La villa Kérylos

En août dernier, nous vous avions parlé de la copie de l’aurige de Delphes qui se trouve à Beaulieu-sur-Mer à la Villa Kérylos, mais nous ne vous avons pas encore parlé de cette magnifique villa qui nous laisse imaginer à quoi ressemblait une riche maison grecque dans l’antiquité.

La villa Kérylos, qui doit son nom à l’alcyon, ou hirondelle de mer, qui est sensé être un bon présage, n’est pas une copie de villa grecque. Certes, il s’y trouve des copies d’œuvres antiques – principalement des statues, mais cette villa est une interprétation moderne de villa antique – comme si les Grecs de l’antiquité avaient bâti une demeure au début du XXe siècle.

L’homme qui fit construire cette demeure familiale était Théodore Reinach (Saint-Germain-en-Laye, 3 juillet 1860 – Paris XVI, 28 octobre 1928). À l’origine, la famille Reinach était des banquiers de Francfort ; installés en France, Théodore et ses frères furent trois figures importantes de la fin du XIXe siècle et du début du XXe.

Joseph Reinach (Paris [Ancien] II, 30 septembre 1856 – Paris VIII, 18 avril 1921) fut un juriste, un journaliste et un homme politique. Il travailla avec Léon Gambetta (1838-1882) et il fit tout son possible afin de défendre Alfred Dreyfus (1859-1935). Il fut l’un des fondateurs de la Ligue des droits de l’homme et du citoyen. Parce qu’il était juif, certains réactionnaires ne voyant pas plus loin que le bout de leurs préjugés lui mirent systématiquement des bâtons dans les roues tout au long de sa carrière politique.

Salomon Reinach (Saint-Germain-en-Laye, 29 août 1858 – Boulogne-Billancourt, 4 novembre 1932) fut, quant à lui, un helléniste et un archéologue ; après son agrégation de grammaire, il passa le concours de l’École d’Athènes. Il enseigna l’Histoire de l’art à l’École du Louvre et travailla au Musée de Saint-Germain, où il modernisa les techniques de conservation. Il fut, en fin de carrière, conservateur des Musées nationaux.

Les trois frère Reinach furent extraordinaires, mais Théodore fut celui qui fascina le plus. Dès le lycée, il collectionna les prix au concours général (il en remporta dix-neuf dans une demi-douzaine de matières). Il obtint, très jeune, un doctorat en droit et un en lettres.

Si Théodore Reinach fut d’abord avocat (dans les années 1880), il se fit aussi archéologue en Turquie et Grèce (dans la décennie suivante) et il fut même appelé en renfort par les membres de l’École française d’Athènes sur le site de Delphes où il les aida à déchiffrer certaines inscriptions du trésor des Athéniens (c’est ainsi qu’on lui doit la transcription d’un hymne à Apollon sur lequel Gabriel Fauré travailla[1]) – de là, il fut invité sur le site de Délos dont les fouilles durèrent de nombreuses années. Délos et la Grèce en général lui donnèrent certainement l’envie de faire construire une villa d’inspiration grecque.

Il était également compétent en numismatique, au point de donner un cours sur le sujet en Sorbonne ; dans la voisine École pratique des hautes études, il donna un cours sur l’histoire des religions.

Avant la Grande Guerre, Reinach se fit le champion d’une loi qui avait pour but de protéger les monuments nationaux.

Théodore Reinach se maria deux fois : avec Charlotte Hirsch-Kann (1863-1889), avec qui il eut deux filles, et avec Fanny Kann (1870-1917), avec qui il eut quatre fils.

Reinach ne pouvait imaginer les horreurs qui allaient frapper sa famille et sa villa (certains de ses descendants furent déportés à Drancy, puis Auschwitz où ils furent exterminés et ses archives et sa bibliothèque furent volés par la Gestapo) ; il fut inspiré de léguer la villa Kérylos à l’Institut de France en en conservant l’usufruit pour sa famille dont certains membres y habitèrent jusqu’en 1967, date à laquelle la villa devint un musée.

            Reinach demanda à l’architecte Élysée Emmanuel Pontremoli (Nice, 13 janvier 1865 – Paris VII, 22 juillet 1956) de lui construire la villa Kérylos. Pontremoli s’était tourné en premier vers la peinture à Nice, mais il monta à Paris étudier l’architecture aux Beaux-Arts. Premier prix de Rome en architecture, il passa plusieurs années en Italie, mais il visita aussi la Grèce et la Turquie. Le choisir afin de créer une villa moderne, mais d’inspiration grecque était une excellente idée.

            Le projet Kérylos commença en 1902 et fut terminé en 1908. Tout dans la villa fut imaginé par Reinach et Pontremoli : il y avait les murs à créer, mais la décoration, le jardin, la vaisselle, les meubles, les tissus, le piano… Tout. Tout fut créé pour la villa Kérylos avec le concours des meilleurs artistes et artisans de l’époque. L’inspiration première est grecque, mais tout comme dans l’antiquité, on trouve ici et là quelques influences méditerranéennes d’autres cultures (les trésors des musées furent utilisés afin d’inspirer les artistes).

Pontremoli fut particulièrement ingénieux car il existe des interrupteurs et des prises électriques, mais tout est dissimulé – comme on ne remarque pas le système de chauffage par des gaines d’air chaud (reliées à des chaudières au fioul). Remarquez, si on ne vit pas dans cette villa, il est difficile d’imaginer la modernité cachée dans ses murs – notamment dans les salles de bains où les équipements n’avaient absolument rien à envier à nos options modernes.

            Deux élèves de Pierre Puvis de Chavannes (1824-1898), Gustave Jaulmes (1873-1959), qui avait été d’abord élève en architecture aux Beaux-Arts et qui avait été appelé sur le chantier de la villa par Pontremoli, et Adrien Karbowsky (1855-1945), appelé en renfort par Jaulmes, furent notamment chargés de peindre les fresques de la villa.

Le sculpteur Paul Gasq (1860-1944) se vit confier certaines frises et décors.

L’ébéniste Louis Bettenfeld (1855-1930) réalisa, d’après des dessins de Pontremoli, le mobilier de la villa. Alors que les sols de la villa sont parfaitement plans, certaines tables ont trois pieds afin de rappeler les meubles antiques dont la stabilité sur des sols non carrelés dépendait de cette particularité.

L’argenterie fut créée par l’orfèvre Victor, dit Georges, Leverrier (1863-1946) dont la compagnie se trouvait à Paris au 30, boulevard Malesherbes. Quant à la vaisselle, elle fut créée par le céramiste Émile Lenoble (1875-1939) ; il n’imagina pas un service imitant des pièces de vaisselles grecques existantes, mais il reprit des motifs géométriques traditionnels (l’unique dessin, sur les assiettes, est une chèvre qui est inspirée par l’un des rares objets réellement antiques qui se trouvent à la villa Kérylos : la coupe Tyszkiewicz[2] qui est une pièce étrusque). En revanche, ses créations furent réalisées avec de la terre grecque et les mêmes types de pigments que ceux employés dans l’Antiquité.

Les dessins pour les tissus furent faits par Adrien Karbowsky ; la société d’Émile Noël les tissa et les broderies furent confiées aux ouvrières italiennes de la maison Ecochard à Lyon.

Le piano, dissimulé dans un meuble en citronnier, fut une concession de Reinach à la modernité afin de faire plaisir à son épouse ; l’extraordinaire instrument fut réalisé par la maison Pleyel.

 

Certains éléments du terrain où la villa fut construite furent conservés, notamment comme quelques arbres du jardin où des plantes méditerranéennes sont aujourd’hui accompagnées de descriptifs qui expliquent au visiteur leur signification dan le monde grec.

Une vue du jardin qui donne sur la baie

 Au bout du jardin, vers la plage Kérylos, au sous-sol de la villa, avec vue sur la mer, se trouve la galerie des antiques (qui n’existe que depuis 1999 grâce à une initiative du musée du Louvre) où des reproductions de statues classique ont été placées dans trois couloirs qui se suivent : la galerie du drapé féminin, la galerie en l’honneur d’Aphrodite et la galerie des dieux et athlètes.

La villa, elle, accueille le visiteur avec des mosaïques ; la première nous invite à nous réjouir (en grec, bien évidemment) : « XAIPE » et une famille de gallinacés (coq, poule, poussins) indique que la villa est le sanctuaire d’une famille. L’entrée, la « loge du portier » (θυρωρεῖον en grec), se veut bienveillante et chaleureuse ; les couleurs sont chaudes est on y trouve de discrets symboles de protection (incidemment, dans l’antiquité, le serpent était considéré comme le protecteur du foyer[3]).

L’entrée

« Solon »

            Alors qu’une magnifique statue de Solon (longtemps considérée comme représentant Sophocle), copie en plâtre de l’œuvre qui se trouve au palais du Latran à Rome, domine le visiteur dans l’avant-cour ou proauleion, sur la gauche, on peut se rendre dans les thermes de la villa, le balaneion ou naiadès. Pontremoli a dissimulé la robinetterie sous de discrètes grilles et sa création ressemble à un somptueux jacuzzi contemporain. Le bassin principal, en marbre tigré de Carrare, est énorme. Cet octogone élégant est profond d’un mètre ; nul doute que les Reinach devaient apprécier s’y délasser. Dans cette pièce tout est une ode à l’eau et aux nymphes.

            En sortant des thermes, on se dirige vers le péristyle dont les colonnes blanches sont en marbre de Carrare. Une délicate vasque rappelle encore l’importance de l’eau et un magnifique laurier rose agrémente l’espace où la lumière du soleil joue avec l’architecture et les plantes. Il semblerait que Reinach ait particulièrement apprécié cette pièce. Jaulmes et Karbowsky y ont peint des fresques tirées de sujets antiques et inspirées par les décors de vases qui se trouvent aux musées du Vatican, de Berlin et de Munich ; selon les instructions et désirs de Reinach lui-même, ils trouvèrent les thèmes dans un ouvrage allemand de 1902 que possédait Reinach sur les peintures sur vases grecques.

On admire sur le mur de droite la Mort de Talos, Apollon et Hermès se disputant la lyre, le Voyage d’Apollon au pays des Hyperboréens et Castor, Pollux et Médée. Le mur de gauche nous offre une Scène de sacrifice, les Préparatifs des noces de Pélops et d'Hippodamie, la Course de Pélops et le Retour d’Héphaïstos dans l’Olympe.

Jaulmes alla encore plus loin dans ses recherches et emprunta des motifs géométriques et végétaux trouvés sur des œuvres minoennes ou des Cyclades. Il poussa son art au point de recréer un technique antique pour ses fresques en utilisant un enduit avec un pourcentage de poudre de marbre où il utilisa ses mélanges de pigments, puis, quittant l’inspiration grecque, il employa une technique décrite par Vitruve (80 ?-15 ? avant JC) afin de protéger son travail (une fois l’enduit sec, une couche de cire chaude fut appliquée sur la surface et polie).

Le péristyle

 

Un des cadrans solaire de la villa

             Du péristyle, on va dans la bibliothèque qui est dédiée à Athéna (un buste de la déesse veille sur le lecteur. C’est là, aussi, que se trouve une reproduction de l’Aurige de Delphes (dont nous vous avons déjà parlé).

Cette pièce est à l’est et ses fenêtres laissent entrer la lumière dès les premiers rayons du soleil et lorsque le soleil n’est plus suffisant, un lustre qui est un réplique  de celui de Sainte-Sophie à Istanbul, qui était encore officiellement Constantinople lorsque la villa fut construite[4], prend le relai afin d’apporter la lumière au lecteur qui aurait plongé dans la lecture des livres précieux enrichissants des rayons des meubles de bibliothèque construits par Bettenfeld. Les autres meubles – buffets, tables, chaises – sont inspirés soit de l’Égypte, soit de découvertes faites à Herculanum en 1762.

 

Les livres dans leur écrin

 

Le lustre de la bibliothèque

Aujourd’hui protégés des visiteurs, quelques objets réellement antiques se trouvent dans la bibliothèque.

 

Buffet, table de travail et objets de la bibliothèque

Comme dans la plupart des pièces, nous marchons sur des mosaïques qui sont à motifs géométriques ou d’inspiration mythologique ; réalisées en marbres de tous le bassin méditerranéen, elles furent créées avec les mêmes techniques que les anciens.

Cette pièce nous offre une représentation d’Héra dans un hexagone.

 

Héra

Jaulmes et Karbowsky furent chargés de la décoration. Des frises en rouge, jaune et noir dessinent des motifs géométriques et végétaux. Dans des médaillons, on peut lire les noms de Thucydide, Platon, Aristote, Démosthène, Ménandre, Archimède, Homère, Hésiode, Archiloque, Sappho, Pindare, Eschyle, Sophocle, Hérodote, Euripide et Aristophane et sur les murs nord et sud, deux vers en grec se traduisent en « C'est ici qu'en compagnie des orateurs, des savants et des poètes des grecs, je me ménage une retraite paisible dans l'immortelle beauté ».

            De la bibliothèque, on passe dans l’amphityros où se trouve une reproduction de l’Athéna Lemnia par Phidias (490 ?-430 ? avant JC). Une vasque de marbre blanc permettait peut-être de se laver les mains avant de passer à table dans la pièce suivante. Ce vestibule relie également l’étage grâce à un élégant escalier :


            La salle à manger, ou triklinos (les « trois lits »), était pour Reinach et ses invités. La pièce était dédiée aux silènes, compagnons de Dionysos qui est, lui, honoré dans le salon familial. Les tables à trois pieds étaient accompagnées de lits tendus de lanières de cuir agrémentés de coussins. Les repas s’y prenaient couché – ce qui est un exercice périlleux quand on a une seule main pour gérer assiette et verre (espérons que Reinach faisait quelques sacrifices à l’authenticité – ou qu’il avait une cuisinière à qui il avait donné le livre de recettes d’Apicius (Romain gourmet et gourmant à qui on attribue un livre de cuisine dont la dégustation de certains plats est négociable d’une seule main).

Le triklinos en octogone au riche décor

            L’andrôn voisin est le salon des hommes où se trouve notamment une reproduction de statue équestre d’Alexandre. Cette immense pièce donne sur l’extérieur par ses fenêtres qui révèlent la délicatesse du mobilier :

 Le siège de Reinach

et par son ouverture sur le péristyle :


Les marbres sont splendides :


tout comme la pièce elle-même :


Au centre de la pièce, une mosaïque en labyrinthe nous rappelle Thésée et le Minotaure :

 

            Si l’andrôn est grand, le petit salon familial, l’oïkos, est plus chaleureux – et c’est là que se cache le précieux piano de Mme Reinach. C’est là qu’on admire l’Héraclès à la biche. La pièce, dédiée à Dionysos, est claire et lumineuse.

 

            Au premier étage, en haut de l’escalier dans le vestibule d’Hermès se trouve une reproduction d’une stèle du dieu.

Un long couloir relie le vestibule aux deux chambres principales.

La plus proche est celle de Mme Reinach, l’ornitès (« les oiseaux »), qui, déesse du mariage, de la fécondité et de la féminité oblige, est dédiée à Héra.

La chambre de Mme Reinach

            La salle de bain de Madame est la pièce suivante : l’ampélos. Pontremoli s’inspira peut-être d’éléments antiques, mais son étonnante douche avec trois types de jets (en pluie (kataxysma), normal (krounos) et en cercle (périkyklas) laisse rêveur pour une création du début du XXe siècle).

            Ensuite, le salon de Triptolème, qui doit son nom à la mosaïque qui décore cette salle de repos et qui représente le héros éponyme :

Triptolème sur son char (motif inspiré par une coupe conservée au Vatican)

Lustre et plafond de la salle de repos

             Viennent ensuite les « victoires », nikaï, la salle de bain de Monsieur avec sa baignoire en marbre de Carrare et les stucs d’inspiration romaine réalisés par Gasq au dessus d’elle. Cette pièce, parfois appelée salle de bain de la vigne a également des frises peintes par Jaulmes.

La baignoire aux pieds impressionnants

Si la chambre de Madame est dédiée à Héra, celle de Monsieur l’est à Éros. L’érotès, les « amours », est une pièce où domine le rouge pompéien qui rappelle le palais de Cnossos et où le dieu est représenté sur les fresques qui décorent la chambre. Le lit en bronze et bois semble protégé par d’imposantes colonnes :

 


S’il vous est impossible de vous rendre à Beaulieu-sur-Mer, vous pouvez faire une visite virtuelle de la villa. Ce n’est bien évidemment pas la même chose – il manquera le parfum des plantes du jardin et le doux bruit des vagues – mais c’est une porte de notre siècle vers cette petite merveille bâtie au siècle dernier.

 

Sources :

https://www.villakerylos.fr/

https://www.rivieraloisirs.com/activities/villa-kerylos-a-beaulieu-sur-mer/

https://wikitravel.org/fr/Villa_Grecque_Kérylos

https://fr.wikipedia.org/wiki/Villa_Kérylos

Françoise Reynier, « Archéologie, architecture et ébénisterie : les meubles de la villa Kérylos à Beaulieu-sur-Mer », dans In Situ 

Alain Pasquier, « La coupe de bronze de l'ancienne collection Tyszkiewicz (information) » dans les Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 144ᵉ année, N. 1, 2000. pp. 347-403.



[1] : Si vous le souhaitez, vous pouvez lire le texte sur Gallica ou vous pouvez l’écouter (en français) ici. Cette œuvre fut interprétée pour la première fois en 1864.

[2] : Michel Tyszkiewicz (1828-1897) était un extraordinaire collectionneur et archéologue qui fit de très nombreux dons au musée du Louvre. Certaines pièces de sa collection privée avaient été décrites dans des études archéologiques ; ce fut le cas en 1892 pour la coupe que Reinach acheta après la mort de Tyszkiewicz lors d’une vente aux enchères. La coupe se trouve toujours à la villa Kérylos. Si le sujet vous intéresse, d’autant plus que la localisation de cette coupe fut une sorte de mystère entre 1892 et 1981, vous pouvez consulter l’excellent article d’Alain Pasquier, « La coupe de bronze de l'ancienne collection Tyszkiewicz (information) » dans les Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 144ᵉ année, N. 1, 2000. pp. 347-403.

[3] : Le récent chantier mené à Pompéi a découvert un autel familial avec deux splendides serpents en relief.

[4] : Stamboul était un quartier de Constantinople et dès le Xe siècle, les habitants faisaient référence à leur ville en parlant et de « Constantinople » et de « Stamboul » - ou « Istanbul ». L’histoire de ces noms est fascinante.

 

Les appartements Napoléon III au Louvre

Le jour où nous avons visité l'exposition de la collectionTorlonia , les marbres antiques furent la dernière partie de notre visite.

En fait, nous étions allée au Louvre afin d’admirer le couple Marten Soolmans et Oopjen Coppit – les deux toiles de Rembrandt achetées conjointement par la France et la Hollande (Aile Richelieu, 2ème étage, salle 844), mais avant d’aller au rez-de-chaussée pour l’exposition Torlonia, nous sommes passée par les appartements Napoléon III (Aile Richelieu, 1er étage, salles 539 à 549) qui ont été restaurés à partir de septembre 2023 et sont de nouveau accessibles au public depuis juin 2024.

 

            Il n’est pas surprenant que ces salles aient eu besoin de quelques soins.

Créées entre 1858 et 1861 sur ordre de Napoléon III (1808-1873) pour son ministre Achille Fould (1800-1867), elles furent des appartements pour le ministre et le ministère d’État et ses salles de réception, puis devinrent le siège du ministère des Finances après les incendies de la Commune en 1871 dont ce ministère fut une des victimes.

Ce ministère occupa cet espace jusqu’en 1989.

La transformation de ces salles afin qu’elles puissent faire partie du musée du Louvre dura jusqu’à leur inauguration officielle en 1993.

 

            À l’origine, en 1858, l’architecte Hector Martin Lefuel (1810-1880) était à la tête du projet, mais tout avait commencé lorsque Napoléon III avait enfin mis en route le « grand dessein ».

Depuis le règne d’Henri IV (1553-1610), il était question de réunir le Louvre aux Tuileries et il y eut de très nombreux projets, mais ce ne fut que dans la seconde moitié du XIXe siècle que le chantier fut mis en route. Incidemment, il est heureux que certains de ces projets n’aient pas aboutis, car certains architectes avaient des projets fort jolis sur papier, mais fort destructeurs dans la réalité.

Ce fut Louis Visconti (1791-1853) qui fut chargé du projet – mais seulement pour des travaux au Louvre selon les ordres de l’Assemblée nationale en 1848.

Le coup d’état du 2 décembre 1851 changea tout et Napoléon III, président devenu empereur des Français, demanda immédiatement à Visconti de lui présenter un projet qui réunirait le Louvre aux Tuileries.

Les travaux commencèrent dès la fin juillet 1852, mais Visconti mourut le 29 décembre 1853. Napoléon III confia le chantier en cours à Lefuel – même si ce dernier ne fut officiellement nommé à la tête du projet qu’en 1855 car il était encore sur le chantier de la nouvelle salle de théâtre du château de Fontainebleau.

 

Le palais des Tuileries et l'arc de triomphe du Carrousel, vers 1865[1]

 

            Tout le chantier était encore en ébullition quand Lefuel se pencha, entre 1858 et 1861, sur la question de la décoration des onze pièces où Fould devrait vivre avec sa famille et travailler avec l’empereur et ses collaborateurs.

Il y avait les petits appartements pour la famille et les grands appartements pour le travail, les réceptions et les dîners d’état.

Dans les grands appartements, on trouve notamment une grande salle à manger avec une table pouvant accueillir jusqu’à quarante personnes.

 

La grande salle à manger

 

Il y a aussi le salon-théâtre, espace qui pouvait être transformé en véritable scène de théâtre et, si besoin était, il y avait même un espace caché pour des musiciens.

 

Le salon-théâtre (portrait de l’impératrice Eugénie (1826-1920) par Franz Xaver Winterhalter (1805-1873), fauteuils, canapé, indiscrets[2] et console)

 

Le salon-théâtre est séparé du Grand Salon par un rideau de scène et le Grand Salon pouvait être vidé de ses meubles afin d’accueillir deux cent soixante-cinq spectateurs. Cette pièce est magnifique ; le canapé central a été conçu afin d’avoir des plantes en son centre, de nombreux fauteuils – dont un certain nombre d’indiscrets – et de chaises se trouvent dans la pièce où tapis, sculptures, peintures et lustres (le lustre central est en cristal de Baccarat) témoignent encore aujourd’hui de certains fastes du Second empire.

 

Vue générale du Grand Salon


Détails du décor du Grand Salon

 

Petit lustre de cristal vu d’en dessous

 

Dans ces salles, tout est à admirer : les parquets, les tapis, le mobilier, les murs, les peintures (l’art du trompe-l’œil est partout présent), les cheminées, les lustres…

Les meilleurs artistes du temps participèrent à ce projet. Nous devons les sculptures à Louis Alphonse Tranchant (1822-?)[3], les peintures furent confiées à Charles-Raphaël Maréchal (1825-1888) pour le Grand Salon et Eugène Appert (1814-1867) pour la grande salle à manger[4], les plus grands bronzes furent réalisés par la fonderie Barbedienne, l’orfèvrerie fut sous la responsabilité du génial Charles Christofle (1805-1863) et les marbres sont de René Langlois[5] - pour ne citer qu’eux, mais il ne sont que quelques noms parmi toute une ruche d’artistes et d’artisans qui créèrent un magnifique écrin qui est parvenu jusqu’à nous.

 

            Aujourd’hui, grâce à quelques mécènes, les ateliers de métiers d’art du Louvre et le groupement de conservation-restauration Petit & Chatain ont pu travailler dans les appartements Napoléon III et restaurer ce qui devait l’être.

Le Grand Salon avait déjà été restauré en 2017, mais toutes les pièces ont été nettoyées et réparées cette fois-ci. Les fenêtres ont été remplacées afin de garantir de meilleures conditions de conservation – notamment pour le Grand Salon qui est très exposé au soleil.

Les appartements sont de nouveau accessibles au public.

 

            Si vous n’avez pas la possibilité de vous rendre au Louvre, le musée a mis en ligne une vidéo afin de vous faire visiter ces pièces en musique :


 

Si la restauration et le travail effectué vous intéressent, il existe une série de vidéos sur le sujet : 

Les appartements Napoléon III - Épisode 1 : L'histoire d'un décor prestigieux

 

Épisode 2 : L'art du trompe-l'oeil

 

Épisode 3 : Bois et dorures

 

Épisode 4 : Nouvelle mise en lumière

Épisode 5 : Velours et passementeries



[1] : Il est fascinant de voir que depuis 1871, date à laquelle nous avons perdu le palais des Tuileries à cause des incendies de la Commune, il y a eu plusieurs projets de reconstruction – plus ou moins sérieux. Aujourd’hui encore, certains parlent de reconstruire le palais perdu.

[2] : Ces curieux fauteuils sont la version à trois places des confidents.

[3] : Voici encore un artiste « disparu ». Il est né à Verneuil le 28 octobre 1822 et a épousé Sophie Gabrielle Duchenne à Montmartre le 28 décembre 1850. Il a donc travaillé sur le chantier du Louvre. Où et quand est-il mort ? Excellente question – dont la réponse nous échappe pour l’instant.

[4] : La commande fut faite le 31 décembre 1860 pour 6 000 francs, Appert fut intégralement payé le 5 mars 1861.

[5] : Ce marbrier qui travailla au tombeau de Napoléon Ier était peut-être né en 1801.

Expositions (à venir) : Musée de Cluny

            Du 19 novembre 2024 au 16 mars 2025 (certes, vous avez le temps de planifier une éventuelle visite, mais nous préférons vous prévenir avant leurs ouvertures), le musée de Cluny va nous présenter deux expositions en lien avec la prochaine réouverture de la cathédrale Notre-Dame à Paris : « Faire parler les pierres. Sculptures médiévales de Notre-Dame » et « Feuilleter Notre-Dame. Chefs-d'œuvre de la bibliothèque médiévale ».

 


            Au sujet de « Faire parler les pierres », le site du musée nous dit :

« Le musée de Cluny conserve une partie importante du décor médiéval sculpté de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Celles-ci n'avaient pas fait l'objet d'une étude approfondie depuis le début des années 1980. L’exposition "Faire parler les pierres. Sculptures médiévales de Notre-Dame" promet de renouveler la connaissance sur ces collections, en révélant les résultats de l’important programme d’étude et de restauration mené depuis 2022.

Aux œuvres habituellement présentées dans la salle des sculptures de Notre-Dame s’ajoutent dans l'exposition des pièces encore jamais montrées au public. Une sélection de fragments permet d’évoquer les corps disparus des statues colossales de la galerie des rois. Un dossier consacré à la statue d’Adam, chef-d’œuvre de la sculpture gothique, déroule son parcours mouvementé jusqu’à nos jours.

La scénographie restitue la disposition des fragments restaurés du portail Sainte-Anne et des linteaux du portail du Jugement dernier. Les traces de polychromie retrouvées de ces œuvres sont également mises en valeur. 

Cet événement est l’occasion de dévoiler pour la première fois au public une trentaine de fragments du jubé des années 1230 mis au jour lors des recherches archéologiques préventives conduites par l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) depuis le printemps 2022.

Près de 120 œuvres jalonnent le parcours du visiteur à la rencontre du décor sculpté extérieur et intérieur de Notre-Dame avant les destructions de l’époque moderne. Afin de contextualiser ces œuvres, des prêts issus de grandes institutions comme le musée du Louvre ou le musée Carnavalet - Histoire de Paris, du dépôt lapidaire de la cathédrale et de collections privées viennent approfondir le sujet.

Cette exposition restitue les résultats d'un ambitieux programme d’étude et de restauration conduit depuis près de trois années en partenariat avec le Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) et le Laboratoire de recherche des monuments historiques (LRMH).

L’exposition "Faire parler les pierres. Sculptures médiévales de Notre-Dame" est organisée par le musée de Cluny en partenariat exceptionnel avec l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives).

Elle bénéficie du label "Notre-Dame de Paris : vers la réouverture" coordonné par l'établissement public Rebâtir Notre-Dame, maître d'ouvrage du chantier de restauration. »

 


 

            Au sujet de « Feuilleter Notre-Dame », qui est une exposition en collaboration avec la BnF et les Archives nationales (entre autres), nous pouvons lire :

« L’histoire de Notre-Dame, ce n’est pas seulement celle de son célèbre édifice ; c’est aussi celle des livres, manuscrits et imprimés qui servaient au culte ou à l’étude.
Cette exposition offre un condensé de la richesse de la vie intellectuelle et artistique de la cathédrale au cours du Moyen Âge et de la multiplicité des centres d’intérêts de ses nombreux bienfaiteurs. Elle met également en valeur le rôle clé joué par le chapitre cathédral dans la gestion des livres et de la bibliothèque.

 

Le parcours rassemble une quarantaine de pièces, dont une trentaine de manuscrits médiévaux conservés au département des manuscrits et à la bibliothèque de l’Arsenal (BnF) et une dizaine de manuscrits, registres capitulaires et plan conservés dans d’autres institutions (Archives nationales, Archives historiques de l’archevêché). »

 

            Donc, comptez une heure pour chaque exposition, plus une ou deux dans le musée lui-même (en cas de coup de fatigue, il y a un adorable café au rez-de-chaussée avec de très jolies œuvres sur le musée). 

Bonne visite !

 

Louis François Bettenfeld (1855-1930)

            En écrivant, ici ou dans le cadre de nos recherches, nous essayons toujours de vous donner, chers lecteurs, un maximum d’informations sur les personnes que nous mentionnons. Il nous arrive parfois de ne pas trouver d’information (nous cherchons toujours où et quand Rose Maireau est morte, par exemple), mais il arrive aussi que nous plongions en généalogie afin d’élucider quelques mystères.

En cherchant des informations complémentaires sur la villa Kérylos (cet article ne saurait tarder), nous avons trouvé plusieurs mentions de l’ébéniste qui fut chargé de fabriquer le mobilier de la villa : « Louis-François Bettenfeld ».

Grace à l’excellent article de Françoise Reynier, « Archéologie, architecture et ébénisterie : les meubles de la villa Kérylos à Beaulieu-sur-Mer », dans In Situ (que vous pouvez lire ici), nous pouvons lire les informations suivantes : « Cet artisan peu connu est certainement Louis-François Bettenfeld, fils de l’ébéniste François Bettenfeld et d’Agnès Keller, né le 5 juin 1855 à Paris. Selon le Bottin de commerce, il était installé dans le Faubourg Saint-Antoine depuis 1891 et, en 1905, avait trois adresses voisines dans le même quartier. En 1920, il travaillait encore, avec ses fils. La mention ébéniste disparaît avant 1925, date à laquelle la recherche s’est limitée. » (Note de fin de chapitre n°3).

 

            La consultation en ligne aux Archives de Paris des tables décennales sur les XIe , XIIe (nous avions fait le pari qu’il était resté dans son quartier et le faubourg Saint-Antoine couvre une partie de ces deux quartiers) et du XIIIe (quand un adulte de ce faubourg meurt à l’hôpital, c’est plus souvent dans le XIIIe que dans le XXe – expérience familiale) nous a fait découvrir que Louis Bettenfeld nous a quitté (page 8 en bas, à droite) le 30 avril 1930, dans le XIe, chez lui, au 108, avenue Ledru-Rollin. L’employé des pompes funèbres de la maison Roblot du 9, place Voltaire (« Léon Blum », aujourd’hui, mais tout le monde appelle cette place « Voltaire », même ceux qui ne sont pas du quartier – c’est profondément injuste pour M. Blum, mais c’est l’habitude depuis… toujours) déclara, non pas qu’il était ébéniste, mais industriel. Nous apprenons aussi que son épouse, Marie Léontine Chenu, qui était pourtant plus jeune que lui, était déjà morte.

 

            Avant de nous tourner vers Marie Chenu, voyons ce que les actes reconstitués peuvent nous apprendre au sujet de Louis François (sans tiret ; il avait tout simplement deux prénoms – prénoms qu’il a peut-être utilisés tous les deux sur certains registres) Bettenfeld.

Les heureux parents de Louis – le premier d’une fratrie de sept garçons – étaient l’ébéniste François Bettenfeld (1826-1908) et la casquettière Anièce (corrigé par quelques officiers d’état civil en « Agnès » et d’ailleurs, elle se faisait appeler « Louise ») Keller (1828-1894), originaires de Lorraine.

Les archives antérieures à 1860 ayant été victimes des incendies de la Commune, Louis dut reconstituer son acte de naissance, non pas afin de constituer son dossier afin de pouvoir se marier en 1881, mais le 1er août 1872 tout simplement pour la reconstitution officielle des actes d’état civil selon la loi du 12 février 1872. En 1872, Louis habitait au 49, rue de Charonne.

Il était né au 54, rue Traversière, le 5 juin 1855. Selon le nouveau découpage de Paris, il était né dans le XIIe, mais cela correspondait à l’ancien VIIIe. Il fut baptisé à Sainte-Marguerite, rue Saint-Bernard, le 12 août.

 

            Le mariage de Louis et Marie est très intéressant : les bans furent publiés les dimanche 2 et 9 janvier 1881 et il n’y eut aucune opposition, mais il y a deux feuillets qui mentionnent leur mariage. À la page 13, la cérémonie qui aurait dû se dérouler le mercredi 19 est rayée, mais à la page 18 en date du jeudi 20, le mariage eut bien lieu en présence des quatre parents (d’autant plus que Marie était mineure).

Louis avait vingt-six ans, son père cinquante-cinq et ils étaient tous deux ébénistes, « Louise » Agnès avait cinquante ans et était « sans profession » (quand les officiers d’état civil ont commencé à écrire « ménagère », c’était toujours injuste et en dessous de la vérité, mais c’était un peu moins frustrant que de donner l’impression qu’une mère de sept enfants, femme d’artisan ne faisait rien dans la vie). Les Bettenfeld habitaient tous ensemble au 4, impasse Mortagne (entre le 39 et le 41 de la rue de Charonne).

Marie était née dans le XIe, le 29 septembre 1860 ; sa mère, Julie Célestine Viarmé (1825-1917), avait cinquante-cinq ans et son père, Nicolas Chenu (1817-1889), ébéniste lui aussi, avait soixante-trois ans. Les Chenu habitaient au 22, passage de la Bonne graine.

Le 10 janvier, Me Cherrier, notaire à Paris, avait enregistré le contrat de mariage des futurs époux.

Louis Viarmé, oncle de Marie qui avait déclaré sa naissance, était le premier témoin.

 

            Louis et Marie eurent deux fils : Marcel Nicolas et Robert Eugène.

Marcel vit le jour dans le XIe le 1er octobre 1882. Il fut sculpteur sur bois, puis architecte décorateur.

Selon son dossier militaire, il était blond aux yeux noir, avait un visage ovale et un menton rond et il mesurait 1,62 m. S’il fit son service militaire dans les Services auxiliaires, il se retrouva dans l’Infanterie en 1914 et se retrouva même à Verdun. Il fut nommé caporal le 21 mars 1916, sergent 23 septembre 16, et adjudant le 30 janvier 17. Il fut officier de réserve après guerre (lieutenant en 29), affecté à Dakar (Afrique-Occidentale française) en 25.

Dès 1901, il se rendit en Amérique du Sud ; il fut au Brésil en 14 et 25 selon l’armée, qui ignorait que le 8 décembre 1917, il épousa, en tant qu’ingénieur industriel, Carmen Silveira Saraiva au Brésil, où il émigra définitivement en 1941. Le couple eut une fille. Marcel mourut à Sao Paulo le 4 mars 1961.

Robert vit le jour à Fontenay-sous-Bois, le 26 août 1885.

Il était étudiant en 1906, lorsqu’il fit son service militaire dans l’infanterie au 31e régiment et il fut rappelé sous les drapeaux au début de la Grande Guerre dès le 1er août 1914 ; l’armée n’est pas certaine du jour où il est réellement mort (pendant la « campagne contre l’Allemagne » entre le 4 août et le 12 septembre), aussi fut-il décidé qu’il était « mort pour la France » le 6 septembre 1914. Il reçut une médaille militaire à titre posthume le 14 octobre 1920 selon l’annonce au Journal officiel. Son dossier militaire nous apprend qu’il était châtain aux yeux marron, avait un visage ovale et un menton rond et qu’il mesurait 1,49 m.

Marie était déjà morte (page 5, acte 2979) au début de la guerre : le 16 septembre 1913 au 108, avenue Ledru-Rollin. Le service eut lieu à Sainte-Marguerite, paroisse de la famille, et elle fut enterrée au cimetière de Vincennes.

Exposition : Souvenirs de jeunesse aux Beaux-Arts de Paris

            Entrer aux Beaux-Arts de Paris signifie que vous avez passé des épreuves qui vous ont permis d’y être admis.

            En ce moment et jusqu’au 12 janvier 2025, du mercredi au dimanche (de 13h à 19h et nocturne jusqu’à 21h le jeudi), vous pouvez aller au palais des Beaux-Arts, au 13, quai Malaquais dans le VIe arrondissement de Paris afin de visiter l’exposition Souvenirs de jeunesse - Entrer aux Beaux-Arts de Paris 1780 – 1980.

         La description de cette exposition est : « De David à Delacroix, de Cézanne à Matisse, d’Ellsworth Kelly à Gina Pane en passant par Hélène Delprat, Souvenirs de jeunesse est un voyage dans le temps sur deux siècles de 1780 à 1980, pendant lesquels les Beaux-Arts de Paris ont accueilli plusieurs dizaines de milliers d’aspirants-artistes. À travers plus de 260 œuvres et documents, l’exposition adopte le point de vue de la jeunesse, celui de jeunes hommes et femmes qui se trouvent au seuil de leur vocation artistique ». 

 Entrée de l’exposition

             Ce voyage de deux siècles nous transporte vers l’étincelle créatrice qui alimenta le génie de tant d’artistes que nous aimons.

L’exposition commence au 1er étage avec les travaux de 1780 ; les œuvres les plus récentes sont aux rez-de-chaussée.

Vous croiserez Auguste Gorguet (1862-1927) et son magnifique Un Berger, sous un hêtre épais, s’essaie sur son chalumeau – Mois de juin (nous cadrons toujours très mal, pardon !) :


ou Zélia Lenoir (1842-1919) qui nous a donné La Cour du Mûrier à l’École Impériale des Beaux-Arts de Paris en 1866 :

 

ou Edmée Larnaudie (1911-2002) et son Portrait de ma sœur dans l’atelier de Fernand Sabatté, qui se trouve normalement au musée Henri-Martin à Cahors :