les hommes qui avaient été mobilisés pour la guerre furent libérés de leurs obligations militaires. Les trois cent onze hommes qui restaient au bataillon arrivèrent à Versailles le 31 mars.

Au début avril (du 8 au 14), le bataillon fut chargé de la protection du pont de Saint-Cloud (une compagnie de quatre-vingt hommes y est envoyée chaque jour). Le bataillon retourna à Sèvres, où il avait déjà séjourné ; là, il protégea la réparation du pont.

Le bataillon resta dans le secteur Sévres/Billancourt jusqu’au 21 mai, date à laquelle il aida à reprendre des bastions.

Au 22 mai, il se rendit au pont des Invalides, mais il se fit attaquer depuis les Tuileries (il parvint cependant à prendre d’assaut le Palais de l’Industrie).

L’ordre de se rendre aux Tuileries arriva le 24 mai. Voici ce que nous apprend l’Historique (pp. 15-20) :

 

« Le 24 mai, à 4 heures du matin, le bataillon reçoit l’ordre de se porter dans le jardin des Tuileries en suivant la terrasse du bord de l’eau et se maintenir dans cette position jusqu’à ce qu’un ordre nouveau lui trace l’itinéraire à suivre ». Un quart d’heure après, le bataillon était en marche. Le mouvement fut si rapide et mené avec un tel entrain, que de petits postes insurgés restés en observation près des Tuileries, furent enlevés. Le bataillon prit position derrière la barricade qui fermait le quai, près du pont de la Concorde, sur la terrasse du bord de l’eau. Là, il attendit les ordres qu’il devait recevoir. On était immobilisé en présence des incendies dont on était enveloppé de toutes parts. Le capitaine Lacombe* en profite pour aller seul faire une reconnaissance sur les quais, où il constate que le feu des Tuileries s’étend de proche en proche, que le musée du Louvre est menacé, et que « si on veut le sauver, il faut agir résolument, sans perdre une minute.

Le commandant n’hésite pas ; il se décide à n’obéir qu’à son initiative et prend immédiatement ses dispositions pour s’emparer du Louvre.

La place n’était pas bonne du haut d’une barricade placée près du Pont-Neuf, les fédérés balayaient les quais[1]. »

La 4e compagnie reçoit l’ordre de déblayer le terrain. M. le sous-lieutenant Crétin, de cette compagnie, part au pas de course avec sa section, débusque l’ennemi et le refoule jusqu’au Pont-Neuf.

La 2e section profite du mouvement offensif de la 1re pour s’emparer du Louvre, se porte aux fenêtres qui font face aux quais et, dans cette position, tient l’ennemi en respect.

« En même temps, le surplus du bataillon s’empresse, homme par homme et au pas de course, de se glisser le long des murailles pour arriver jusqu’à la porte vitrée qui donne accès dans la galerie des antiques. Le commandant est des premiers ; il fait enfoncer la porte à coups de crosses[2] . »

« Il ne s’agissait plus maintenant de combattre des révoltés, il fallait combattre l’incendie sans armes appropriées et le vaincre ; ce n’était point tâche facile. On fouille les caves, les chantiers où les ouvriers avaient abandonnés leurs outils ; tout ce qui peut servir, haches, pioches, marteaux, fut saisi avec empressement ; et la dernière compagnie, ayant à sa tête son capitaine, M. Lacombe, s’élance dans les escaliers, grimpe jusque sur les toits et, entre la salle des États et le pavillon La Trémouille, essaye de pratiquer une coupure. Le cœur ne manquait à personne, mais l’endroit n’était pas tenable, l’intensité de la chaleur, sinon les flammes, repoussait les travailleurs.

Le sergent Alazé dirigeait la 1re escouade, il fut forcé de reculer jusqu’en avant du pavillon Lesdiguières ; si celui-ci eût pris feu, le musée des tableaux, envahi par la grande galerie, eût flambé comme paille.

Pendant que la 1re compagnie s’efforçait d’isoler le Louvre, les quatre autres, gardées par leurs sentinelles, avaient déposé leurs fusils et, sous la direction des officiers, faisaient la chaîne depuis les prises d’eau jusque sur les toits, à l’aide de tous les récipients que l’on avait pu découvrir[3]. »

Trente hommes furent envoyés au pavillon Richelieu, où la bibliothèque embrasée était, de ce côté-là aussi, une menace pour le Louvre.

Sur ces entrefaites arrivèrent un détachement du 91e et un détachement des sapeurs-pompiers de Paris. Grâce à ce renfort, l’incendie fut maîtrisé et le bataillon put rejoindre la division, conformément aux ordres qu’il venait de recevoir. Vers 2 h. 1/2, il occupait la place du Châtelet.

Le Musée du Louvre était sauvé !

« Le 25 mai, après une nuit de repos bien gagnée, le 26e bataillon reprit sa marche en avant. Après avoir escaladé, sous le feu des insurgés, quelques barricades, dans la rue des Franc-bourgeois, il attaqua la place Royale, occupée en force par les fédérés.

La 1re et la 2e compagnie, sous le commandement du capitaine Lacombe, enlèvent, dans un brillant combat, la place Royale et toutes les rues qui y débouchent. Un poste avancé est immédiatement établi dans une maison du boulevard Beaumarchais, qui a vue sur la rue Amelot et le boulevard Richard-Lenoir.

Le général Daguerre, qui assistait à l’action, félicite les officiers et les chasseurs de leur conduite ; toute la brigade campe sous les arcades et sous les arbres de la place.

 

26 mai. Vers 2 heures du matin, le général Daguerre fit appeler le commandant de Sigoyer, que l’on chercha vainement et que l’on ne put découvrir. On s’inquiéta, on fouilla les maisons voisines, on interrogea les soldats et les sentinelles. À minuit, on avait vu le commandant se diriger seul vers la Bastille ; depuis lors il n’avait point reparu. À 5 heures , la brigade se porta vers la place de la Bastille ; à 8 heures, elle en était maitresse, et se forma près de la colonne de Juillet, pendant que le 26e bataillon, dont le capitaine Lacombe avait pris le commandement, et le 37e régiment d’infanterie de marche arrachaient aux insurgés les barricades qui formaient l’entrée du boulevard Richard-Lenoir ; à 9 heures, le corps du commandant de Sigoyer fut retrouvé près d’une maison incendiée, entre le boulevard Beaumarchais et la rue Jean-Beausire.

Ce fut un cri de douleur parmi les hommes du bataillon, qui adoraient leur commandant.

Le commandant de Sigoyer a dû être assommé d’un coup de crosse de fusil, son cadavre est resté là même où il a été frappé ; les débris enflammés d’une maison l’ont couvert, lui ont carbonisé une partie du corps et l’ont mutilé de telle sorte que l’on a pu, jusqu’à un certain point, croire qu’un supplice atroce lui avait été infligé. Après avoir été tué, il fut dévalisé[4]. »

À 5 heures du soir, grâce aux mouvements tournants qui s’opèrent sur les deux ailes de la brigade, la place de la Bastille est complètement dégagée.

Cette journée nous coûta neuf blessés, dont le lieutenant Gazeilles, qui s’était particulièrement fait remarquer par son énergie et son sang-froid.

Le capitaine Lacombe prend provisoirement le commandement du bataillon. »

 


Vue du Palais des Tuileries depuis le Louvre

 


L’incendie du 25 mai

 

Incidemment, le texte principalement cité par le rédacteur de l’Historique, Les Convulsions de Paris de l’académicien Maxime Du Camp (1822-1894), publié chez Hachette en 1879-1880, est consultable sur Gallica (Tome I - Les prisons pendant la Commune et Tome II - Épisodes de la Commune).

 

Le 26e bataillon et son commandant furent impressionnants et leur rapide action fut décisive dans le sauvetage du Louvre. Le gouvernement ne fut pas ingrat avec la famille du commandant, promulguant le 15 septembre 1871 une loi en faveur de sa veuve, qui, en plus de la pension à laquelle elle avait droit, reçut une pension viagère de deux mille francs, et de ses quatre enfants, qui reçurent une pension viagère de cinq cent francs et le droit « d’être élevé gratuitement dans les écoles de l’État ».

 

Le travail du personnel du Louvre doit également être salué, car ils furent un rempart face aux quelques illuminés et imbéciles qui s’attaquèrent à ce trésor national.

La seconde plaque commémorative nous parle de Léon Morand, Antoine Héron de Villefosse et d’Henri Barbet de Jouy.

Constant Léon Étienne Morand (Paris [ancien] XI, 30 mai 1825** – Asnières-sur-Seine, 18 mai 1909) était né au 6, quai des Orfèvres, au Palais de Justice (son père était employé de musée). Au début de sa carrière, il n’était que simple commis ; il fut ensuite économe et était agent comptable (depuis 1867). Le 1er octobre 1872, il fut promut chef de bureau et reçut la Légion d’honneur le lendemain.

Antoine Marie Albert Héron de Villefosse (Paris, 8 décembre 1845 – 15 juin 1919) avait été formé à l’École (impériale) des Chartes. Archiviste paléographe, spécialiste d’épigraphie latine, il était attaché au musée du Louvre au « département des antiques » (la sculpture grecque et romaine) depuis 1869. Contrairement à Morand, il ne reçut la Légion d’honneur qu’en 1874. En 1886, il devint conservateur du Louvre et il protégea encore le musée lors de la Grande Guerre ; il ne partit, à regret, à la retraite qu’en 1918.

 


Antoine Héron de Villefosse en 1876

 

Joseph-Henry Barbet de Jouy (Canteleu, 17 juillet 1812 – Paris, 26 mai 1896) était un archéologue et historien de l’art qui fut nommé conservateur du musée du Louvre (conservateur du musée des Souverains et des objets d'art du Moyen Âge et de la Renaissance à partir du 16 mars 1863), puis directeur des musées nationaux (à partir du 10 octobre 1871). Dès la déclaration de guerre et l’invasion prussienne, Barbet de Jouy resta au Louvre où il utilisait les gardiens afin d’assurer la sécurité des collections. Il poursuivit ses actions pendant la Commune avec l’aide du personnel du musée ; pendant cette période, il rédigea un journal que Maxime Du Camp put consulter (Barbet de Jouy refusa que son propre récit fut publié de son vivant).

 


Henry Barbet de Jouy

 

Le 24 mai, les soldats combattirent l’incendie, mais le personnel était là afin de protéger les œuvres. Bernardy de Sigoyer et Barbet de Jouy menèrent chacun leurs hommes et ce deux groupes méritent notre reconnaissance.



* : Il dirigeait la 1re compagnie.

[1] : Convulsions de Paris.

[2] : Rapport de la 4e Commission d’initiative parlementaire.

[3] : Convulsions de Paris.

[4] : Convulsions de Paris.

** : Ironiquement, il dut reconstituer son acte de naissance le 13 avril 1872 car l’original fut l’une des victimes des incendies de la Commune. L’acte nous apprend qu’en 1872, il résidait au Louvre et était « Chef de Bureau ». Il était en possession d’un extrait de naissance qui fut admis comme pièce à son dossier.